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Aux origines païennes de l’imposition du voile


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Aux origines païennes de l’imposition du voile (3/3)

Robert Bibeau

Nov 14

Par Khider Mesloub.

La première partie de ce texte se trouve Ici:
Aux origines païennes de l’imposition du voile (1/3) – les 7 du quebec
La seconde partie de ce texte se trouve ici:
https://les7duquebec.net/archives/278176

La principale source coranique sur le voile est la sourate 33 : « Les Coalisés » ou « Les Factions ». Le voile est mentionné au verset 53. Ce verset concerne exclusivement les femmes du Prophète : « O vous, femmes du Prophète ! vous n’êtes comparables à aucune autre femme» (v. 32 de la même sourate). Dieu commande aux croyants de s’adresser aux femmes du Prophète à travers un voile : «Quand vous demandez quelque objet aux épouses du Prophète, Faites-le derrière un voile, Cela est plus pur pour vos cœurs et pour leurs cœurs.» Dans ce verset, contrairement à l’opinion communément répandue, le voile dont il s’agit ici est le rideau, c’est-à-dire le tissu servant à séparer hermétiquement les pièces. En effet, dans ce verset, qui ne concerne que les femmes de Mohammed, le mot arabe est hidjâb. Il signifie «tenture» ou «rideau. Tout comme le terme tchador signifie littéralement « tente ».

Il est vrai que le verset 59 s’adresse aussi bien aux femmes du Prophète qu’à celles des croyants : «Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées.».

Cependant, selon les exégètes, ce verset a une valeur civile, et non religieuse. « Le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées », c’est-à-dire qu’il permet de signaler le rang social de la femme, et, par conséquent, de dissuader les harcèlements concupiscents des hommes.

En d’autres termes, si dans la Première Épître aux Corinthiens le voile revêt un caractère explicite de sujétion, comme le formule solennellement ce verset biblique : « Je veux cependant que vous le sachiez le chef de tout homme, c’est le Christ ; le chef de la femme, c’est l’homme ; et le chef du Christ, c’est Dieu» ; dans le verset coranique il revêt une recommandation simplement d’ordre public.

Au-delà d’être une coutume vestimentaire culturelle millénaire, ne figurant, par ailleurs, explicitement dans aucune sourate à destination de l’ensemble des croyantes, à l’exception de la sourate circonstancielle relative aux femmes du Prophète et des femmes de rang social élevé, aussi cette tradition païenne est-elle théologiquement censée contrevenir aux prescriptions authentiques du Coran. Au reste, la sociologue franco-algérienne, Leïla Babès, souligne que « l’usage de ce concept [hidjâb] comme voile de la femme, et de surcroît appliqué à l’ensemble des musulmanes alors qu’il est réservé aux épouses du Prophète, est un abus et un détournement de sens, qui devrait être d’autant plus transgressif que le Coran réserve à celles-là un statut particulier : “Ô femmes du Prophète, vous n’êtes les pareilles d’aucune autre femme”» (33, 32). Par ailleurs, il est utile de rappeler que chez les Arabes d’avant l’islam, à l’instar de tous les peuples du Moyen-Orient, seules les femmes des couches aisées et libres portaient un voile pour se distinguer des servantes et des esclaves. Autrement dit, ces «citadines» étaient voilées car elles avaient une valeur marchande : le voile constituant, dans les mariages arrangés entre familles privilégiées, le symbole de leur bonne moralité et de leur virginité.

À la vérité, sous couvert de religion, cette coutume vestimentaire païenne n’est-elle pas perpétuée au nom de cette millénaire domination patriarcale de l’ancien mode de production dont l’homme musulman contemporain semble difficilement se départir ; au nom de cet atavique attachement obsessionnel à des traditions misogynes toujours aussi prégnantes ? Notamment dans les pays musulmans. Et en Iran, en proie à une révolte des femmes opposées à l’imposition du port du voile.

En 1979, l’ayatollah Khomeini arrive au pouvoir et instaure une République islamiste. Dès son investiture, la première mesure autant politique que religieuse qu’il impose à la société s’applique exclusivement aux femmes : l’obligation de porter le tchador, nom donné au voile iranien ; suivie de l’abaissement de l’âge du mariage de 18 à 9 ans pour les filles. Des décisions en rupture avec le précédent régime monarchique. À cet égard, il est utile de rappeler que, sous la monarchie de la dynastie Pahlavi, la période des années 1930 aux années 1970 fut marquée par une certaine émancipation des femmes iraniennes (au vrai, comme dans l’ensemble des pays musulmans). Sur la question de la femme, assurément la monarchie de Pahlavi était plus progressiste que le régime des mollahs. En 1935, le shah Reza Shah Pahlavi avait interdit le port du voile en public. L’année suivante, en 1936, il avait réformé l’éducation nationale, instituant un système éducatif d’égalité scolaire entre garçons et filles, autorisant l’accès des femmes à l’université. Cette émancipation des femmes sera interrompue par les Mollahs.

On l’oublie souvent : la mesure d’obligation du port du voile instaurée par le nouveau despote théocratique Khomeini entraîna immédiatement une vague de contestation dans le pays. Le port du voile obligatoire fut définitivement inscrit dans la loi iranienne en 1983. « Ce voile, on l’a rendu obligatoire pour protéger nos valeurs », confiait Khomeini, en 1984. Voilà l’aveu prononcé : « nos valeurs », autrement dit celles de la société patriarcale, c’est-à-dire des hommes.

Il ne faut pas perdre de vue que les organisations activistes d’extrême-gauche iraniennes, telles les Moudjahidines du peuple Iranien, s’étaient associées avec les Mollahs pour les aider dans leur conquête du pouvoir. De fait, on peut affirmer que les mouvements d’extrême-gauche iraniens auront été les artisans et les complices de la victoire islamiste et de l’avilissement de la condition des femmes iraniennes.

Tout le monde qualifie le changement de régime de 1979 de « révolution islamique » iranienne. Or, il serait plus approprié de caractériser ce cataclysme politique de Coup d’État Masculiniste Islamiste perpétré contre la femme iranienne. Khomeini et ses sbires islamistes n’ont pas commis leur coup d’État pour déposer la dynastie Pahlavi, mais pour destituer la royale et noble Femme iranienne de la société, de son règne sur sa vie personnelle. Ce n’était pas la monarchie l’ennemie des Mollahs, mais la femme iranienne. Ce coup d’État masculiniste islamiste réussi sera imité par d’autres pays, notamment l’Algérie. En Algérie, après avoir échoué leur coup d’État violent, c’est-à-dire leur insurrection armée terroriste dans les années 1990, les islamistes poursuivront leur combat « pacifiquement » en s’appliquant à perpétrer des mini-coups d’États culturel et cultuel, parfois avec l’aide de certains membres salafisés du régime de Bouteflika. Ils auront mieux réussi leur « révolution islamique », ou plus exactement leur coup d’État masculiniste islamiste. Avec leurs mœurs surannées foncièrement misogynes, ils ont recouvert l’Algérie d’un voile culturel phallocratique.

En fait, une haine clitoridienne terrestre unit les islamistes. Dans leur exaltation religieuse phallocratique, la femme, cet être réel et libre doté de sexualité, de sensualité, de volupté, doit être « castré », « châtré », châtié, réduit à sa seule fonction de génitalité. Ils n’aiment la femme terrestre qu’éthérée, enterrée, voilée, désérotisée, enfermée dans le goulag islamique. La vraie femme épurée, selon leur frénésie islamique hystérique, est hissée au paradis. Aussi, pour jouir de sa compagnie paradisiaque décuplée (d’aucuns parlent de 72 vierges, les voluptueuses houris, mises à la disposition de chaque croyant musulman), sont-ils prêts à transformer la terre en enfer, en océan de larmes et de sang, en charnier à ciel ouvert.

Quoi qu’il en soit, les islamistes, institutionnels ou non, c’est-à-dire membres de gouvernement ou simples « citoyens », défendent mordicus la thèse religieuse que le voile est un levier fondamental de la préservation des traditions et coutumes islamiques, autrement dit de la conservation de la culture et de l’identité musulmanes. D’aucuns, notamment les islamistes radicalement politisés, au nom d’un prétendu modèle de féminité supposément islamique, présentent le voile comme un étendard de combat contre l’impérialisme culturel occidental décadent.

Mais, en réalité, le voile, érigé comme emblème de piété religieuse par les islamistes, constitue un redoutable moyen de régulation du corps des femmes. Mieux : de soumission des femmes.

Quoique de nos jours le voile soit associé systématiquement au monde musulman, comme nous l’avons souligné plus haut, en vérité le port du voile, tout comme la réclusion des femmes, sont des coutumes préislamiques, c’est-à-dire païennes, répandues dans plusieurs sociétés antiques. Dans les sociétés perse, grecque et romaine, le voile servait de marqueur social et de prestige (en vrai d’estampille morale de la valeur maritale de la femme, de garantie d’authenticité virginale de la marchandise féminine destinée à la vente conjugale).

Comme ne cesse de le marteler Razika Adnani, philosophe et islamologue, dans ses contributions et livres, le port du voile n’est en rien une obligation coranique. Contrairement aux assertions fallacieuses des islamistes, le voilement des femmes ne constitue nullement une recommandation divine. Pour preuve : le voile existait bien avant l’avènement de l’islam, et était répandu également dans les sociétés romaine, grecque et perse, par ailleurs païennes. En tout état de cause, y compris le voilement de la chevelure n’est évoqué nulle part dans les textes coraniques. Aussi, le voile qui couvre la chevelure de la femme ou son visage repose-t-il davantage sur l’interprétation patriarcale des textes que sur les textes eux-mêmes. Globalement, le corpus coranique contient 6236. Or, seuls deux font allusion au vêtement féminin. De surcroît, ces deux versets ne mentionnent aucunement la tête à couvrir. « Prophète, dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de revêtir leurs mantes, sûr moyen d’être reconnues et d’échapper à toute offense. Dieu est toute indulgence, Miséricordieux. » (33 : 59). « Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qu’il en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines. » (24 : 31)

Quand bien même cette pratique fut consacrée par les textes, il n’en demeure pas moins, à l’instar de nombreuses règles et coutumes tombées en désuétude ou officiellement abolies pour leurs incompatibilités avec notre système de valeurs contemporain, comme l’esclavage, les châtiments corporels, les inégalités femmes-hommes, les duels, la peine de mort, l’anthropophagie, doit-on la perpétuer ou la réactiver sous prétexte qu’elle exista autrefois ou qu’elle figure dans les textes sacrés anciens ? Doit-on, pour complaire aux fanatiques qui refusent l’évolution et la modernité, continuer à vivre selon les normes traditionnelles du Moyen-Âge, c’est-à-dire l’époque de la genèse de l’islam ?

Au vrai, à notre ère moderne marquée par l’émancipation de la femme, symbolisée par son intégration dans le système scolaire et son insertion dans le monde du travail, gages de son indépendance sociale et financière, la revendication islamiste de l’imposition du voile, tout comme celle de l’application de la charia, entend légaliser et sacraliser l’infériorité définitive de la gent féminine.

De ce qui ressort de notre étude sur les origines du voile, on pourrait même avancer la thèse selon laquelle, à l’époque de la genèse de l’islam au 7ème siècle, le voilement du corps des femmes était beaucoup plus répandu en Algérie (tout le Maghreb) qu’en Arabie saoudite (tout le Golfe persique), région de naissance du prophète Mohamed.

Autrement dit, le port du voile était plus massivement diffusé parmi les populations berbères algériennes (maghrébines), notamment de confession chrétienne, qu’au sein des tribus arabes du Golfe, majoritairement païennes. Une chose est sûre : contrairement aux stéréotypes propagés par les berbéristes, la femme arabe du Moyen-Orient était plus libre qu’en Afrique du nord. Notamment sur la question de l’héritage où la femme kabyle fut toujours victime d’exhérédation, autrement dit d’extorsion patrimoniale.

À l’époque de l’islamisation du Maghreb, en matière d’héritage, les tribus paysannes berbères se trouvèrent confrontées à un dilemme très cruel : ou bien on appliquerait la loi de la nouvelle religion, l’islam, à laquelle elles venaient de se convertir, en vertu de laquelle la femme a droit à une part d’héritage – et alors on briserait la tribu –, ou bien on sauverait la tribu, mais il faudrait violer la loi du Coran.

Or, pour la majorité des tribus berbères, notamment kabyles, c’est la Loi de la Tradition qui prévalut. Puisque, contrairement à la loi religieuse de l’islam, les tribus berbères optèrent pour le maintien et la pérennisation de leurs coutumes, à savoir continuer à exhéréder toutes les filles afin d’éviter l’éclatement de la tribu, le transfert des terres entre familles et, surtout, entre tribus. La sacralité de la terre primait la sacralité de la loi du Ciel, celle dictée par la nouvelle religion, l’islam.

Dans la même logique de perpétuation des coutumes misogynes, de nos jours les islamistes préfèrent outrepasser les textes coraniques que de renoncer à leurs prérogatives patriarcales, abdiquer leur pouvoir de domination machiste.

De fait, dans les pays musulmans, de nos jours l’oppression des femmes constitue un moyen de contrôle spécifique employé par les régimes féodaux despotiques pour canaliser contre la femme (présentée comme être intrinsèquement maléfique et concupiscent) les tensions et frustrations suscitées par une société inégalitaire déchirée par conflits sociaux.

Globalement, dans les pays musulmans, notamment l’Algérie, la femme est soumise à un code de l’indigénat patriarcal, symbolisé par cette législation exceptionnelle (excluante) qui lui est exclusivement appliquée.

Ce code de l’indigénat féminin est la dernière forme d’oppression et d’exploitation, survivant dans les pays musulmans où l’infériorisation de la femme est gravée dans le marbre des mœurs mais également inscrite dans la constitution.

Le régime de l’indigénat patriarcal, à l’instar de l’opposition entre « sujet indigène » et « citoyen européen » instaurée à l’époque coloniale, établit un statut d’exception pour les femmes musulmanes. Ce régime de l’indigénat patriarcal, comparable au régime d’apartheid longtemps en vigueur en Afrique du Sud, est la dernière survivance d’oppression humaine.

Dans le cadre de ce régime de l’indigénat patriarcal, les pays musulmans, notamment leurs franges religieuses fanatisées, contraignent les femmes à se voiler entièrement le corps et à se soumettre à des conventions sociales humiliantes. Certes, les femmes de ces pays sont autorisées à se scolariser et à exercer une profession, mais elles demeurent toujours d’éternelles mineures soumises à la tutelle du mâle. Les femmes sont considérées comme la propriété privée de leur père, leur mari, leur frère, c’est-à-dire l’homme de la famille.

Quoi qu’il en soit, comme on l’a analysé plus haut, l’origine du port du voile imposé à la femme s’inscrit dans une longue tradition païenne millénaire marquée par l’avilissement de la condition féminine. Le port du voile ne constitue aucunement un signe religieux. Encore moins un pilier de l’islam. Ni une prescription coranique.

C’est un vestige vestimentaire parmi d’autres de l’ancien monde archaïque qui refuse de mourir dans de nombreux pays, notamment en Algérie. Un monde patriarcal dominé par des hommes demeurés fixés au stade enfantin et infantile de l’humanité, de leur personnalité puérile.

La misogynie transcende les frontières et les temps. Depuis l’aube de l’humanité la condition de la femme est réduite à une perpétuelle nuit.

Drôle d’humanité qui piétine sa moitié pour avancer en entier. D’ailleurs, a-t-elle vraiment avancée, progressée, évoluée depuis la nuit des temps, cette humanité socialement bancale ? Ne continuons-nous pas à vivre encore dans les temps de la nuit ! L’aube de l’Humanité tarde à éclore, à s’éveiller.

Fondamentalement, l’hiver de l’oppression voile encore l’horizon culturel des sociétés musulmanes. Le printemps de l’émancipation de la femme « musulmane » certes darde ses premiers rayons de liberté bourgeonnante d’indépendance sociale et juridique, mais le ciel patriarcal islamique recouvre encore de son obscur manteau traditionnel phallocratique les hommes musulmans, arc-boutés à leurs privilèges de domination masculine, enrobés de justifications religieuses, de légitimation coranique, paradoxalement avalisées et soutenues par une frange importante de femmes musulmanes, ferventes disciples de la servitude volontaire spiritualisée et sacralisée.

Khider MESLOUB

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