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Colère de François Hollande, tremblements d’Obama


Dans Boulevard Voltaire

Le 23 octobre 2013

Dominique Jamet
Journaliste et écrivain.
Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d’une vingtaine de romans et d’essais.

Après que le sieur Dibrani, roi des Roms et des menteurs, lui eut rivé son clou en termes choisis dans un dictionnaire d’argot ; après que la princesse héritière Leonarda, bobonne précoce dans tous les domaines sauf celui de la scolarité, que ses partisans appellent bizarrement une « gamine », l’eut proprement envoyé paître, François Hollande se sentait ridicule, et pas qu’un peu. La France, en sa personne, ne faisait pas seulement rigoler le Kosovo, mais aussi bien la Corrèze que le Zambèze et Angela Merkel comme Vladimir Poutine ; il était à vrai dire, et à cause de lui notre pays aussi, la risée de la planète. Le président de la République se grattait l’occiput à la recherche d’un sujet qui lui permettrait de redorer son blaze, pardon : de restaurer son image passablement brouillée.

La lecture du Monde lui en offrit l’occasion. Le journal du soir publiait plusieurs pages et fournissait une foule de détails sur l’espionnage systématique et généralisé dont la France, comme l’ensemble des pays alliés, ennemis ou ni l’un ni l’autre, des États-Unis, était l’objet et la cible de la part de la NSA (National Security Agency). L’information était connue depuis belle lurette, aussi bien des gouvernements intéressés que du grand public, mais les révélations du Monde fournissaient au chef de l’État le prétexte en or d’une grande et saine colère.

Le ministre des Affaires étrangères fut donc chargé de convoquer dans les meilleurs délais l’ambassadeur des États-Unis, et de donner un maximum de publicité à la sévérité des représentations qu’il convenait d’adresser à Washington…

– « Monsieur le Président, le Président Obama vous demande ! »

François Hollande, qui achevait de déjeuner, s’essuya les lèvres et se dirigea sans hâte vers son bureau. Le piège avait fonctionné. « On va voir qui c’est, Raoul », murmura-t-il en se référant à l’un des grands classiques de la littérature française, le dialogue écrit par Michel Audiard pour Les Tontons flingueurs.

– « Dear François », commençait Obama tout sucre tout miel, mais il ne put aller plus loin. Hollande lui avait coupé la parole et déversait sur lui un flot de reproches dans un mélange d’anglais et de français qu’autrefois on aurait dit du petit nègre, mais ce genre d’expression n’a plus court, comme on sait.

– « Je ne suis plus votre dear François. Moi président de la République être très en colère, angry. Moi président de la République déclarer votre attitude inacceptable, inadmissible, intolérable. Moi président de la République vous dire shit. Moi président de la République exiger explications et excuses. Ou alors, remember the french intervention au Mali. Take care of moi président de la République. I am not a bouffon. »

Obama baissait la tête sous l’orage et balbutiait vainement la ritournelle bien connue de la vieille amitié franco-américaine, 1776, 1917, 1944, notre protection pendant la guerre froide, La Fayette nous voilà. « US go home », rétorquait le président français. Il n’est pire loup qu’un mouton enragé.

Soudain, le président de la première puissance du monde eut une inspiration. Profitant d’un moment où son interlocuteur reprenait son souffle :

– « Voulez-vous, lui dit-il, que je vous passe une personne qui est auprès de moi et qui aimerait vous dire deux mots ? Vous connaissez, je crois, Leonarda. »

Il y eut un grand blanc. A cinq mille kilomètres de distance, Obama crut voir blêmir Hollande et en sourit de plaisir. Mais l’ancien premier secrétaire du PS était homme de ressources.

– « Avec plaisir, parvint-il à répondre. Mais auparavant, Valérie souhaiterait vous saluer. »

– Allô, Barack, fit une voix féminine mais ferme. Allô, allô, vous m’entendez ?

Il n’y avait plus personne à l’autre bout du fil. Obama avait pris la fuite.

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