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Dupond-Moretti, nouvel espoir pour les détenus français de Syrie et Irak et leurs enfants ?



Publié par Gilles Munier sur 10 Juillet 2020, 07:53am

Catégories : #Irak, #Syrie, #Etat islamique

Éric Dupond-Moretti, le 7 juillet 2020. | BERTRAND GUAY / AFP

Revue de presse : Ouest-France (7/7/20)*

Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti sera-t-il aussi favorable au rapatriement des djihadistes Français de Syrie et d’Irak que l’était l’avocat Dupond-Moretti ? Sa nomination nourrit l’espoir de leurs familles et avocats et d’associations.

Peu après l’annonce du nouveau gouvernement lundi 6 juillet au soir, l’avocate Marie Dosé, qui défend plusieurs djihadistes Français de Syrie et d’Irak et réclame leur rapatriement ainsi que celui de leurs enfants, a rappelé des propos tenus l’an dernier par son désormais ancien confrère Éric Dupond-Moretti.

J’attends qu’il passe des paroles aux actes, a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.

« Il faut les rapatrier »

En février 2019 sur LCI, une journaliste avait demandé à Éric Dupond-Moretti s’il était favorable au retour en France des quelque 150 adultes, pour y être jugés, et de leurs près de 300 enfants détenus en Syrie et Irak.

Bien sûr, avait-il répondu. Il faut les rapatrier, surtout lorsqu’ils encourent la peine de mort, les juger en France. Il faut qu’ils aient droit à un procès équitable.

Sur les 150 Français arrêtés pour avoir appartenu au groupe État islamique (EI), la quasi-totalité sont détenus dans les camps et prisons sommaires des Kurdes du nord-est de la Syrie. Et 11 Français sont détenus en Irak, où ils ont été condamnés à mort.

« Ce sont des citoyens français »

La France a voté l’abolition de la peine de mort en 1981, avait ajouté Éric Dupond-Moretti. Ce sont des citoyens français, qu’on le veuille ou non, et on ne peut pas fermer les yeux et faire comme si de rien n’était.

Sur Twitter, le collectif Familles Unies, qui regroupe des proches de ces détenus français, a espéré que son arrivée soit l’occasion d’aborder la question de ces détenus conformément aux droits humains et à la sécurité à long terme, et de rapatrier enfin les ENFANTS français.

Car si la France estime que les adultes doivent être jugés sur place, elle semble plus ouverte au sujet des enfants : 28 ont été rapatriés jusqu’ici, surtout des orphelins ou confiés par les rares mères françaises qui acceptent de s’en séparer.

« Cocotte minute »

Les enfants subissent de plein fouet les conditions de vie précaires dans les camps syriens – en 2019, 371 sont morts dans celui d’Al-Hol, selon une responsable du Croissant Rouge kurde – où l’idéologie de l’EI est toujours prégnante.

Ces camps sont des cocotte minute, avait admis Paris en janvier. En mai, le Centre d’analyse du terrorisme (CAT) avait annoncé que 13 Françaises s’en étaient évadées, une annonce non démentie par le gouvernement.

La nomination d’Éric Dupond-Moretti est une excellente nouvelle pour les enfants, a abondé Me Ludovic Rivière, défenseur de plusieurs enfants, saluant une voix forte qui saura faire valoir ses convictions.

Lors de sa passation de pouvoir avec Nicole Belloubet mardi, où il a notamment affirmé que son ministère serait celui des droits de l’Homme, le nouveau garde des Sceaux n’a pas mentionné le sujet des détenus jihadistes.

Restera-t-il constant dans ses déclarations, et si oui pourra-t-il faire infléchir la politique de la France sur ce sujet très sensible ? Les avis sont peu tranchés.

« Cela reste le pré carré du ministère des Affaires étrangères »

Nicole Belloubet s’était elle aussi prononcée pour le rapatriement mais elle a été rappelée à l’ordre, souligne ainsi Me Rivière.

En janvier, Nicole Belloubet avait évoqué l’hypothèse d’un rapatriement massif de djihadistes français détenus en Syrie au vu de la situation sécuritaire instable sur place. Mais le gouvernement avait aussitôt fait savoir que sa ligne n’avait pas changé.

Cela reste le pré carré du ministère des Affaires étrangères, et on connaît la position de Jean-Yves Le Drian sur le sujet, explique Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de l’association Ensemble contre la peine de mort, qui milite notamment pour le retour des Français condamnés en Irak.

S’il n’imagine pas de changement de doctrine, Raphaël Chenuil-Hazan estime que l’arrivée d’Éric Dupond-Moretti change quelque chose. Ne serait-ce que par sa stature : Jean-Yves Le Drian, estime-t-il, ne tancera pas Éric Dupond-Moretti à l’Assemblée comme il a pu le faire avec Nicole Belloubet.

*Source : Ouest-France (avec AFP)

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