De Washington à Paris, gauche atlantiste & droite sioniste (et vice-versa)
février 23, 2012
Par Louis Denghien
Ce jeudi 23 février est le vingtième jour de la contre-offensive du gouvernement et de l’armée syriens à Homs : les quartiers du sud-ouest de Bab Amr et d’Inchaat continuent d’être le théâtre de l’essentiel des combats, même si l’on signale aussi des tirs dans celui d’al-Khaldiyé, au nord. Des opposants affirment que 80 personnes environ – combattants de l’opposition et civils – ont été tués à Homs mercredi. Les mêmes témoignages parlent de repérage des cibles par des hélicoptères.
Homs 2012 n’est pas Hama 1982
Bien sûr, l’opposition évoque le précédent de Hama en 1982, qui vit une insurrection dirigée par les Frères musulmans écrasée dans le sang par Hafez al-Assad. Mais à Homs, en 2012, ce n’est pas toute une population, contrairement à ce que les médias français racontent en boucle, qui est ciblée, mais des groupes armés s’abritant derrière la population. Du reste, même l’OSDH et autres cyber-opposants parlent, dans leurs bilans truqués, de « centaines » de morts à Homs – activistes compris – depuis des semaines, quand à Hama de 10 à 20 000 personnes ont péri : la seule comparaison de ces deux chiffres dit assez que la « répression » bachariste est une opération militaire méthodique et, autant que faire se peut dans un contexte d’affrontements urbains, ciblée sur les seuls activistes.
Autre élément de désinformation, L’Express fait état de conversations entre officiers syriens et interceptées par les services de renseignements libanais : les officiers syriens y donneraient l’ordre en clair « de tuer n’importe quel journaliste qui met le pied sur le sol syrien« . On pourra s’étonner qu’une telle consigne soit donnée en clair alors que l’armée syrienne doit être la plus écoutée du monde en ce moment ; comme on s’étonnera que le renseignement militaire d’un pays proche de Damas puisse diffuser ce type d’information. D’ici à ce qu’on s’aperçoive que les « services de renseignement libanais » en question soient des agents triples au service du clan Hariri…
L’axe Sarkozy/Hollande/Romney
Bien sûr la mort de deux journalistes, dont un Français, mercredi, continue d’alimenter les attaques contre le régime syrien. Les réactions du couple Sarkozy/Juppé sont connues, mais on doit y ajouter celles de François Hollande, qui a stigmatisé « un régime lâche et barbare qui ne recule devant aucune atrocité » et de sa rivale et néanmoins « supporteuse » Martine Aubry, sans oublier le très géopolitiquement correct et sioniste François Bayrou, tous sur la même longueur d’ondes crypto-atlantiste. Il est patent depuis des années que ce qui sépare ces messieurs-dames est nettement moins important que ce qui les rassemble, par exemple le temps d’un dîner sous les auspices du CRIF. Tous ont dénoncé a posteriori les guerres d’Irak, mais ils sont prêts à remettre ça, avec l’ami américain, en Syrie et, si possible, en Iran.
Du côté de Washington, et en dépit de récentes mises en garde des plus hauts responsables de l’Armée et du renseignement américains, on brandit le sabre, notamment du côté républicain, où les aspirants présidents Mitt Romney et Newt Gingrich rivalisent d’idées pour armer l’opposition syrienne : « Nous devons travailler avec l’Arabie Séoudite et la Turquie pour dire que nous allons fournir le type d’armement nécessaire pour aider les rebelles en Syrie » a ainsi déclaré le plus riche des Républicains. Bref, un remake de George Bush se profile, avec la Syrie dans le rôle de l’Irak.
Maintenant, tous ces gens ont-ils les moyens de leur politique ? Il n’y a pas que la Syrie qui est en ébullition, dans le monde arabe, et les Etats-Unis ne sont pas la seule superpuissance à pouvoir rouler des mécaniques…