Les chroniques iraniennes et/ou perses de Jafar : La période Hotaki.
juillet 20, 2012
Publié le20 juillet 2012
par Allain Jules
La période Hotaki… évoquée brièvement à plusieurs reprises dans de précédentes chroniques, il était temps de lui consacrer une chronique. Les hotakis faisaient partie d’une dynastie pachtoune, ayant régné sur l’Afghanistan entre 1709 et 1738. Les frontières afghanes de l’époque englobaient également une bonne partie de l’actuel Pakistan, et ce royaume était peuplé essentiellement de pachtoune. Le terme afghan lui-même est d’ailleurs synonyme de pachtoune, théoriquement les nons-pachtounes ayant la nationalité afghane devraient être appelés afghanistanais, comme l’ont fait les kazakhstanais au Kazakhstan, le terme kazakh étant réservé à une ethnie locale. Bref. Les hotakis, très vite, seront pris d’envie expansionniste à l’ouest de leur royaume. Or, à l’ouest des territoires afghans se trouvait l’empire Perse Séfévide. Le Shah de l’époque, Shah Hussein Ier était d’ailleurs celui évoqué lors de la chronique du vendredi 13 juillet dernier.
Il faut savoir que même si, comme évoqué la semaine dernière, la dynastie Séfévide vers sa fin connue en Europe un rayonnement diplomatique notamment en partenariat avec la France, cet empire commençait à être sur le déclin en raison de troubles internes. Ce que les hotakis remarqueront. Mir Mahmoud Hotaki lance alors l’invasion de la Perse et conquiert tous les territoires persans orientaux en 1722, suite à la bataille de Gulnabad. Les provinces occidentales ne résisteront pas longtemps, et la dynastie Séfévide fera définitivement partie du passé en 1724. La Perse perd son indépendance et est désormais sous domination afghane. Une sale période pour les minorités religieuses, juives, chrétiennes et zoroastriennes. De nombreux massacres et pillages des vainqueurs ont lieu sur tout le territoire. De plus les Ottomans profitent de cette période de troubles pour s’emparer de l’Arménie Perse, dont la ville d’Erevan, actuelle capitale de l’Arménie indépendante. Les hotakis ont l’ensemble de la population à dos, ne supportant pas la barbarie de l’occupant.
Mais ce fut un ancien chef de guerre, Nadir Khan Kirqlu Afshar, qui organisa la révolte et le soulèvement contre l’occupant. Fin stratège, militaire hors norme, Khan Hotaki, le fils et successeur de Mir Mahmoud Hotaki ne put rien contre lui. En 1729, à Mehmandust, ville aux environs de Dâmghân une bataille décisive opposa Nadir Khan Kirqlu Afshar à Khan Hotaki. Cette bataille fut suivie quelques jours plus tard d‘une autre près d’Ispahan. L’empire Perse retrouva enfin ses lettres de noblesse, sa fierté, sa grandeur pour laquelle il est tant admiré. Après une dure occupation ayant durée 7 années pour l’est de l’empire et 5 années pour l’ouest, le pays à nouveau libre contre-attaqua. Khan Hotaki décédé, son fils Shah Hussein Hotaki monta sur le trône afghan, et passa les 9 années de son règne à tenter de résister aux troupes de Nadir Khan Kirqlu Afshar. Celui-ci s’empare de Kandahar, Kaboul et Lahore, faisant ainsi disparaître un des régimes les plus obscurantistes ayant dominé la Perse dans les pages du temps. Nadir Khan Kirqlu Afshar prendra le nom de Nadir Shah et deviendra le premier empereur Perse de la dynastie Afsharide. Il règnera jusqu’en 1747. Une fois les afghans définitivement vaincus, il attaqua l’Inde et en ramèna le célèbre Trône du Paon. Les populations perses chassées par les hotakis peuvent se réinstaller dans leurs anciennes terres, raison pour laquelle encore aujourd’hui il existe des populations perses en Afghanistan et au Pakistan.
A la mort de Nadir Shah, son neveu Adil Shah et un commandant afghan nommé Ahmad Shah s’affronteront pour sa succession. L’empire sera alors divisé en deux, la partie revenant à Adil Shah étant, à quelques petits changements de frontières près à l’ouest et au nord l’actuel territoire iranien, et la partie d’Ahmad Shah contrôlant l’Afghanistan, le Pakistan et une partie de l’Inde. Même si de nombreuses populations persanes vivent dans les territoires d’Ahmad Shah, c’est à partir de là, en 1747, que l’histoire de l’Iran et de l’Afghanistan deviennent réellement séparées. En effet et pour rappel, avant l’invasion hotaki, l’ouest de l’Afghanistan et du Pakistan actuels étaient sous contrôle Séfévide. Les frontières orientales iraniennes actuelles furent fixées par la sécession d’Ahmad Shah.
Cette chronique doit rappeler que si l’Iran a effectivement connu une occupation militaire dans son histoire, celle-ci n’a pas duré, en raison de la forte volonté de résistance de sa population. Population dont le courage et la volonté n’ont pas faibli avec le temps. Si un nouvel Mir Mahmoud Hotaki se décidait à envahir l’Iran, Barack Hussein Obama pour ne pas le nommer, il devra se confronter à une population déterminée, restant forte et droite devant les exactions commises par l’envahisseur, et sera vite confronté à un Nadir Shah des temps modernes prêt à tout pour libérer son pays ! Les envahisseurs en bottes de cow-boy devraient étudier l’histoire des pays qu’ils souhaitent anéantir, sinon, ils comprendraient qu’une guerre ne peut se conclure que par la débâcle des impérialistes vu les capacités de résistance du peuple iranien !
Je tiens à terminer cette chronique par un petit hors-sujet : Je vous souhaite à tous, musulmans où non, un excellent début de jeûne du Ramadan, en espérant que cette période intense en spiritualité nous rapprochera tous, malgré nos différences, quelles qu’elles soient. Le jeûne du Ramadan est avant tout un moment devant nous permettre de nous rapprocher. Qu’Allah protège tous les peuples libres de la terre, nous bénissent tous et nous permettent de vivre en paix le plus longtemps possible. Pensons également au peuple libyen qui risque de passer un Ramadan difficile dans un pays désormais dirigé par Al-Qaïda, et au peuple syrien en pleine résistance contre un envahisseur.
Les chroniques ne seront pas perturbées par le jeûne, rassurez-vous.
Je tiens à remercier mon frère de combat Allain Jules, ainsi que la modératrice. De façon plus personnelle, je suis obligé de dédier cette chronique à mon petit ananas préféré (qui se reconnaîtra), je ne pouvais conclure cette chronique sans le faire. Que la paix soit sur tout le monde.
Salaam ahlikoum !