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‘Accord du siècle’ : l’Autorité palestinienne n’a aucune intention de cesser la coopération sécuritaire avec Israël


§§par lecridespeuples

« Il n’y aura pas de réconciliation avec le Hamas. »

Source : Jerusalem Post, le 4 février 2020

Traduction : lecridespeuples.fr

L’Autorité Palestinienne (AP) n’a aucune intention de mettre un terme à la coopération sécuritaire avec Israël et les États-Unis ou de se rapprocher du Hamas pour protester contre le plan récemment dévoilé par le Président américain Donald Trump pour la paix au Moyen-Orient, selon des responsables de l’Union européenne et des diplomates occidentaux qui se sont entretenus avec de hauts responsables palestiniens à Ramallah au cours des derniers jours.

Samedi 1er février, lors d’un discours devant une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au Caire, le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé qu’il avait informé Israël et les États-Unis que les Palestiniens couperaient tous liens avec eux, y compris les relations de sécurité.

Mardi, Abbas a réitéré la menace de mettre fin à la coordination sécuritaire avec Israël et les États-Unis lors d’une rare visite au siège du service de renseignement général de l’AP, basé à Ramallah, et dirigé par le major-général Majed Faraj.

Les Palestiniens ont qualifié les récentes déclarations d’Abbas de « vagues », notant qu’il n’a pas officiellement annoncé sa décision de rompre les liens de sécurité avec Israël et les États-Unis.

Mais tandis qu’Abbas reste ambigu, certains hauts responsables politiques et de sécurité de l’Autorité Palestinienne à Ramallah ont évoqué la question avec clarté.

Selon ces sources palestiniennes, Abbas estime que le moyen le plus efficace de contrer le plan Trump est d’intensifier l’offensive diplomatique des Palestiniens sur la scène internationale, y compris aux Nations Unies. Abbas espère que l’offensive isolera l’administration Trump et Israël et les forcera finalement à accepter sa proposition de tenir une conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient, où Washington ne serait pas autorisé à jouer un rôle majeur.

Mardi 4 février, Abbas a rencontré dans son bureau l’envoyé du Président russe Vladimir Poutine, Alexander Lavrentiev, et a discuté des derniers développements dans la région à la suite du dévoilement du plan Trump. Abbas aurait exhorté l’envoyé russe à œuvrer à la réalisation de la solution à deux États « sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale ».

La rencontre d’Abbas avec l’envoyé russe a eu lieu dans le contexte de la campagne diplomatique de la direction palestinienne pour rallier le soutien du monde entier à son rejet de l’accord de Trump.

Mardi 4 également, la direction de l’Autorité palestinienne a salué une déclaration du vice-président et haut représentant de l’UE Josep Borrell rejetant le plan Trump. Borrell a déclaré dans un communiqué que ce projet s’écartait des paramètres convenus au niveau international et a averti que les mesures israéliennes visant à annexer une partie quelconque de la Cisjordanie ne pourraient pas passer sans contestation.

Le ministre des Affaires étrangères de l’AP, Riad Malki, a salué la déclaration de l’UE, la qualifiant de « défaite pour l’administration Trump ».

Un diplomate occidental basé à Ramallah qui a tenu des réunions privées avec des personnalités de l’Autorité palestinienne ces derniers jours a déclaré que les messages qu’il avait entendus étaient différents de ceux exprimés en public.

« En fait, je suis plutôt optimiste car on m’a assuré que les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ne cesseront pas de travailler avec Israël malgré les gros titres suggérant le contraire », a déclaré le diplomate au Jerusalem Post. « Ce qui est également encourageant, c’est que chaque fonctionnaire palestinien que j’ai rencontré a souligné que l’Autorité palestinienne n’autoriserait pas une nouvelle Intifada en Cisjordanie. Ils m’ont dit qu’ils étaient totalement opposés au terrorisme [l’AP considère la lutte armée du Hamas ou du Jihad Islamique comme du terrorisme]. »

Le diplomate a déclaré que lorsqu’il avait interrogé les responsables de Ramallah sur la dernière menace d’Abbas, on lui avait répondu : « Ne vous inquiétez pas, le Président [Abbas] doit simplement calmer le peuple. C’est pourquoi il doit apparaître comme s’il se soulevait contre Israël et les États-Unis et prenait des mesures sérieuses en réponse au plan Trump. Ce n’est qu’une posture médiatique. »

Un autre diplomate occidental basé à Ramallah a déclaré qu’il avait été informé le week-end dernier par trois hauts responsables politiques et sécuritaires de l’AP que « rien n’a changé depuis l’annonce du plan Trump ».

« Les trois responsables m’ont assuré que l’Autorité palestinienne n’avait pas l’intention de cesser de travailler avec les Israéliens et les Américains dans le domaine de la sécurité, a déclaré le diplomate au Jerusalem Post. Ils m’ont également dit qu’Abbas a donné pour instruction aux forces de sécurité palestiniennes de Cisjordanie de faire tout leur possible pour empêcher des attaques violentes des Palestiniens contre les soldats israéliens. »

Le diplomate a déclaré que lui et d’autres Occidentaux travaillant et résidant à Ramallah étaient « très satisfaits » des efforts de la direction de l’Autorité palestinienne pour empêcher le déclenchement de manifestations à grande échelle en Cisjordanie. « Sans les efforts des services de sécurité palestiniens, la situation aurait été pire », a-t-il ajouté.

Les diplomates et trois responsables de l’UE qui ont parlé à des personnalités de l’AP à Ramallah ont déclaré au Jerusalem Post qu’ils étaient également assurés qu’il n’y aurait pas de véritable rapprochement entre l’AP et le Hamas dans un avenir proche.

La semaine dernière, Abbas a invité des représentants du Hamas en Cisjordanie à assister à une réunion d’urgence des dirigeants palestiniens à Ramallah pour discuter des moyens de « déjouer » le plan de Trump et de réaliser « l’unité nationale » palestinienne.

Abbas a également reçu un appel téléphonique du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, autre signe d’un dégel des relations entre les deux parties.

Abbas aurait accepté une offre du Hamas d’envoyer une délégation de hauts responsables de l’OLP et du Fatah dans la bande de Gaza dans les prochains jours dans le cadre d’un plan visant à élaborer une « stratégie palestinienne unifiée » contre le plan Trump.

Mardi 4, cependant, il semblait que les informations sur une « réconciliation » imminente entre Abbas et le Hamas étaient prématurées. Les responsables du Hamas ont affirmé que les dirigeants de l’AP en Cisjordanie ont annulé la visite de manière inattendue sans fournir d’explication.

« On nous a dit de ne pas prendre au sérieux les discussions sur une éventuelle réconciliation entre l’Autorité palestinienne et le Hamas », a déclaré un responsable de l’UE au Jerusalem Post. « Les responsables palestiniens nous ont dit qu’il était important qu’Abbas parle toujours d’unité nationale parce que c’est ce que la rue palestinienne veut entendre. Mais ils nous ont assuré que cet entretien ne signifie aucunement que nous verrons la fin du différend entre Abbas et le Hamas dans un avenir proche. »

Un autre responsable de l’UE a cité un conseiller principal d’Abbas lors d’une réunion privée tenue plus tôt cette semaine : « Nous ne faisons pas confiance au Hamas. Ils veulent saper l’Autorité palestinienne, et non travailler avec elle. La seule façon de réaliser une véritable unité est que le Hamas désarme et abandonne le contrôle de la bande de Gaza. Je ne vois pas cela se produire dans les prochains jours ou semaines. »

Les diplomates occidentaux et les responsables de l’UE, qui ont parlé séparément au Jerusalem Post, ont convenu qu’il y avait un « énorme fossé » entre les positions publiques de la direction de l’AP et ce que ses représentants disent lors de rencontres privées. Ils ont dit avoir clairement indiqué à leurs interlocuteurs palestiniens que les Palestiniens devaient faire tout leur possible pour maintenir le calme et la sécurité en Cisjordanie.

Voir notre dossier sur l’Accord du Siècle et l’analyse de Nasrallah.

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