Armer les rebelles syriens : trop risqué pour Washington
juin 1, 2013
vendredi 31 mai 2013
Les Etats-Unis ont beau applaudir l’Union européenne qui a levé l’embargo sur les armes en Syrie, ils n’ont aucune envie d’armer une « rébellion » éclatée entre modérés et jihadistes, de peur d’être embrigadés dans une « guerre par procuration » contre l’Iran et la Russie, notent des experts.
Depuis des mois, le président Barack Obama est sous pression d’élus républicains et même de responsables de son administration pour équiper en armes les mercenaires menant la guerre contre la Syrie, mais il s’en tient à une aide « non létale » conséquente et mise d’abord sur un règlement politique du conflit via une conférence internationale prévue en juin à Genève.
« Dans le fond, les Etats-Unis n’ont pas d’appétance pour une intervention en Syrie (…) et ne veulent pas d’une accélération de la guerre », résume pour l’AFP Aram Nerguizian, analyste au Center for Strategic and International Studies (CSIS) de Washington.
« Pour la Syrie, au bout du compte, c’est le président (Obama) qui décide », souligne-t-il, fustigeant au passage « l’incohérence de la politique américaine sur la question d’armer ou pas » les mercenaires, un dossier sur lequel communiquent concurrement et de manière confuse », selon l’expert, la Maison Blanche, le Pentagone et le département d’Etat.
L’administration américaine invoque depuis des mois le plus grand risque que poserait la livraison d’armes aux mercenaires.
Elle redoute que des équipements de guerre, comme des lance-missiles Stinger, ne tombent dans de « mauvaises mains », c’est à dire dans celles des jihadistes du Front Al-Nosra allié à Al-Qaïda , en première ligne contre les forces armées syriennes.
L’ancien ambassadeur américain en Irak, Ryan Crocker, avertissait encore cette semaine a l’université Stanford (Californie) que son pays « n’en savait pas assez sur « l’opposition »syrienne fractionnée pour intervenir ou l’armer.
Les Etats-Unis travaillent pourtant depuis des mois avec « l’opposilion » syrienne dite modérée, pilotée par le » Conseil militaire suprême syrien » et « l’Armée syrienne libre » du général Salem Idris.
Mais « même si on donne des armes au général Idris (…) comment empêcher qu’elles ne passent à Al-Nosra ? », s’interroge M. Nerguizian, dressant des parallèles historiques avec « le Liban durant la guerre civile, la Libye ou l’Irak ».
Son confrère Salman Shaikh, directeur du Brookings Center à Doha, pense aussi que « le précédent de l’Afghanistan aura été bien sûr instructif » pour les Américains qui ont dû se battre contre des islamistes qu’ils avaient armés des années auparavant contre les Soviétiques.
Et plus les jihadistes prennent l’ascendant chez les miliciens en tous genres, mais « on ne peut jouer ce jeu avec Al-Qaïda ou avec des militants islamistes qui veulent déstabiliser la région », prévient M. Nerguizian.
Bien que les mercenaires soient en difficulté sur le terrain – l’armée syrienne, épaulée par le Hezbollah libanais, s’apprêtant à reprendre la ville stratégique de Qousseir – Washington reste « réticent » à s’engager plus avant, constatent analystes et diplomates.
« En fournissant des armes létales, les Etats-Unis seraient directement impliqués dans une guerre par procuration, en particulier contre les Russes », lesquels, comme les Iraniens, sont des soutiens indéfectibles à Damas, note M. Shaikh.
Washington a certes mis en garde jeudi Moscou sur des livraisons de missiles sol-air S-300 a l’armée nationale syrienne, tout en rappelant que la Russie jouait un rôle diplomatique fondamental pour trouver une issue politique au conflit.
« Mais si la diplomatie échoue », redoute M. Nerguizian du CSIS, « les Etats-Unis pourraient continuer à armer certaines factions, auquel cas nous assisterions à une guerre par procuration qui pourrait durer des années ».
« C’est un vrai risque », prévient-il.
LES usa vont TOMBER comme est tombé l’empire romain entrainant dans sa chute tous ceux qui l’ont servi