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Accord du Siècle : l’Autorité palestinienne tient moins à la Palestine qu’à ses privilèges de collaborateur


Le Cri des Peuples
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LE CRI DES PEUPLES
Date: 7 février 2020Author: lecridespeuples 0 Commentaires

Source : Middle East Monitor, le 4 février 2020

Traduction : lecridespeuples.fr

Le dirigeant de l’Autorité Palestinienne (AP) Mahmoud Abbas continue de fournir la preuve de son inutilité en matière de prise de décision politique. Si les États-Unis « poursuivent » la mise en œuvre du prétendu « Accord du siècle », Abbas n’a menacé que de la « possibilité » d’un boycott total. Comme le rapporte le Times of Israel, jusqu’à présent, les liens sécuritaires de l’AP avec Israël et les Etats-Unis restent intacts.

Le « plan de paix » américain, qui consacre les stratégies d’Israël pour déplacer de force les Palestiniens et en faire des réfugiés tout en leur retirant le droit d’être reconnus comme tels, ne suffit pas à l’Autorité Palestinienne pour mettre ses menaces à exécution, car elle dépend de la coopération sécuritaire avec les forces d’occupation pour son existence et son fonctionnement. En mai 2014, Abbas a qualifié la coopération sécuritaire avec Israël de « sacrée », malgré les divergences politiques avec le gouvernement israélien.

Cette coordination a facilité le ciblage des Palestiniens dissidents et des militants de la Résistance. En 2014, la coopération sécuritaire avec Israël au cours de l’opération Brother’s Keeper a permis la nouvelle arrestation de 50 anciens prisonniers palestiniens qui avaient été libérés dans le cadre de l’accord d’échange de Gilad Shalit. L’une des opérations de coopération sécuritaire les plus affligeantes a impliqué l’Autorité Palestinienne dans le meurtre du militant et écrivain palestinien Basel Al-Araj en mars 2017.

Pourtant, d’autres opérations logistiques dépendent de la coopération sécuritaire, y compris la circulation des marchandises et des personnes. L’existence politique de l’Autorité Palestinienne dépend de la coopération sécuritaire, tandis que le peuple palestinien subit de plein fouet la violence associée à sa surveillance.

Les menaces périodiques d’Abbas de cesser une telle coopération (qu’il faudrait plutôt appeler collaboration) ne peuvent être prises au sérieux. En ce qui concerne l’écrasement de la dissidence politique et de la Résistance palestiniennes, l’accord avec Israël est optimal à la fois pour le colonisateur et le collaborateur. En termes d’engagement politique, la coordination sécuritaire fournit à l’Autorité Palestinienne les fonds dont elle a tant besoin pour maintenir son existence. La prémisse de la construction de l’État palestinien, bien qu’illusoire, fournit la toile de fond pour que ce financement se poursuive, tout comme la poursuite du prétendu compromis à deux États, également illusoire.

La réponse de la communauté internationale au plan du Président américain Donald Trump annoncé la semaine dernière n’a pas été un rejet total. Seule une légère possibilité subsiste pour que le monde puisse trouver un terrain d’entente sur la désignation de deux États par les États-Unis. Mais quoi qu’il en soit, cette situation isole l’Autorité palestinienne plus que jamais. Le fait de geindre constamment face à l’ONU et à l’UE pour sauver la solution à deux États, sur laquelle un consensus international a été atteint, ne sauvera plus les efforts diplomatiques de l’Autorité Palestinienne. En ce qui concerne la communauté internationale, l’AP est encore plus contrainte de maintenir la coopération sécuritaire. Il y a un terrain d’entente entre les États-Unis et la communauté internationale à cet égard, malgré le battage médiatique précédent qui tentait de dresser un côté contre l’autre dans le seul but de prolonger davantage la crédibilité érodée de la diplomatie à deux États.

Abbas ne sera pas pris au sérieux cette fois (pour autant qu’il l’ait jamais été). Le seul résultat à attendre de ses menaces vides est davantage d’humiliation et de discrédit pour l’Autorité palestinienne, révélant son manque d’autonomie. Bien que la dynamique du plan de Trump soit en effet une menace pour l’Autorité Palestinienne, en particulier si l’on considère l’action précédente entreprise par les États-Unis pour l’isoler diplomatiquement, Abbas fait face à une menace plus grande à son pouvoir si la coopération sécuritaire prenait fin de manière permanente. Fondamentalement, l’Autorité Palestinienne préfèrera prendre le risque de perdre ce qui reste des terres palestiniennes afin de maintenir la façade de son « autorité ». Après tout, l’AP a acquis une réputation notoire d’octroi de concessions à l’occupation, mais elle ne mettra pas en péril les miettes de pouvoir qui lui sont jetées par Israël et la communauté internationale.

***

L’opposition de l’Autorité Palestinienne à l’Accord du Siècle n’est que rhétorique

Source : Middle East Monitor, le 4 février 2020

Traduction : lecridespeuples.fr

Après le discours de Mahmoud Abbas sur « l’Accord du Siècle » de Donald Trump, il y avait de l’optimisme que cela conduirait à quelque chose de nouveau sur le terrain de la part de l’Autorité Palestinienne (AP). À tout le moins, on pouvait espérer que cela aiderait à gérer les relations entre les factions palestiniennes.

Plusieurs jours se sont maintenant écoulés et rien ne s’est produit qui soit à la hauteur de la gravité de la situation. Le discours d’Abbas au sommet de la Ligue arabe au Caire a été faible, suggérant qu’il faut s’attendre à ce que les choses continuent comme avant, avec éventuellement une légère adaptation des performances médiatiques du chef de l’Autorité palestinienne. Mais rien de tout cela n’aura un impact sur le monde politique, ni ne préparera le terrain pour faire face aux risques découlant de l’Accord si Israël commence à le mettre en œuvre unilatéralement.

Il ne sert à rien de menacer de rompre les relations de sécurité avec Israël alors que les prisons de l’AP sont toujours remplies de jeunes Palestiniens accusés d’avoir formé des cellules pour résister à l’occupation. Il n’est pas non plus utile d’annoncer un possible et éventuel boycott de l’Amérique au moment où le directeur de la CIA était à Ramallah pour une réunion avec les hauts responsables de la sécurité de l’Autorité Palestinienne Majed Faraj et Hussein Al-Sheikh.

Qu’est-ce que l’administration Trump et Israël attendent de plus de la part de l’Autorité palestinienne pour qu’elle maintienne sa coopération en matière de sécurité ? Sans un éloignement politique et un boycott effectif de la part de l’AP, Trump ou le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se soucieront-ils des insultes et des condamnations exprimées par l’Autorité Palestinienne contre leurs plans ? Ils savent exactement ce qu’ils attendent de l’Autorité Palestinienne, et ils savent que l’AP ne renoncera pas à son rôle sécuritaire en Cisjordanie, où la plupart des effets de l’Accord se feront ressentir. L’Autorité Palestinienne ne poursuit pas seulement son rôle de sécurité pour complaire aux États-Unis et à Israël, ce qui peut entraîner son renversement, mais aussi parce que cela est en totale adéquation avec l’approche d’Abbas, à laquelle il s’accroche toujours malgré tout ce qui s’est passé. Il pense toujours que la Résistance armée à l’occupation israélienne est du « terrorisme » et qu’un futur « État de Palestine » doit être démilitarisé. Une personne sensée rêverait-elle d’un État démilitarisé dans un monde aussi troublé que le nôtre, estimant qu’il mérite les efforts nécessaires à sa création et qu’il sera à la fois viable et durable ?

Les détails de l’aAcord montrent clairement que la solution à deux États est une illusion et que pour Washington ou Tel-Aviv, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de place pour un État palestinien à l’intérieur de la Palestine historique ou aux côtés d’Israël ; les faits imposés sur le terrain par l’occupation ont rendu cela évident il y a de nombreuses années. Cependant, en exposant clairement cette réalité après des décennies de faux-semblants, Trump a fermement mis la balle dans le camp AP-Fatah ; la direction du Fatah doit maintenant adopter une position progressiste alors que sa colère (largement feinte) s’apaise. Jusqu’à présent, elle n’a rien fait en termes de réconciliation interne ou de suppression de son monopole sur la prise de décision palestinienne ; elle n’est pas prête à renoncer à ses erreurs catastrophiques contre la cause nationale et le peuple palestinien. Est-il si difficile d’admettre que le chemin suivi par le Fatah a conduit la Palestine à cette position ? Même en admettant que son entreprise politique était justifiée à l’époque, pourquoi continue-t-il de s’y tenir maintenant, dans la situation actuelle, et fait des déclarations sur la fin de la coopération en matière de sécurité avec Israël, ce que tout le monde sait être un mensonge ?

Avec tant d’hésitation, de faiblesse et de non-mise en œuvre de la moindre mesure audacieuse, qu’est-ce qui, selon l’Autorité Palestinienne, empêchera la mise en œuvre de l’Accord, d’autant plus qu’un grand nombre de ses stipulations existent déjà dans les faits ? Il ne fait aucun doute que les efforts infructueux de l’Autorité Palestinienne n’empêcheront pas que le plan de Trump soit implémenté, car ce qui est nécessaire en ce moment, ce sont des décisions pratiques qui surprennent les Israéliens et aillent au-delà des formalités, des relations publiques et des discours.

Le déménagement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en mai 2018 était un test pour voir quelle serait la réponse palestinienne à l’Accord une fois annoncé. La réponse officielle a été muette, sans aucun changement significatif dans la coopération en matière de sécurité ou quoi que ce soit de cet ordre. Israël et les États-Unis sont maintenant bien conscients que quoi qu’ils fassent, aucune ligne rouge ne sera franchie par l’AP, parce qu’elle est trop faible, corrompue et timorée. Il faut s’attendre à ce que l’Accord soit mis en œuvre, unilatéralement ou autrement, après quoi l’avenir sera plus dangereux pour le peuple de Palestine.

Voir notre dossier sur l’Accord du Siècle

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