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Guerre en Syrie : la Belgique, une partie du problème


 

 

Que pouvons-nous faire pour la Syrie ? Cette question empêche de nombreuses personnes de dormir. À raison, car la mort et la destruction provoquées par la guerre sont terribles. Et notre pays est complice. Non pas parce qu’il « en est le spectateur impuissant » comme certains le prétendent, mais parce que la Belgique ainsi que l’UE et une série de pays de l’OTAN jettent de l’huile sur le feu. Que se passe-t-il réellement

« L’ingérence très poussée de différents États membres de l’OTAN (les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Turquie en tête) et leurs alliés du Golfe (l’Arabie saoudite et le Qatar), avec le soutien du gouvernement belge ne fait que mettre de l’huile sur le feu. La population syrienne en paie le prix. Notre gouvernement doit immédiatement arrêter de faire partie du problème », estime le mouvement de solidarité belge intal.

Sanctions et intervention = de l’huile sur le feu

Le conflit en Syrie ne pourra cesser que grâce à des négociations. Le soutien extérieur, diplomatique et/ou militaire, aux mercenaires ainsi que les menaces formulées et les conditions posées au gouvernement syrien découragent toutefois le dialogue.

L’ingérence occidentale entrave ainsi les négociations pourtant inévitables et les remet à plus tard, avec toutes les conséquences que cela engendre. Nos armes contribuent à l’escalade de la violence et au nombre croissant de victimes civiles, ce qui ne fait que compliquer la réconciliation finale. Bref, une spirale infernale, de laquelle notre gouvernement doit s’extraire.

Les sanctions économiques à l’encontre de la Syrie, elles aussi, n’engendrent que davantage de misère. Elles ne limitent en aucun cas la violence. Par contre, elles privent la population syrienne, les plus faibles en tête, du droit d’accès à des soins de santé adéquats, à la nourriture et à l’eau potable, comme la revue médicale The Lancet l’a relaté. Ces sanctions doivent immédiatement être levées.

Hypocrisie « humanitaire » et mensonges des médias

L’ingérence en Syrie montre que notre politique étrangère au Moyen-Orient repose sur le principe de « deux poids, deux mesures ». Après l’Irak et la Libye, c’est maintenant au tour de la Syrie de subir une thérapie de « changement de régime », mais nos deux partenaires, l’Arabie saoudite et « l’israël » (qui ont, respectivement, une dictature féodale sans constitution et l’occupant de la Palestine,et  ne donc sont pas vraiment des amis des droits de l’homme), bénéficient de relations cordiales et d’accords économiques et stratégiques.

Comment faire accepter une telle situation ?

Toute guerre est menée par une offensive de propagande visant à rendre impossible une vision réelle du conflit. Les pays membres de l’OTAN disposent à cet égard de gigantesques budgets de relations publiques et nos journalistes sont malheureusement à la disposition de ces mannes. Si l’on garde à l’esprit la désinformation sur la Yougoslavie, l’Irak et la Libye, il serait insensé de présumer que les informations sur la Syrie soient fiables. Nous appelons tout le monde à rester vigilant sur les mensonges des médias et le chantage affectif.

Il reste une question : pourquoi la Syrie ?

Vue générale : mettre des bâtons dans les roues des BRICS

Derrière l’écran de fumée de « l’humanitaire » se cachent, comme toujours, des intérêts économiques et géostratégiques. À travers la Syrie, c’est l’Iran, riche en pétrole et en gaz, qui est aussi visé – il s’agit d’ailleurs d’une campagne qui dure depuis des années déjà. Si l’on analyse sérieusement les motifs d’intervention en Syrie et en Iran, les éléments suivants ne peuvent être mis de côté :
Les relations Nord-Sud sont en train de basculer. Les pays « BRICS » (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) jouent un rôle de plus en plus important sur la scène internationale. En 2000, les États-Unis et l’Europe représentaient encore 63 pour cent de l’économie mondiale, en 2013 seulement 50 pour cent et en 2030, ce chiffre pourrait encore diminuer, selon The Economist, pour n’atteindre que 33 pour cent. [1]

Les pays membres de l’OTAN tentent par tous les moyens de contrer cette tendance. Ils veulent, autant que possible, réserver l’accès aux matières premières mondiales, aux marchés et à la main d’œuvre bon marché pour leurs propres multinationales. Comme si les pressions politiques et économiques ne suffisaient pas, les États-Unis et l’Europe n’hésitent pas à intervenir militairement, ou à laisser d’autres intervenir, afin de rappeler à l’ordre les pays « indisciplinés », qui optent pour un développement indépendant ou préfèrent être en affaires avec nos concurrents. [2]

Voilà à tous les coups le réel moteur des interventions occidentales. Et la crise économique ne fera que renforcer cette logique.

Pas en notre nom !

Nos dirigeants politiques se rendent vraisemblablement compte que la population belge ne soutient pas leur politique, coûteuse et agressive, d’intervention au profit d’1 pour cent de la population mais payée par 99 pour cent. C’est pourquoi ils confèrent aux interventions militaires une coloration humanitaire et étouffent le débat parlementaire (cf. Mali 2013 et Libye 2011). De telles pratiques ne sont pas dignes d’une démocratie.

Nous disons : « Pas en notre nom ». Nous exigeons du gouvernement belge qu’il s’oppose à ses partenaires de l’UE et de l’OTAN contre toute nouvelle intervention dans le drame syrien. Les sanctions économiques européennes et le soutien aux rebelles, qui découlent de calculs géostratégiques, constituent un crime contre la paix et contre le peuple syrien, qui ne nous a causé aucun tort.
Notes

1 The Economist, Special Report, The World Economy, 24 septembre 2011, p. 4
2 Voir aussi le texte sur la vision d’intal : http://www.intal.be/files/visie_intal_09_nl.doc

Traduit par:

Julia Poncin

 

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