A l’adresse des candidats du 1er tour de l’élection Présidentielle du 22 avril 2012.
avril 3, 2012
Paris, le 14 Mars 2012
Madame, Monsieur,
Afin d’assumer la charge de la magistrature suprême vous sollicitez le suffrage
de nos concitoyens lors du scrutin du 22 avril 2012. Vous savez mieux que
quiconque le contexte de crise nationale, européenne et internationale
résultant des effets conjugués de la crise financière et des guerres coûteuses
actuellement menées qui menacent de s’étendre encore et qui sont sources
d’inquiétude majeure chez nos concitoyens.
L’émergence de certains pays du Sud en pôle de puissance, l’immobilisme de
l’ensemble européen face aux urgences du monde, l’engagement de notre
pays parfois au premier rang dans des campagnes guerrières sur fond de
politiques de rigueur et de l’attente fébrile du jugement des agences de
notation des dettes souveraines, donnent la dimension des enjeux.
L’objet des craintes maintes fois formulées par diverses personnalités (H.
Védrine, J. Chirac…) de voir le continent européen et l’alliance atlantique
succomber à la tentation unilatéraliste de l’occidentalisme se confirme de jour
en jour.
Notre pays a su, malgré les vicissitudes du passé, les reniements et les pages
sombres de son histoire, préserver au moins formellement les principes
républicains auxquels ses citoyens restent très attachés. Nous osons espérer
que la facilité bien apparente du repli sur soi et de la nostalgie d’une époque
révolue ne l’amèneront pas à s’épuiser dans des combats d’arrière-garde.
Ainsi, deux faits essentiels de ces dernières années apportent un éclairage
essentiel sur cette situation.
D’une part la crise des dettes souveraines des États, rapport de force entre les
États et l’oligopole des agences de notation à travers les firmes
transnationales et les groupes médiatiques dont elles sont actionnaires.
D’autre part notre retour au sein du commandement militaire intégré de
l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, institution désuète qui développe
des prétentions à jouer le gendarme du monde sur tous les continents quitte à
renouer avec les vieilles lunes coloniales.
Aussi nous avons l’honneur de relayer les préoccupations d’une grande partie
de nos concitoyens et vous les soumettons selon trois axes :
Droit international et ingérences
L’histoire nous enseigne que les périodes de crises sont propices aux
aventures guerrières. Le vieux
principe des XIXème et XXème siècle qui voudrait régler les problèmes
économiques par la guerre et la destruction ne doit plus être appliqué pour
résoudre les difficultés posées par la mondialisation et ses contraintes de
concurrence exacerbée. Les tragédies auxquelles nous ont mené ces logiques
sont connues.
Le dévoiement du droit international par les conditions de mise en oeuvre de la
résolution 1973 sur la Lybie et l’ingérence caractérisée qu’elle constitue, par
notre pays entre autres, nous interpelle bien plus que ne l’ont fait les
tentatives d’affranchissement de ce même droit international par les
administrations Bush Jr durant la précédente décennie avec les résultats
connus en Afghanistan et en Irak.
Par ailleurs, c’est aussi notre crédibilité en tant que membre permanent du
Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies, garant de la paix
mondiale et de la souveraineté des peuples, qui est entamée ainsi que l’illustre
l’échec de la résolution sur la situation syrienne.
Tout semble indiquer que ces ingérences auront un coût exorbitant, payé par
le peuple libyen (plus de 50 000 morts, des centaines de milliers de réfugiés et
des milliards d’euros d’infrastructures détruites) et qui constituent un sacrifice
dont les peuples libyens et syriens se seraient bien passés dans leur route vers
le développement économique, social, culturel et démocratique.
Plus encore, c’est le contexte régional qui s’en trouve affecté avec la
purification ethnique des libyens noirs, le développement des réseaux
terroristes au Sahel et le séparatisme qui menace les pays de la région. Les
réactions et prises de position sur la scène internationale au long de cette
campagne et, in fine, la défiance de la communauté internationale illustrée par
l’échec du vote de la résolution à l’O.N.U. sur la situation syrienne confirment
ces inquiétudes.
Monarchies absolutistes pour la démocratie…
Nous avons tous soutenu avec enthousiasme le « printemps arabe » et
l’aspiration de ces peuples à la liberté et la justice. Des décennies d’hypocrisie
et de cynisme ont été ruinées par la chute de nos principaux alliés, labellisés «
modérés », dans cette région. Par la force des choses, nous avons dû
procéder à notre aggiornamento et nous incliner devant cet état de fait. Mais
la prise de conscience aura été de courte durée.
La précipitation manifeste à aller « apporter la démocratie » par les
bombardements en Libye, d’une certaine manière en Côte d’Ivoire, peut-être
demain en Syrie, voire en Iran, souvent à l’encontre de processus
démocratiques en cours, n’aura souvent conduit qu’à des situations de
confusion et de tragédies.
L’attelage de fortune constitué, à cet effet, par nos démocraties européennes
avec les monarchies arabes « modérées », régimes absolutistes et
tyranniques qui prétendent imposer des constitutions dont ils prennent soin de
ne pas se doter, ne trompe personne et constitue une imposture qui aura
heurté plus d’un parmi vous.
Nous ayant habitués à plus de discrétion, c’est avec perplexité que nous
observons ces monarques s’improviser sur la scène mondiale en promoteurs
des droits de l’homme et de la démocratie. Le sens de leur présence récente
au sein du nouvel ordre mondial reste encore à définir.
Cette alliance des monarchies et des alliés de l’OTAN qui se confirme et prend
forme depuis, s’apparente deplus en plus à une contre-révolution pour le
contrôle économique et politique des démocraties naissantes ou en lutte,
étrangement semblable à celle que l’on a pu connaître dans les années 50 par
l’alliance avec les monarchies arabes les plus réactionnaires, contre les jeunes
républiques arabes en lutte pour leurs indépendances.
Les ingérences salafistes de nos alliés saoudo-qatari, dénoncées par les
patriotes, les démocrates et les militants de droits de l’homme de Tunisie,
d’Algérie et d’Égypte, accompagnées des interventions formelles en Libye,
Syrie, au Yémen et à Bahreïn ;celles-ci ,conjuguées à la répression au royaume
d’Arabie Saoudite, confirment ce remake historique!
Le peuple palestinien est de nouveau le grand absent de toutes ces ingérences
humanitaires.
Externalisation des services régaliens de l’État
Ce sont les effets de la crise économique mondiale qui suscitent le plus
d’angoisse chez nos concitoyens.
Au fil de ces années, ils ont pu découvrir les implications de la libération
monétaire, de la financiarisation de la dette publique et comment nous
sommes passés, presque subrepticement, à une privatisation de notre
monnaie et peut-être demain une suspension de notre démocratie.
De la même manière, les ruptures avec la tradition républicaine constituent
une sorte d’externalisation de notre diplomatie et de notre défense nationale.
Elles sont critiquées par une partie des corps concernés et elles s’illustrent par
notre actualité en Afrique et en Orient. Elles donnent le sentiment d’une nation
qui n’aurait plus le contrôle démocratique de sa politique, et se retrouverait
ainsi acculée en dernière instance.
Ces pratiques ont déjà été largement éprouvées dans le monde anglo-saxon
avec les déviances inéluctables qu’elles impliquent, l’État ayant ses lignes de
conduite et ses raisons… Son rôle étant d’arbitrer entre des intérêts sociaux
contradictoires, et la recherche du profit à tout prix n’étant pas toujours
forcément le meilleur garant de l’intérêt national.
Enfin, en raison de l’actualité tragique de notre pays, à la suite des tueries de
Toulouse et Montauban, il serait sage de ne pas succomber à un opportunisme
macabre. Dans le contexte de crise économique et de guerre exacerbée pour
le contrôle des ressources de la planète, il importe de revenir aux
fondamentaux de toute nation, d’assurer la préservation des acquis des
générations passées et la protection de ses richesses pour le bien du peuple
contre l’appétit féroce des transnationales et autres banques d’affaires
supranationales et leurs désormais obligés États surendettés que nous
sommes devenus.
Notre conviction est que notre pays ne manque pas d’atouts pour relever ces
défis, en restant fidèle à son identité, sans succomber aux pédagogies du
renoncement à nos valeurs républicaines.
Quelles initiatives comptez-vous prendre aux différents niveaux de
compétences incombant à la charge de Président de la République, national,
européen et international afin d’apporter une issue à cette situation?
Les réponses que vous pourrez apporter à nos inquiétudes seront présentées
au public le 14 Avril 2012 lors d’une conférence de presse et d’une diffusion
auprès des différents membres et réseaux du collectif, d’autre part serviront
de base pour une sollicitation plus précise aux candidats du second tour de
l’élection présidentielle.
Les candidats à la représentation parlementaire feront l’objet d’une initiative
de même nature quant aux compétences qui leur reviennent dans le cadre de
la campagne législative.
Ces préoccupations, certes d’ordre économique et sociale, ne sont
qu’apparemment éloignées de celles du quotidien de nos compatriotes car
vous aurez compris à quel point nos inquiétudes touchent à des domaines qui
ont un impact direct et profond sur notre destin.
Le Collectif PasEnNotreNom est indépendant et non partisan,. Il milite pour le
règlement pacifique et démocratique des conflits. Il souhaite rassembler le
plus largement possible dans le soutien aux peuples en lutte pour leur dignité
et la défense du droit international, garant de la souveraineté des peuples et
de la paix.
En vous remerciant de l’intérêt que vous aurez porté à nos et des réponses
que vous pourrez apporter , nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur,
nos respectueuses salutations et nos voeux de réussite dans votre
engagement pour le bien commun de nos concitoyens.
Le Collectif PasEnNotreNom
pasennotrenom.1@gmail.com
Mouvement de la Paix, Convergence des Causes, NordSud-PatrimoineCommmun, AFA « AppelFranco Arabe », Association Panafricaine de France, Collectif GTT « Les patriotes malgaches », CODESCI « Comité de Défense des Institutions et de la Souveraineté de la Côte d’Ivoire », « Lepont de la Méditerranée », International Solidarity Movement, C.R.C. Coordination Régionale desCités, m.s.a. Mouvement Syndical Associatif, Communauté des syriens en france, FSC « FrontSyndical de Classes », « Si l’union africaine se faisait maintenant… », Cercle des Volontaires,CPLA Coordinnation pour la Paix en Libye Africaine (liste ouverte)