Les sionistes ne sauraient garantir la constance de la relation privilégiée entre l’Empire et l’entité sioniste.
juin 28, 2012
Les affairistes cyniques et les marchands de l’armement, les officines sionistes et les média-menteurs ne sauraient garantir ad vitam aeternam la constance de la relation privilégiée entre l’Empire et l’entité sioniste.
Thami BOUHMOUCH
Mercredi 27 Juin 2012
« Celui qui voit un problème et qui ne fait rien, fait partie du problème » M. Ghandi
Depuis le partage de la Palestine imposé en 1947 par l’ONU (pressurée par les États-Unis), l’entité sioniste n’a cessé de terrifier les Palestiniens, de les emprisonner (souvent sans procès), de les diaboliser, d’anéantir leur patrimoine culturel, de les exproprier, de détruire leurs champs, de les assassiner – cela à portée du regard du monde entier. Dans les prisons de l’occupant, les conditions de détention sont épouvantables : les détenus palestiniens n’ont pas droit à un avocat ; ils sont violés à l’aide de matraques, privés de sommeil, torturés avec beaucoup de cruauté (et de plaisir)… Les enfants n’échappent pas à la barbarie : une vingtaine par jour sont trainés devant la Cour militaire de « Ofer ». « Les arrestations sont effectuées au milieu de la nuit, généralement sur simple dénonciation de quelqu’un qui n’est souvent qu’un enfant lui-même »… (1)
La politique d’apartheid, désormais banalisée, est une humiliation quotidienne. Les Palestiniens survivent dans des « bantoustans isolés, entourés de murs menaçants, de tireurs d’élite embusqués, de checkpoints, de routes réservées aux colons et de constructions incessantes de colonies juives sur la terre confisquée ». (2) Jamais dans l’histoire humaine, une force d’occupation n’a été aussi fasciste, aussi meurtrière. Jamais on n’a vu autant d’arrogance.
Les chefs sionistes sont des êtres pervers qui ont perdu le sens des réalités. Leurs extravagances criminelles, au mépris du droit international, ont porté la violence à son paroxysme au cœur de la société palestinienne, ont fini par ruiner la paix au Moyen-Orient. Alice Walker, auteur du roman « Couleur pourpre » (qui a refusé que celui-ci soit publié en Israël), affirme que la politique israélienne est pire que la ségrégation qu’elle avait subie jadis en tant que noire américaine et pire que le système d’apartheid qui a sévi en Afrique du Sud. (3)
Comment se fait-il que des malfrats ayant commis des crimes monstrueux, tout à fait établis et pendant tant d’années contre une population civile sans défense, réussissent encore à se faire passer pour des victimes ? Comment peut-on croire au spectre du « rejet à la mer » et aux « pogroms d’extermination » par des roquettes artisanales ? Applaudir et soutenir des êtres sanguinaires (Sharon, Lieberman, etc.), les recevoir avec tous les honneurs est extrêmement dangereux. L’incroyable lâcheté/complicité affichée par les maîtres du monde est inconcevable autant qu’insupportable.
L’appui fanatique de Washington
L’ État juif, d’aucuns aujourd’hui le considèrent comme la menace la plus immédiate pour l’avenir de la planète. Qu’importe, il est aux anges : les chancelleries occidentales soutiennent ses visées hégémoniques et le Conseil de Sécurité, faisant preuve d’une irresponsabilité abyssale, lui permet d’accroître sa puissance nucléaire loin de tout contrôle…
Il y a bien sûr l’appui silencieux de l’Europe, mais il y a surtout le soutien actif et fanatique de l’allié étasunien. La politisation et la militarisation extrêmes du sionisme n’ont été possibles que grâce à ce soutien. Elles n’auraient pas été possibles sans l’appui énergique de la diaspora juive américaine, dont le pouvoir et l’influence se sont développés d’une manière phénoménale après la Seconde Guerre. Le lobby juif – nettement et notoirement israélien – est l’un des lobbies les plus imposants. Il fait partie intégrante du champ politique aux États-Unis. Près de trois quarts des membres du Congrès assistent à la conférence annuelle de l’Aipac. Mark Twain a dit un jour que ces individus étaient « les esprits les plus petits […] et les cœurs les plus lâches que Dieu ait faits ». (4)
Les fameuses « négociations » avec les Israéliens sont une mascarade à couper le souffle. Les Barak, Olmert et Livni ont demandé toujours plus. La mise en scène se répète à l’infini. Il va sans dire qu’un peuple affaibli, dépossédé de tout, trahi par tous, ne peut pas négocier avec un occupant surpuissant. Les documents divulgués l’an dernier par Wikileaks montrent le mépris total de l’intervenant étasunien pour les demandes palestiniennes et son impuissance absolue à obtenir du protagoniste sioniste la moindre concession. Le fait que Washington, en tant que « médiateur », soit à la fois juge et partie montre déjà l’ampleur de la mystification.
On comprend dès lors que le travail de nettoyage ethnique en Palestine se poursuive sans aucune retenue ni contrainte. « Obama nous apprend que la sixième armée au monde – qui fabrique ses avions, ses drones, ses canons, ses satellites ses bombes atomiques – doit pouvoir et a le droit de se défendre contre des guerriers qui en sont encore aux arbalètes. Outre ses moyens propres, la communauté internationale veillera sur elle ». (5) Voilà où nous en sommes.
Un jour, l’ONU parvient à présenter une résolution contre les colonies. Que fait alors l’Empereur Obama ? Par automatisme et sans aucun scrupule, il oppose son veto, dit oui à la spoliation effrénée… Devant l’Aipac, il déclare sagement que les Étasuniens partagent les mêmes valeurs avec l’État juif. Quelles valeurs ?… Et voilà que l’Histoire nous rappelle que les États-Unis sont une société de colons. Des colons qui ont exterminé les Amérindiens, méthodiquement et sur une longue période. « Le colonialisme de peuplement c’est ce qu’il y a de pire comme impérialisme, le genre le plus sauvage parce qu’il requiert l’élimination de la population indigène. Ce n’est pas sans relation, je crois, avec le soutien automatique des États-Unis à Israël, qui est aussi une société coloniale. La politique d’Israël d’une certaine façon fait écho à l’histoire étasunienne, en est une réplique ». (6)
Les États-Unis sont dans le fond une société raciste. Ce ne sont pas leurs soldats qui urinaient sur les cadavres de talibans en Afghanistan, qui se faisaient photographier à côté de cadavres d’Irakiens (pour le souvenir, pour montrer aux copains) ? Aujourd’hui, des touristes étasuniens affluent vers le camp de Gush Etzion, en Cisjordanie occupée, pour suivre des cours sur l’assassinat et la liquidation de « terroristes ». Ils vivent pour un temps l’excitation de l’extrémisme hébreu, assimilent « les valeurs du sionisme » et obtiennent un diplôme ! (7)
Le soutien inconditionnel à Israël s’explique, de plus, par le caractère profondément religieux de la société étasunienne, par l’idée bien incrustée dans les esprits de « la terre promise par Dieu à Israël ». Les chrétiens sionistes ont joué un rôle clé dans la prééminence accordée historiquement à Israël par le pouvoir. Et l’on notera que « le sionisme chrétien précède le sionisme juif et il est beaucoup plus puissant ». (8)
Ces brèves considérations montrent que le problème ne se limite pas aux décideurs : « le meurtre d’une nation par Israël, prévient Chomsky, est aussi commis de nos mains ». (9) Car la responsabilité des destructions et des crimes perpétrés en Palestine (comme en Irak, en Afghanistan, en Libye) repose sur les dirigeants au pouvoir autant que sur ceux qui adhèrent à leur politique. Les citoyens américains ne sont pas innocents : ils paient des impôts et acceptent tacitement le financement des crimes sionistes. Ils sont bel et bien impliqués dans l’action des politiques qu’ils ont élus. S’il est certain que ceux-ci ont trahi les Palestiniens, la société civile devrait normalement prendre la relève.
L’ Europe : le crime du silence
L’ État hébreu, doté d’une quantité excessive d’armes, est assuré en plus du soutien inconditionnel des Européens. Un tel soutien peut s’expliquer par les intérêts économiques ou/et par le sentiment de culpabilité découlant des histoires martelées sur « l’holocauste ». Il s’explique surtout par l’influence pesante et sans-gêne de Washington.
L’ Apartheid fait partie des infractions visées par le Statut de Rome, mais jamais les représentants de l’Union européenne n’ont pris position contre l’apartheid israélien et son renforcement. L’accord d’association UE-Israël, foncièrement contre nature, comprend une clause formelle sur le respect des droits de l’homme. « L’UE a l’obligation d’invoquer cette clause et de punir Israël si nécessaire quand il dépasse les limites. Pour moi le problème est la lâcheté de nos politiciens qui n’ont pas la volonté politique d’affronter le pouvoir hégémonique des Étasuniens ou des Israéliens dans les affaires internationales ». (10)
L’ Europe prête le flanc à toutes les fourberies. Par exemple, en Grande-Bretagne, le Fonds National Juif (JNF) se présente comme une association écologique qui œuvre pour le reboisement des terres en Palestine, alors qu’il est en réalité « un auxiliaire de l’État d’Israël, spécialisé dans le vol de terres palestiniennes ».
Grâce au statut caritatif qu’il a acquis, le JNF parvient à recueillir de l’argent « sur le dos des contribuables britanniques ». Un membre des Verts, affirme : « Le JNF est un outil majeur de l’apartheid et du nettoyage ethnique palestinien, qui opère de manière para-étatique sur l’administration des terres ». (11)
Manifestement, l’entité sioniste sous-traite sa politique aux États européens. Elle profite depuis longtemps et sans vergogne de leur complicité (au moins de leur silence). Ceux-ci, à n’en pas douter, devraient rendre des comptes pour une telle collaboration. L’assentiment qui accueille les forfaits commis à répétition est une forme extrêmement grave d’entente criminelle ; il révèle aussi la faillite morale du monde « civilisé ».
En France, le gouvernement, en se livrant à un odieux chantage à l’antisémitisme, encourage l’occupation et les visées hégémoniques de l’État juif. Les intellectuels qui soutiennent le peuple palestinien se font insulter. Il y a un an, les 400 élus qui ont soutenu la flottille de solidarité turque ont été « nommément traités de collabos et comparés à ceux qui dénonçaient les Juifs pendant la 2ème guerre mondiale ». (12) Récemment, ceux qui ont appelé au boycott d’Israël (campagne BDS) ont été accusés de provocation, de discrimination et d’incitation à la violence. Personne ne s’est indigné des appels au boycott du Mexique, de la Chine, de la Syrie… Seul le boycott d’Israël constituerait une « discrimination contre une nation ».
Les énergumènes de la Ligue de Défense Juive ont la double nationalité, agressent et blessent des citoyens, saccagent des locaux (Librairie Résistances à Paris), recrutent sur leur site des tueurs « pour aller casser du Palestinien en Cisjordanie, s’entraînent militairement dans les locaux connus de la police française »… (13) C’est évidemment très grave, mais personne ne s’en offusque.
Aucun pays n’échappe aux intimidations des sionistes, surtout s’il est faible. Ainsi, en été dernier, la Grèce a été acculée à renoncer à son soutien à la flottille humanitaire pour Gaza. Prise en tenaille, elle a été menacée d’annulation du projet de construction d’un pipeline de gaz en Méditerranée. « Il y a un soutien public énorme pour la flottille mais le gouvernement est violemment pressuré par les Israéliens… Israël va tenter de détruire l’économie grecque s’ils laissent la flottille sortir des ports grecs ». (14) Cela fait penser à la Turquie : il suffirait de brandir le chantage sur l’Arménie pour que son gouvernement perde sa dignité sans la moindre résistance.
Pays arabes : apathie et complicité
L’Égypte, une dictature brutale, était fermement soutenue par les Étasuniens, en raison de son dévouement à « maintenir la stabilité » au Moyen-Orient. Pour les chefs sionistes, le pays voisin idéal est celui qui est dirigé par un autocrate docile. La disparition aujourd’hui de Moubarak n’est pas pour les réjouir. C’est grâce au soutien servile de ce collabo sans scrupules que la politique de nettoyage ethnique et le blocus de la bande de Gaza ont été rendus possibles.
Le jargon utilisé est particulièrement révélateur des obsessions de l’Empire. Les termes « stabilité » et « modération » ne désignent rien d’autre qu’une orientation pro-israélienne. Lorsqu’on entend que les États-Unis veulent « renforcer l’engagement de la Jordanie en faveur de la paix, la stabilité, la modération et la lutte contre le terrorisme », il faut comprendre : « en faveur de la soumission totale aux intérêts sécuritaires d’Israël et contre la lutte héroïque des Palestiniens ». (15)
Que dire de l’Arabie saoudite, le second allié majeur des Étasuniens (après Israël) ? Le seul souci de la dynastie wahhabite est de se maintenir au pouvoir et cela est garanti par Washington. A ce titre, K. Christison écrit : « Les USA ont réussi à endiguer toute velléité saoudienne de défendre les Palestiniens et les ont convaincus de s’aligner au moins implicitement sur Israël dans la plupart des cas, comme pendant l’attaque du Liban en 2006 ou pendant l’assaut contre Gaza de 2008-2009, ou en ce qui concerne la menace supposée que représente l’Iran. Le temps où les Saoudiens en voulaient aux USA de leur soutien à Israël pour déclarer un embargo pétrolier comme en 1973, est depuis longtemps révolu ». (16)
Le Qatar, quant à lui, a été le premier des États du Golfe à établir des relations avec l’entité sioniste. Il agit en étroite collaboration avec les États-Unis pour appuyer à fond leur mainmise sur la région. Actuellement, il joue le rôle du porte-monnaie dans lequel les conspirateurs occidentaux se servent sans vergogne pour financer les attaques meurtrières contre la Syrie.
Alors les questions latentes et inévitables se posent. En acquiesçant à l’hégémonie sioniste, l’Occident américano-centré ne favorise-t-il pas les menées les plus préjudiciables pour l’État qu’il couve ? En incitant cet État créé de toutes pièces à l’aveuglement et à la rigidité, en lui faisant croire qu’il peut continuer indéfiniment sur la voie de la démesure, ne le destine-t-il pas en fin de parcours à faire face à son propre sort ?
Les affairistes cyniques et les marchands de l’armement, les officines sionistes et les média-menteurs ne sauraient garantir ad vitam-aeternam la constance de la relation privilégiée entre l’Empire et l’entité sioniste. « Et même si cette relation se poursuit un certain temps, sa base est maintenant beaucoup plus fragile. Si on considère, à l’autre bout de l’échiquier, les persistantes puissances régionales anti-étasuniennes [… et] le renversement des derniers dictateurs pro-étasuniens, on se rend compte que, même s’il dure, le soutien étasunien ne sera peut-être pas suffisant pour maintenir dans l’avenir un « État juif » raciste et ethnique au cœur d’un monde arabe en plein bouleversement ». (17)
Le doute n’est pas permis : les droits des Palestiniens sur leur terre sont imprescriptibles et inaliénables. L’injustice criminelle, la cruauté et la haine arrogantes finiront tôt ou tard par provoquer une résistance générale. Le journal israélien Yediot Ahranot le reconnaît : « la réputation d’Israël est à son plus bas niveau. Les acteurs et les académiciens nous boycottent ». (18) Aucun Empire n’est éternel. L’ouvrage de Fareed Zakaria « The Post American World » (2008) a montré que « l’émergence de la Chine et, dans une moindre mesure, de l’Inde et du Brésil, voire le retour de la Russie obligent l’hyper-puissance à moins de manichéisme ». (19) Obama, qui a lu le livre, devrait comprendre une telle vérité.
Thami BOUHMOUCH
Juin 2012