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Conférence internationale sur la Syrie : l’irréfléchi préalable français.


dimanche 19 mai 2013 –

Kharroubi Habib

L’Iran a plus que la France le droit de se considérer un acteur international incontournable pour une solution à la crise syrienne.

Dans la crise syrienne, Paris a très tôt plaidé pour un scénario à la libyenne, c’est-à-dire une intervention militaire internationale pour abattre le pouvoir à Damas. Elle a été la première capitale occidentale à reconnaître « l’opposition armée syrienne » en tant que seule représentation « légitime » du peuple syrien. Une initiative par laquelle la France a clairement fait comprendre que le pouvoir syrien en place n’a, à ses yeux, plus de place et aucun rôle à jouer pour ce qui est de l’avenir du pays. L’évolution des événements dans la guerre contre la Syrie a fait apparaître que la France a très mal apprécié la situation et qu’en s’aventurant sur la positon maximaliste et radicale qui est la sienne, elle se retrouve en porte à faux avec celle que les deux puissances au rôle déterminant sur l’issue du conflit, les Etats-Unis et la Russie , prônent désormais de concert; à savoir favoriser la négociation entre les parties qui s’affrontent en Syrie.

Paris a mis donc une sourdine à son activisme belliqueux dans le conflit et a approuvé du bout des lèvres l’accord conclu à Moscou entre les Etats-Unis et la Russie, salué par la majorité de la communauté internationale. Mais elle n’a pas pour autant renoncé à faire obstacle à la solution négociée ,écartée par elle de concert avec le Qatar ,car contraire au dessein commun que les deux pays visent à réaliser en Syrie. On le comprend à l’attitude que vient de prendre la diplomatie française s’agissant de la convocation d’une conférence internationale sur la Syrie à laquelle Russes et Américains se sont attelés depuis l’accord de Moscou et dont l’ONU vient d’en affirmer l’urgence et la nécessité.

Sans remettre en cause le principe de cette convocation, Paris a sérieusement « savonné » la planche à ses initiateurs en posant comme condition la non-participation de l’Iran à la conférence internationale en préparation. Autant dire qu’en acceptant son préalable, les organisateurs de la conférence condamneront celle-ci à un échec inéluctable. Car enfin , l’Iran a plus que la France le droit de se considérer un acteur international incontournable pour une solution à la crise syrienne. Avec Moscou, Téhéran est en effet un allié stratégique du gouvernement  syrien. Prétendre l’exclure des négociations sur une sortie de crise en Syrie revient à pousser ce pays à refuser d’y prendre part. Pour faire « bonne mesure », Paris aurait dû exiger ,de même, l’exclusion de la participation à la conférence du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui sont, eux ,les alliés inconditionnels des mercenaires combattant en Syrie .

Le préalable de Paris est absurde et sa prise en compte serait fatale pour la conférence annoncée. C’est ce qu’en espèrent l’Elysée et le Quai d’Orsay qui l’on formulé. Sans la participation de Téhéran, il n’est de solution qui vaille à la crise syrienne. De cela , tout le monde sauf Paris en est convaincu. Le médiateur international pour le conflit syrien , Lakhdar Brahimi l’a compris  dès le début de sa mission. A aucun moment il n’a estimé que Téhéran devait être ignoré dans la recherche de la solution à même de mettre un terme au conflit et au bain de sang  provoqués en Syrie. Qu’on le déplore ou non, l’Iran est une puissance régionale sans laquelle rien de stable et durable ne peut s’envisager au Moyen-Orient.

Avec son préalable, la France rame à contre-courant des réalités de la guerre menée contre la Syrie. Car si l’absence de Paris pour cette raison à la conférence internationale n’aura pas une incidence décisive sur ses résultats, celle de l’Iran en aura assurément une de la plus grande importance. Paris voudrait continuer à jouer dans la « cour des grands ». Elle en crée l’illusion uniquement quand Washington le lui permet. Mais dans le cas syrien, en reprenant la main, Washington semble avoir décidé de montrer à Paris sa véritable place et son peu de poids  négligeables quand il s’agit de décider de l’issue du conflit.

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