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Derniers instants de Saddam Hussein: un de ses bourreaux se rappelle


Dimanche 29 décembre 2013
D’après une dépêche AFP (résumée par Gilles Munier)

Le docteur Mouaffak al-Rubaïe, ancien conseiller pour la Sécurité nationale – nommé par la Coalition pro-américaine – a raconté à l’AFP sa version de la pendaison du président Saddam Hussein dans la prison d’al-Kadhemiya à Baghdad, le 30 décembre 2006, à l’aube.

Rubaïe avait été chargé de superviser l’exécution après une vidéo conférence entre George W. Bush et Nouri al-Maliki. Le président américain avait demandé au Premier ministre irakien ce qu’il comptait faire de Saddam… « ce criminel ». Réponse de Maliki « Nous allons le pendre », et Bush avait levé le pouce en signe d’approbation.

Rubaïe a accueilli Saddam – si l’on peut dire – à la porte de la prison et l’a conduit devant un juge. Il était menotté, tenait un Coran dans une main, et ne manifestait « aucun signe de peur », dit Rubaïe, « Bien sûr certains voudraient que je dise qu’il s’est effondré, ou qu’il était drogué, mais il s’agit de la vérité historique ». Le juge a lu au président irakien la liste des chefs d’accusation portés contre lui, tandis qu’il répétait, en guise de réponse : « Mort à l’Amérique ! Mort à israël ! Longue vie à la Palestine ! Mort aux mages perses ! ». Il ne l’a pas entendu regretter quoi que ce soit.

Rubaïe l’a ensuite amené dans la pièce, pleine de monde, où on allait l’exécuter. En voyant la potence, Saddam s’est tourné vers lui et en le regardant droit dans les yeux lui a dit : « Docteur, çà c’est pour les hommes ! ».

Les jambes du président irakien ayant été entravées, il a fallu le porter jusqu’au gibet. Dans la salle, pendant qu’on lui passait la corde autour du cou, les spectateurs se moquaient de lui ou scandaient : « Vive l’iman Mohammad Baqr al-Sadr ! », « Moqtada ! Moqtada !». Ils évoquaient le souvenir du grand Ayatollah qui avait émis une fatwa jugeant licite le recours à la violence contre le régime baasiste et qui a été exécuté en avril 1980 après un attentat visant Tarek Aziz. Moqtada Al-Sadr – son neveu – était à l’époque chef de l’Armée du Mahdi.

Rubaïe a posé sa main sur le levier commandant l’ouverture de la trappe, pendant que Saddam répliquait à ceux qui criaient ou le raillaient : « Est-ce là un comportement d’homme?». Il a appuyé sur le levier tandis que le président récitait la profession de foi musulmane : « J’atteste qu’il n’y a de Dieu que Dieu et que Muhammad – que la paix soit sur Lui-… mais le mécanisme ne s’est pas enclenché. Une autre main – il ne dit pas à qui elle appartenait – l’a actionné à nouveau et la trappe s’est ouverte. Saddam n’a pas eu le temps de terminer la phrase.

Le corps du président Saddam Hussein a été mis dans un sac blanc et transporté par un hélicoptère américain dans la Zone Verte, à la résidence de Nouri al-Maliki. « Je me rappelle clairement que le soleil commençait à se lever », dit Rubaïe.

Le docteur Mouaffak al-Rubaïe a reçu l’AFP dans son bureau qui jouxte la prison où Saddam Hussein a été exécuté. Il s’est fait photographier près de la tête d’une statue du président irakien qui y trône avec autour du cou une corde qu’il a lui-même passé !

*Les derniers instants de Saddam Hussein (interview de Mouaffak al-Rubaïe – vidéo : 1’44)

Sur le même sujet, lire aussi :
Ode à l’Irak
(poème de prison, par Saddam Hiussein)
http://0z.fr/hJ1f0
Retour sur un procès lynchage
http://0z.fr/eBa4B

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