Le grand reporter britannique Robert Fisk en Syrie pour y couvrir la crise affirme s’être rendu à Darayya où un massacre a couté la vie à plus de 300 civils et dont la responsabilité a été rejetée aussi bien par les autorités syriennes que les insurgés.
Premier journaliste occidental à l’avoir visité après le drame, il rapporte une version des faits qui n’a rien à voir avec ce que les agences et les médias occidentaux internationaux. Sur la foi d’un habitant de la localité proche de Damas, qu’il a rencontré à l’écart des militaires, des habitants avaient été pris en otages par des miliciens de l’ASL qui contrôlaient cette ville avant l’entrée de l’armée régulière.
Et toutes les victimes sont des civils proches de soldats recrutés dans l’armée régulière ou de soldats démobilisés. Des négociations avaient eu lieu pour les échanger contre des miliciens de l’ASL détenus par les autorités.
Après avoir « utilisé tous les choix possibles pour parvenir à un accord », les responsables syriens disent avoir pris la décision de reprendre ce quartier. Une femme a raconté à Fisk ,qui l’a rencontré aussi à l’écart des militaires syriens, qu’elle avait vu de ses propres yeux pas moins de dix cadavres jetés au bord d’une rue, bien avant l’entrée des forces gouvernementales. Parmi les victimes figure aussi un employé de la poste « tué parce qu’il est un employe du secteur public », explique un habitant.
La diplomate tchèque : une guerre médiatique contre la Syrie
L’ambassadrice tchèque en Syrie, Eva Phelippe, a estimé que la Syrie est en proie à une guerre médiatique d’une grande ampleur. S’exprimant pour la télévision tchèque, selon Arab-Press, dans la nuit de mardi à mercredi, Mme Phelippe a dit avoir suivi les deux chaines qatarie et saoudienne Al-Jazeera et Al-Arabiyya et s’est rendu compte qu’elles fabriquent des informations ou les amplifient. «
« Lorsque les évènements ont commencé, j’ai regardé la couverture d’Al-Jazeera et Al-Arabiyya et je me suis demandée si ce qu’elles présentent peut être décrit comme de l’information » a-t-elle affirmé révélant qu’elle s’était rendue une fois dans la région Al-Zabadani, censée être en flamme selon les infos d’Al-Jazeera, pour découvrir de ses propres yeux qu’il n’en était rien.
La diplomate tchèque a assuré que ce qui se passe en Syrie n’a rien d’une guerre civile, mais d’un conflit entre le gouvernement et des miliciens. « Il faut mettre le terme « Armée syrienne libre » entre guillemets parce que tous ceux qui portent des armes se déclarent être de l’ASL », a-t-elle conseillé.
Interrogée sur la situation actuelle en Syrie, elle a assuré qu’elle est toujours en faveur du président syrien et estime que l’Europe s’est beaucoup trop précipité depuis un an pour déclarer qu’il était sur le point d’être renversé. Rappelant que 10 pays européens sur 20 gardent encore leurs ambassadeurs à Damas et que les Américains et les Britanniques les ont fermées dès que des éléments d’Al-Qaïda ont fait leur apparition en Syrie.
Massacre à Zamalka contre des Arméniens
L’agence officielle Sana a révélé que les miliciens ont tué à Zamalka, banlieue est de Damas, des femmes et des hommes « sous les yeux des habitants puis ont ensuite rassemblé leurs corps dans la mosquée Kadi Askar ».
« Ils ont piégé la mosquée et comptent tirer au mortier sur l’armée pour la pousser à riposter. Que l’armée réplique ou pas, les terroristes vont faire exploser la mosquée et accuser l’armée de la bombarder et de commettre un massacre pour provoquer des réactions internationales contre la Syrie à la veille de la réunion ministérielle au Conseil de sécurité », poursuit l’agence
Le fait a été rapporté par le site de l’opposition Syria Truth selon lequel les victimes sont 6 membres d’une même famille arménienne (un homme, sa femme, sa sœur et ses trois enfants). La raison en est comme d’habitude qu’ils sont « des collaborateurs du régime ». Le site affirme que le quartier est habité par une communauté arménienne et ismaélite. Ils ont été sommés de quitter leurs maisons et plusieurs bâtiments du quartier ont aussi été détruits.
Germana : le massacre contre des Druzes
Un autre massacre à caractère également confessionnel avait été commis mardi, dans une banlieue est de la capitale et en particulier à Germana. Une voiture piégée a explosé par télécommande dans la rue Tichrine lors des obsèques de deux hommes tués la veille par les miliciens de « Jabhat Nusrat », selon Syria Truth. L’écrasante majorité des 60 tués et 27 blessés appartiennent à la communauté druze syrienne, précise Syria Truth, selon lequel deux Irakiens et un Syrien du quartier Qaboune ont été capturés et semblent être impliqués dans la tuerie.
Quelques jours auparavant, la famille d’un ingénieur a péri dans l’explosion d’une bombe adhésive collée sur sa voiture à partir d’un pick-up. Syria Truth soupçonne la brigade « Bannière de l’Islam » d’être derrière l’attentat.
Selon la chaine de télévision Achtar, le 22 aout dernier, cette ville de 300 mille habitants dont une majorité de druzes, puis des Chrétiens et autres a voulu se démarquer de ses consœurs, refusant d’armer ses jeunes pour se défendre. Dans un communiqué ses notables et dirigeants,qui œuvraient pour la neutralité du conflit en cours en Syrie, l’ont déclarée « une région pour la paix civile et un exemple de coexistence entre ses différentes communautés, religions et ethnies, une ville pour la vie et non une scène de guerre ou de démonstration de force pour personne ».
Un chef milicien tué
Sur l’autre front, dans Damas et sa banlieue, les forces gouvernementales ont tué durant des affrontements un chef milicien œuvrant à Douma et un nombre indéterminé de ses hommes. La mort de Ibrahim Maohammad Al-Bek, originaire de Harasta, et connu sous le nom de guerre « Antar Harasta » (le gaillard de Harasta) a été signalé sur les sites de l’insurrection. Les combats continuaient, notamment dans le quartier de Qaboun (est), a-t-elle précisé.
Des missiles chez les miliciens
Pour sa part, un groupe de miliciens de l’opposition syrienne a déclaré s’être emparé de 10 missiles des arsenaux appartenant à l’armée gouvernementale. Le communiqué dit que le groupe « Bataillons des partisans de l’islam » de la province de Damas a pris possession de missiles ; ce dont témoigne une vidéo publiée sur YouTube et montrant les missiles et le lieu où ils étaient déposés.
Il est impossible de définir le type des missiles, il s’agit de toute évidence de missiles « sol-sol ». Les combattants affirment que quatre missiles étaient prêts au lancement. Damas a laissé l’information sans commentaire.
Une femme médecin de 60 ans enlevée
Au sud de la capitale, des miliciens ont kidnappé la directrice d’un hôpital, situé au cœur du camp palestinien de Yarmouk ,le Dr Mona AsSayghi. « Un groupe armé formé de trois hommes ont pris d’assaut l’hôpital au matin de ce mercredi et ont ouvert le feu dans son couloir conduisant au bureau de la directrice puis l’ont emmenée d’une façon humiliante à bord d’une voiture en dehors du camp », a signalé un médecin de l’hôpital du martyr Fayez Halawé.
Gynécologue de renommée et travaillant dans cet hôpital depuis 25 ans, le Dr AsSayghi a la soixantaine. Son assistant Anouar Sakka a été tué le 5 juin dernier dans l’explosion de sa voiture, alors qu’il accompagnait aux locaux des examens de baccalauréat sa fille qui a été gravement blessée.
Aéroport Taftanaz : une version différente de celle des agences
Du côté de la province d’Idleb, au nord de la Syrie, une source militaire a assuré pour le site Arabs Press que les forces gouvernementales ont repoussé une attaque perpétrée contre l’aéroport militaire de Taftanz par des dizaines de miliciens et leur a infligé de lourdes pertes. Cette source a nié que 5 hélicoptères y ont été détruits durant l’attaque, information véhiculée par une source des insurgés, dans un contact avec l’AFP qui dit ne pas être en mesure de la vérifier..
Selon un rebelle qui dit avoir participé à l’attaque, se faisant appeler Abou Mossab, les miliciens ont bombardé mercredi pendant une heure et demi avec deux chars l’aéroport de Taftanaz, et y ont détruit cinq hélicoptères militaires. Il y est questions aussi de batteries anti-aériennes qui ont été utilisées ».
Le milicien souligne toutefois que l’aéroport était « encore aux mains du régime » et que « les rebelles se sont ensuite retirés et deux de leurs camarades ont été tués ».
Selon lui, les « avions MiG du régime continuent de bombarder les maisons à Taftanaz, vidée de ses habitants ».
A Alep, Arab Press a indiqué que l’armée régulière a nettoyé un hôpital d’enfants dans le quartier de Seif Ed-Dawla qui avait été transformé en siège des miliciens.
Selon le quotidien privé proche du pourvoir, Al-Watan, l’armée a « purifié » trois nouveaux quartiers des rebelles qualifiés de « terroristes ». « L’opération de nettoyage se poursuit dans le reste de la ville ».
Le site Shukumaku signale pour sa part que deux civils ont été tués sur la route Alep-Rakka dans des accrochages entre les forces gouvernementales et « des bandes de miliciens qui commettent des actes de pillage et de kidnapping ». Le site assure que tous les membres de la bande ont été abattus, dont trois miliciens qui ont été identifiés. Des quantités d’armes ont été saisies dans plusieurs quartiers de la capitale du nord.
A Homs, en particulier dans les vieux quartiers de la ville et à Bab-Houd ,31 miliciens ont été tués et 14 autres blessés dans une opération des forces régulières alors que trois soldats ont été blessés lorsque des miliciens ont ouvert le feu contre eux. |