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Qui allumera la mèche d’un conflit USA/Iran dans le détroit d’Ormuz ?


France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.


Publié par Gilles Munier sur 15 Mai 2019, 06:28am

Catégories : #Iran, #Trump, #Macron

Le détroit d’Ormuz

Revue de presse : France culture – La revue de presse internationale par Camille Magnard (13/05/2019)*

Quatre pétroliers ont été la cible d »opérations de sabotage dans le port émirati de Fujaïrah, laissant craindre un embrasement des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis dans cette région explosive. Les Etats-Unis menacent l’UE de représailles si les 27 concrétisent l’Europe de la Défense.

Des questions ce matin sur la sécurité dans le détroit d’Ormuz.

Nous sommes là dans l’une des régions du monde les plus sensibles du moment, où la moindre étincelle semble pouvoir donner prétexte à un embrasement au moins régional. C’est d’ailleurs le dossier de Une du magazine The Economist cette semaine titré « Les Etats-Unis et l’Iran sur une trajectoire de collision ».

Le détroit d’Ormuz, au débouché du Golfe persique, entre la péninsule arabique et l’Iran, c’est le passage obligé pour un tiers du commerce mondial de pétrole, mais c’est aussi le premier terrain de confrontation, quand les tensions s’enveniment entre Téhéran et Washington. Et c »est indubitablement le cas en ce moment, avec le porte-avion américain Lincoln qui fait route vers la région. C’est lui, en photo, qui illustre d’ailleurs la Une de The Economist.

Le magazine britannique voit ses craintes prendre corps avec ce qui s’est passé hier dans le fameux détroit, au large des Emirats Arabes Unis et de leur port pétrolier de Fujaïrah hier matin : selon le journal en ligne émirati The National, quatre navires y ont été victimes d’opérations de sabotage. Et c’est à peine si l’on en sait plus, tant les autorités locales semblent réticentes à en dire plus.

En fait, les Emiratis avaient d’abord tout nié en bloc, dimanche matin, quand les premières infos révélées par des médias libanais et russes (plutôt pro-iraniens donc) parlaient d’explosions, d’incendies sur le port pétrolier, d’avions de chasse américains et français qui survolaient la zone… Tout ça est donc à prendre avec énormément de précautions, redit The National : les autorités portuaires ne confirment que des « actes de sabotage » sans en dire plus, sur quatre navires marchands (et entre temps l’Arabie saoudite a fait confirmer que deux de ces bateaux étaient des pétroliers saoudiens).

A Abou Dhabi comme à Riyad, ont se borne à condamner « une dangereuse tentative de fragiliser le commerce maritime dans la région »… mais il n’en reste pas moins que de voir des pétroliers pris pour cible dans une des régions les plus sensibles et les plus surveillées au monde, c’est suffisamment rare pour éveiller l’attention.

D’autant plus que l’équilibre de toute la région est particulièrement instable depuis quelques jours.

The Times, à Londres, nous fait le résumé des épisodes de la semaine dernière : les Iraniens ont menacé de sortir à leur tour du traité international sur leur programme nucléaire ; les Etats-Unis ont renforcées leurs sanctions contre les exportations justement de pétrole iranien. Les tensions sont au plus vif et l’incident d’hier dans le port de Fujairah vient encore envenimer la situation.

L’iranienne Press TV en profite pour nous rappeler, que, selon ses informations qui cette fois n’ont pas été confirmées de source saoudienne, il y avait eu la semaine dernière une série de puissantes explosions sr le port pétrolier de Yanbu, en Arabie Saoudite. Il y aurait donc apparemment « quelqu’un » qui s’en prendrait aux intérêts saoudiens dans la région, en visant spécifiquement le commerce du pétrole. Le fait est aussi, que ce sont les médias pro-Iraniens qui en parlent le plus, quitte à en rajouter dans la dramatisation…

Ca correspond d’ailleurs bien avec l’escalade verbale elle aussi en cours : Al Jazeera cite un commandant des Gardiens iraniens de la Révolution, selon qui le porte-avion USS Lincoln, envoyé sur zone par Washington pour « adresser un message fort à l’Iran », n’est « pas une menace, mais bien une cible » pour Téhéran.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, vient de son côté d’annoncer qu’il se rendra aujourd’hui à Bruxelles, en urgence, pour discuter avec les européens de la crise avec l’Iran.Un peu comme si l’on assistait à un grand concours de pyromanes au-dessus d’un baril de pétrole.

Alors que Mike Pompeo se rend à Bruxelles, le quotidien espagnol El Pais nous donne un aperçu de la manière dont les Américains parlent aux Européens dans les coulisses du dialogue diplomatique.

El Pais affirme s’être procurée une lettre, en date du 1er mai, dans laquelle le Sécrétariat américain à la Défense multiplie les menaces, plus ou moins voilées, contre les vélléités euopéennes de bâtir une défense commune.

Le Pentagone ne décolère pas après le vote au Parlement de Strasbourg le 18 avril qui a créé le Fonds Européen de la Défense et l’a doté de 13 milliards d’euros. Ce fonds est présenté comme une première étape en vue de doter l’UE de moyens de se défendre par elle-même… et c’est justement cette volonté affichée d’indépendance stratégique qui irrite et inquiête les Américains, confirme El Pais après avoir lue la fameuse lettre. Les 27 y sont accusés de « mettre en péril des décennies de partenariat transatlantique en matière de production d’armes, et de coopération militaire », en clair de menacer l’existence-même de l’OTAN.

Si d’aventures les Européens devaient poursuivre dans cette voie, le Pentagone les menace donc de représailles politiques et commerciales : l’auteur de la lettre, la sous-secrétaire à la Défense Ellen Lord, est une ex-femme d’affaires qui a fait fortune dans le puissant lobby de l’armement aux Etats-Unis, et elle prend soin de rappeller les montants des plus importants contrats passés ces dernières années entre des marchands d’armes américains et des entreprises européennes, manière de dire à demi-mots que ces contrats pourraient être remis en cause si d’aventure les 27 persistaient dans leur volonté d’indépendance militaire.

On est donc clairement passé, côté américain, dans le registre de l’intimidation. Pour l’expert en géostratégie Luis Simon, cité par El Pais, c’est le Brexit qui a achevé d’inquiéter le Pentagone : jusque-là, ave le Royaume-Uni dans l’UE, les Américains savaient qu’ils n’avaient rien à craindre d’une Europe de la Défense puisque Londres y mettait systématiquement son véto. Désormais, avec le rapprochement opéré entre Paris et Berlin, les projets européens semble pris au sérieux et Washington qui se sent menacé répond par la menace.

*Source : France culture

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