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Agression tripartite de la Syrie.


 Mohamed Bouhamidi
 

 

C’est tout de même curieux de préparer une agression militaire contre un pays, en avertissant tout le monde qu’il ne s’agit que d’une opération limitée à vingt-quatre ou quarante-huit heures, sans intention d’influer sur le rapport de force et surtout sans viser le changement de régime à Damas. Alors, pourquoi agresser un pays, «fuiter» la liste des objectifs, bien sur stratégiques, puisqu’il s’agit de centres de commandement, de sièges militaires, de chaînes de communications et de commandement et de forces opérationnelles ? C’est d’évidence un message chargé de rassurer Moscou, Téhéran et même Damas que les USA ne cherchent pas à déclencher une guerre régionale et encore moins une guerre mondiale. Ils nous disent en somme, et comme l’a proféré Hollande, qu’il « faut bien agir ».
Pourtant, ces trois pays ont agi tout au long de ces deux années et demie d’enfer takfiri imposé au peuple syrien. Puisque Hollande se met en avant, notant que si l’ALN disposait du millième des armes offertes aux mercenaires, notre guerre d’indépendance aurait pris une autre tournure. Leur problème est que tous les plans mis en œuvre ont échoué. L’avant-dernier plan a été coordonné sur place par Obama en personne, lors de son dernier voyage en Israël, quand il a imposé à Israël de présenter des excuses à la Turquie pour faciliter la planification de la quatrième offensive sur Damas. L’échec fut patent et tellement retentissant qu’il fallut aux USA changer de sous-traitant, en confiant le dossier aux Saoudiens, sur fond de crise d’ambitions politiques régionales entre pays du Golfe. Le renversement de Morsi privait définitivement les USA et le couple franco-britannique de l’immense réserve des djihadistes égyptiens que les Frères s’apprêtaient à envoyer en Syrie. Ces puissances doivent aller au charbon par elles-mêmes dans l’urgence de stopper l’avancée de l’armée syrienne. Car le cinquième plan concocté par Bandar Ben Sultan échouait aussi bien pour l’opération dite de «libération des côtes», que pour celle de l’infiltration à Damas des mercenaires surarmés et surentraînés par les forces spéciales américaines en Jordanie. La bataille de la Ghouta de Damas est en train de faire capoter, pour la cinquième fois, la prise de quelques quartiers de Damas, à défaut de faire tomber la ville. Pour certains analystes syriens, il s’agirait essentiellement pour les USA d’éviter une débâcle pour leurs mercenaires, en limitant les risques d’extension du conflit à la région. Ils se trompent lourdement. Les quarante-huit heures de l’attaque contre l’armée syrienne sont suffisantes pour détruire toute la « construction nerveuse » de l’armée syrienne et la transformer en force désarticulée. Il faut se souvenir de l’alerte du général italien Fabio Mini sur le plan « d’attaque en essaim » de l’Iran. Le souvenir de cette alerte donne plus de sens à cette menace glissée dans le discours de Hollande à ses ambassadeurs : «Le compte à rebours a commencé pour l’Iran.» L’agression de la Syrie constituerait une bonne répétition pour l’attaque de l’Iran, mais aussi son premier acte. Ajoutons que dans la tradition, jamais démentie, des agressions US, les «dommages collatéraux» seront nombreux. Le président Al Assad et ses différents bureaux feraient d’excellents «dommages collatéraux  que «regretteront» évidemment Obama, le président qui a ordonné le plus «d’exécutions aux drones», et ses compagnons Cameron et Hollande.
Tous ces signaux visent à endormir les Russes sur l’ampleur et sur les buts réels de l’intervention.
L’agression tripartite franco-anglo-US, soutenue par la meute turco-saoudo-qatarie, va chercher, derrière ses propos traîtres et lénifiants, à éliminer la chair et la réalité de la résistance syrienne, l’armée arabe syrienne et son symbole, le président Al Assad. Ce que l’attaque « en essaim » devait réaliser en trois jours à une semaine en Iran, Obama espère le réaliser en vingt-quatre à quarante-huit heures en Syrie. Face à la coalition des agresseurs se trouve une coalition de la résistance déjà en œuvre et qui a prouvé sa détermination sur le terrain. Ni Hassan Nasrallah, ni le Hezbollah, ni Al Assad, ni l’armée syrienne telle qu’elle s’est configurée ou reconfigurée pendant sa résistance n’hésiteront à passer à la guerre révolutionnaire élargie.
La conscience que la défense de l’État national syrien ne peut compter que sur la grande masse des travailleurs, des paysans, des jeunes et des couches populaires en général a gagné beaucoup de terrain au sein du pouvoir. Les mesures sociales sont venues corriger les méfaits les plus criants et les plus graves des orientations et des lois ultralibérales de Dardari, soutenues par le pôle compradore du pouvoir syrien et conseillées par la Banque mondiale, employeur du même Dardari, et par les mêmes puissances qui s’apprêtent à agresser la nation syrienne. Les liens intimes entre résistance nationale et justice sociale ne sont jamais clairement apparus. De grandes chances existent que la résistance du peuple et de l’Etat syriens se transforme en guerre révolutionnaire. Un nouveau Vietnam attendrait alors les agresseurs dans les formes nouvelles et adaptées que seront capables de créer les résistants du Sham. L’accord et les frontières Sykes-Picot auront vécu, Israël aussi.
                                                         
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