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GEORGES ABDALLAH VA ENFIN SORTIR DE PRISON ! + interview d’Yves Bonnet


 

Aujourd’hui, 10 janvier 2013, la Cour d’appel de Paris a confirmé le jugement du tribunal d’application des peines du 21 novembre 2012 concernant Georges Ibrahim Abdallah.

 

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Cette décision positive constitue une étape décisive dans le long combat judiciaire mené par Georges Ibrahim Abdallah pour obtenir sa libération. Celle-ci reste encore suspendue à la signature d’un arrêté d’expulsion par le ministère de l’intérieur avant le 14 janvier. A cette date, Georges Ibrahim Abdallah comparaîtra – une ultime fois – par visioconférence devant le tribunal d’application des peines, qui statuera finalement sur sa sortie de prison et son retour dans son pays, le Liban.

Après plus de 28 ans de prison, Georges Ibrahim Abdallah va enfin pouvoir rejoindre sa famille, qui n’a pas été autorisée à le voir durant toute sa détention dans les prisons françaises.

Ces 28 ans d’emprisonnement ont reposé, rappelons-le, sur une machination politico-judiciaire, reconnue depuis par certaines des plus hautes personnalités de l’État. Ces années de détention ont été prolongées par l’acharnement des gouvernements successifs, alors que Georges Ibrahim Abdallah était libérable depuis 1999.

Mais ces 28 ans de prison ne sont pas parvenus à briser la résistance de notre camarade, qui n’a jamais renié son engagement politique communiste durant ces longues années et qui n’a jamais failli dans la solidarité qu’il a toujours exprimée à l’égard des peuples en lutte, avec le peuple palestinien tout d’abord.

C’est cette force de résistance de Georges Ibrahim Abdallah qui a stimulé le mouvement de soutien exigeant sa libération, dont les manifestations se sont multipliées ces derniers temps, non seulement au Liban et partout en France, mais aussi en Belgique, en Tunisie, en Allemagne…

Nous sommes fiers d’avoir lutté aux côtés d’un camarade aussi digne et résolu dans son combat contre l’impérialisme et le sionisme, pour la liberté.

 

Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah

Paris le 10 janvier 2013.

Contact : liberonsgeorges@no-log.org

 

Yves Bonnet raconte les dessous de l’affaire Abdallah

 PUBLIÉ LE 07/01/2012

JUSTICE

Georges Ibrahim Abdallah arrivant au palais de justice de Tarbes, le 1er décembre 2009. Il lui était reproché d'avoir refusé un prélèvement ADN…/Photo DDMJoël Boyé ()

Georges Ibrahim Abdallah arrivant au palais de justice de Tarbes, le 1er décembre 2009. Il lui était reproché d’avoir refusé un prélèvement ADN…/Photo DDMJoël Boyé

Ancien patron de la DST et ancien député UDF, le préfet Yves Bonnet réclame la libération de Georges Ibrahim Abdallah, le plus vieux prisonnier politique de France, détenu à Lannemezan. Il dénonce une « vengeance d’état ». Interview.

Vous étiez le patron de la DST au moment de l’arrestation de Georges Ibrahim Abdallah, en 1984. Que lui reproche-t-on, à l’époque ?

En fait, lorsque nous l’arrêtons, nous ne savons pas qui il est. Mais en garde à vue, il profère des menaces et met en avant son appartenance au service de sécurité de l’OLP. Manque de chance, j’entretiens des relations amicales avec Abou Iyad, n° 2 de l’OLP et je sollicite les Israéliens de l’autre côté. C’est alors que nous l’identifions comme chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises, un groupe marxiste pro-palestinien, responsable d’attentats et ayant tué trois personnes en France. Mais nous n’avons rien de sérieux contre lui, juste une histoire de faux papiers, de détention d’armes et d’explosifs…

Que se passe-t-il alors ?

Au Liban, les FARL sont un groupe résolu, impossible à infiltrer, reposant sur une vingtaine de personnes issues de trois familles de Koubeyat, un village près de Tripoli. Georges Ibrahim Abdallah arrêté, en mars 1985, elles s’emparent de Gilles Sidney Peyroles, directeur du centre culturel français de Tripoli et le fils de l’écrivain Gilles Perrault. On se retrouve donc avec une sale histoire d’enlèvement sur les bras. J’étais au siège de la CIA, à Langley et Paris me demande de rentrer d’urgence. Il faut négocier un échange. Jusque-là, Georges Ibrahim Abdallah est accusé de délits, il n’a pas de crime sur le dos. Les Algériens s’engagent et servent d’intermédiaires, je donne mon accord pour l’échange sans que Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur ne s’y oppose. Gilles Peyroles est libéré. Mais malheureusement pour Georges Ibrahim Abdallah, dans le même temps, on trouve dans une planque des FARL l’arme qui a servi à tuer MM. Charles Ray et Yacov Barsimentov et là, le dossier change de dimension, la justice ignorant les tractations et l’accord que j’avais passé avec l’Algérie. Pour Georges Ibrahim Abdallah, on me dit « son compte est bon. » Je me sens très mal parce que j’ai donné ma parole à mes amis algériens qui se sont énormément mouillés dans le dossier et je suis lâché par les politiques.

Condamné dans un premier temps à 4 ans de prison pour la détention d’armes et de faux papiers, Georges Ibrahim Abdallah est ensuite condamné à perpétuité. Cela fait 28 ans qu’il est prisonnier et à plusieurs reprises, vous avez réclamé sa libération. Officieusement, d’abord, officiellement désormais. Pourquoi ?

J’ai un problème de conscience avec cette affaire. La France a trahi la parole donnée et on a voulu faire croire qu’à l’époque, Bonnet avait négocié tout seul. Je trouve cela ignoble car cela revenait à me mettre directement dans le collimateur des FARL. Aujourd’hui, presque 30 ans après les faits, je trouve anormal et scandaleux de maintenir encore Georges Ibrahim Abdallah en prison. Je considère qu’il avait le droit de revendiquer les actes commis par les FARL comme des actes de résistance. Après on peut ne pas être d’accord, c’est un autre débat. Mais il faut se souvenir du contexte, aussi, des massacres de Sabra et Chatilah dont les coupables n’ont jamais été punis. Et aujourd’hui, la France garde cet homme derrière les barreaux alors qu’elle a libéré Maurice Papon ? J’aimerais rappeler aussi qu’on a remis en liberté l’assassin de Chapour Baktiar, qui lui, sur ordre de l’Iran, avait décapité l’ancien Premier ministre au couteau et lui avait coupé les mains. Ce type-là, qui a commis un crime atroce, a été libéré moins de 20 après les faits. Georges Ibrahim Abdallah, lui, est plus mal traité qu’un serial killer alors qu’il a commis des actes politiques.

S’agit-il alors d’une vengeance d’état, contre Georges Ibrahim Abdallah ?

Je pense que oui et c’est absolument lamentable, d’autant plus qu’il a déjà eu un avis favorable de libération localement. C’est Paris qui refuse par rapport à ses alliés. Je demande à ce que la justice m’entende dans ce dossier.


Prison à perpétuité

1982, la guerre du Liban fait rage. Le 18 janvier, l’attaché militaire adjoint des Etats-Unis en France, le lieutenant-colonel Ray, est tué à Paris par les Fractions armées révolutionnaires libanaises. Le 3 avril, Yacov Barsimentov, diplomate israélien en poste à Paris, est aussi victime d’un attentat des FARL. Puis le consul américain, à Strasbourg.

Pour les FARL, qui se revendiquent comme une organisation de résistance, Ray et Barsimentov sont deux officiers de renseignement d’armées d’occupation au Liban. Logique de guerre inacceptable pour la France pour qui il s’agit d’actes terroristes commis sur son territoire.

Le 26 janvier 1987, considéré comme le chef présumé des FARL, Georges Ibrahim Abdallah est condamné à perpétuité, mais sans peine de sûreté, pour « complicité d’assassinats ». En 2004, la Cour d’appel de Pau avait accepté la demande de libération conditionnelle de ce « prisonnier modèle ».

Propos recueillis par Pierre Challier

ladepeche.fr

 

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