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Comment un test de missiles israéliens a failli enflammer la Méditerranée


Publié le 03-09-2013 à 14h56 – Mis à jour à 15h10

Par Vincent Lamigeon

Israël a testé ce mardi son bouclier anti-missiles Arrow 3, en tirant des missiles simulant des Scuds. De quoi mettre le feu aux poudres sur le théâtre syrien.

Ci-dessus la base aérienne israélienne de Palmachin et ses batteries anti-missiles Arrow 3 et Patriot. (LEVINE/SIPA)

C’est un pataquès diplomatique dont les gouvernements se seraient bien passés. Un impressionnant regain de tension militaire après que la Russie a révélé ce matin avoir repéré le tir de deux missiles balistiques en Méditerranée « à 10H16 de Moscou (06H16 GMT) ». Ces tirs ont été détectés « par les stations radar à Armavir » (sud de la Russie), selon le ministère de la défense russe, et étaient lancés « de la partie centrale de la Méditerranée vers la côte est », sans préciser si la Syrie était visée ou non. Le président Poutine a été prévenu, précise le ministère.

Il n’en fallait pas plus pour affoler l’aréopage de la défense mondiale, sur les dents depuis le renforcement de la flotte américaine en Méditerranée, et l’envoi par la Russie de plusieurs navires de renseignement et lance-missiles. Une source russe évoquait même la possibilité que les missiles aient été tirés « par un navire américain ».

Interrogé par Challenges, le ministère de la défense français affirmait ce mardi matin n’avoir « pas d’information » à ce stade sur ce tir, qu’il « ne confirme ni n’infirme ». Le tir était en revanche confirmé par le ministère de la défense britannique, qui a nié toute implication de la Royal Navy. L’OTAN a annoncé vérifier les informations sur le tir des deux engins.

Israël a juste testé son bouclier anti-missiles

Que s’est-il passé? Les missiles fantômes semblent avoir retrouvé leur propriétaire : Israël vient de confirmer un exercice militaire, en partenariat avec les Etats-Unis. Mais les missiles tirés n’ont rien de balistiques, et n’ont pas été délivrés de « navires » : Israël testait en fait son bouclier anti-missiles Arrow 3, en tirant des missiles Sparrow de chasseurs F-15, missiles israéliens simulant des Scuds. Pas d’attaque américaine contre la Syrie donc, pas plus que de tests de missiles balistiques sur ce qui est en train de devenir une poudrière : on avait affaire à de simples tests d’un bouclier anti-missiles israélien, auquel les Etats-Unis contribuent largement en moyens financiers et en technologies.

L’affaire prêterait à sourire si elle ne révélait un surprenant amateurisme des deux côtés. Si la Russie a été prompte à repérer les tirs, elle a été bien moins efficace pour les caractériser, qualifiant de balistiques des missiles conventionnels. Or les missiles « balistiques » sont des armes de longue portée (plusieurs centaines à plusieurs milliers de kilomètres), dont certaines sont équipées de charges nucléaires, comme le M51 français, le Trident américain ou le Boulava russe.

Tout cela n’est pas vraiment rassurant

Ces armements sont délivrés par des sous-marins lanceurs d’engins (SNLE). Un tir d’essai en Méditerranée de ces missiles était plus qu’improbable : les essais se sont toujours en prévenant les états-majors militaires, et en vidant les zones autour de l’impact prévu (sans charge nucléaire, évidemment). La Russie s’est donc perdu dans les missiles : « Un missile-cible a des caractéristiques similaires à un missile, mais il n’intègre pas d’armement et est destiné à simuler un tir pour tester ses propres capacités de détection, de suivi et d’interception », explique Ben Goodlad, analyste de défense au cabinet IHS Jane’s DS Forecast.

Les armées occidentales ne sortent pas plus grandies de l’épisode : plusieurs heures ont passé sans qu’elles aient fait la lumière sur ces tests mis à l’index par une Russie sur les dents, ce qui aurait pu provoquer des conséquences bien plus graves. Israël avait même nié, par la voix d’un porte-parole du ministère de la défense, tout tir de missile en Méditerranée ce matin, avant de reconnaître ces essais en mer. Pas vraiment rassurant en cette période de tension militaire autour du théâtre syrien.

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