Attentat en Turquie : pourquoi Damas et pas d’autres commanditaires ?
mai 13, 2013
13 mai 2013 – 08h:36
Kharroubi Habib – Le Quotidien d’Oran
Ces pistes s’ouvrent et s’imposent dès lors que l’on considère que Damas n’a rien à gagner en provoquant de façon si brutale la Turquie voisine, dont les autorités acharnées à vouloir la chute d’Al-Assad sont à la recherche du prétexte qui légitimerait l’intervention militaire directe de la Turquie dans le conflit. Le Syrie n’y a rien à gagner alors que l’accord russo-américain de la semaine dernière a ouvert la voie à la possibilité d’une solution politique négociée comme règlement du conflit . A cela s’ajoute que l’on voit mal pour qu’elle raison Damas aurait commandité un attentat de cette ampleur dans une ville turque où la population soutient et se sent solidaire avec le pouvoir légitime de Bachar El-Assad.
D’autres parties ont par contre tout à gagner en faisant prévaloir la thèse de la responsabilité de Damas.Ce sont toutes celles qui veulent voir capoter la solution politique envisagée par l’accord de Moscou et pour lesquelles une confrontation armée entre l’armée turque et syrienne est susceptible d’y aboutir inévitablement. Il y a bien évidemment les « faucons » turcs partisans de la manière forte et radicale à l’égard de la Syrie qui , sachant Erdogan acquis à leur point de vue, ont pu penser qu’un attentat aveugle se produisant en territoire turc et imputé à des affidés de Damas lui offrirait le prétexte à ordonner l’engagement militaire direct du pays dans le conflit.
Les mercenaires aussi réclament à la Turquie une implication militaire de grande envergure qui ,en mettant en difficulté l’armée légale syrienne, pourrait lui faire envisager de prendre le dessus sur celle-ci et entraîner la chute du pouvoir en place à Damas et de ce fait rendre caduque la solution politique dont la perspective a été acquise par l’entente russo-américaine .
Dans cet inventaire des commanditaires possibles du triple attentat, les services secrets de l’entité sioniste ne sont pas à écarter. L’Etat sioniste ne serait pas fâché que la Turquie intervienne en Syrie, action qu’elle sait ne pouvoir entreprendre seule sans provoquer d’énormes et incontrôlables réactions régionales et internationales. Le dénouement du conflit syrien par l’engagement turc direct l’arrange au sens où Ankara ,d’obédience « islamiste », favoriserait alors l’instauration d’un nouveau régime syrien excluant les rebelles salafistes, affiliés à Al Qaïda.Il n’est pas à exclure non plus que le Qatar ou l’Arabie Saoudite aient pu également instrumentaliser ces derniersà commettre l’attentat pour créer une situation qui rendrait irrémédiablement impossible la solution négociée.
La liste évidemment ne se limite pas à ces possibles parties, tant les enjeux de la guerre contre la Syrie concernent un éventail d’intéressés plus large que ceux cités. Nous avons écrit ,après l’accord russo-américain, que la période allant de la rencontre de Moscou à la tenue éventuelle de la réunion internationale sur la Syrie ,avant la fin du mois de mai comme envisagée par Lavrov et Kerry ,allait être cruciale car tous les camps impliqués dans le conflit tenteront par tous les moyens d’en profiter pour faire prévaloir les desseins qu’ils poursuivent à travers celui-ci. L’attentat de Reyhanli confirme tragiquement la véracité de ce point de vue.