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Irak : La croisade sans espoir du complexe militaro-industriel


Le 15 février 2021: des tirs de rockets sur la base Us d’Erbil tuent un « contractor » et en blessent 6 autres

Par Danny Sjursen (revue de presse : Les Crises – 30/3/21)*

Danny Sjursen affirme que la mort de ces sous-traitants, autrefois invisibles, pourrait entraîner les États-Unis dans une nouvelle phase d’une guerre sans espoir et inutile.

Le président Joe Biden a lancé une frappe sur les milices soutenues par l’Iran en Syrie, apparemment en représailles à des attaques au missile contre les forces américaines.

De telles attaques n’auraient pas dû prendre la Maison Blanche par surprise. Après tout, c’est la mission militaire américaine confuse et la présence continue des troupes qui créent presque toutes les conditions de la crise actuelle. Le fait que cette pillule de vérité particulière puisse être plutôt désagréable à avaler ne la rend pas moins vraie.

Si Biden a besoin de preuves, il pourrait envisager d’appliquer ce que l’on pourrait appeler sa propre « Règle Biden », selon laquelle ses collaborateurs doivent éviter d’utiliser un langage trop académique ou élitiste dans les mémos ou les documents politiques. « Prends ton téléphone, appelle ta mère, lis-lui ce que tu viens de me dire », leur aurait-il dit – « Si elle comprend, nous pouvons continuer à nous parler. »

Joe pense-t-il vraiment que la plupart des mères, des pères ou des autres citoyens non professionnels américains pourraient honnêtement expliquer ce que les troupes américaines font – jusqu’à y perdre la vie – en Irak, presque 18 ans après l’invasion initiale de George W. Bush ? Laissez tomber ! Tous ces vœux pieux de Washington concernant la prévention de la résurgence de l’EI, « le renforcement des capacités de nos partenaires » et l’équilibre avec l’Iran, sont de nature à faire que même un gars de la ville comme Biden fasse rire dans un pub à Scranton.

Néanmoins, ces attaques pourraient très bien faire dérailler l’intention annoncée par Biden de rétablir l’accord nucléaire iranien d’Obama, voire conduire à une escalade militaire. Après tout, au début de la semaine, l’OTAN a accepté de multiplier par huit le contingent de sa mission de formation et de conseil en Irak, et le secrétaire d’État Antony Blinken a lui-même entamé une révision de la politique américaine en Irak – afin d’y inclure les réactions du Pentagone – qui pourrait arriver sur le bureau de la Maison Blanche dès le mois prochain.

Au cours du mois de février, trois attaques au missile ont été menées contre des bases américaines en Irak, visant chacune des régions communales du pays : Erbil dans le Kurdistan semi-autonome, une autre à Balad dans une province majoritairement sunnite de Salah al-Din, et enfin la zone verte de Bagdad, très chiite (surtout depuis les nettoyages ethniques de la guerre civile de 2005-2008). Il semble que les troupes américaines et – nous y reviendrons bientôt – les sous-traitants en sécurité ne soient toujours pas en sécurité en Irak.

C’est étrange, car je me souviens de nombreuses déclarations passées (et prématurées) selon lesquelles « la montée en puissance a fonctionné, et nous avons vaincu I’EI. » Eh bien, la première partie [le succès de l’opération] a toujours été une farce, et, alors que la deuxième est fondamentalement vraie – en dépit des opérations de nettoyage que les forces irakiennes et régionales investies peuvent gérer – ce n’est pas I’EI qui va être blâmé pour la récente pluie de missiles. Non, cette stature de super-vilain appartiendra, comme toujours, à l’Iran.

L’Iran, le faux croquemitaine

L’iranophobie et l’alarmisme à propos de Téhéran sont des cadeaux qui ne cessent d’être offerts à Washington, enfin plutôt aux entreprises Lockheed et Raytheon. Seulement, la menace n’a pratiquement aucun fondement. Tout cela n’est que du théâtre politique, un faux jeu de reproches binaires destiné à la consommation intérieure et à l’envoi de signaux aux copains israéliens et à ceux des monarchies du Golfe. Le fait est que, derrière un tel drame, de vraies personnes meurent.

Tout commence avec cette certitude affichée à la fois, ce qui devrait être suspect, par les décideurs politiques des deux bords et par les médias : Téhéran tire toutes les ficelles des lanceurs de roquettes. Prenez Ned Price, porte-parole du libéral et courtois Département d’État de Biden. Il a déclaré, après l’attaque de lundi (22 février, NdT) contre la zone verte de Bagdad, que les États-Unis tiennent l’Iran pour responsable de la récente vague de tirs de missiles.

Puis il y a l’ancien secrétaire d’État adjoint de Trump pour la politique du Moyen-Orient, David Schenker, qui était sûr – après l’attaque initiale d’Erbil – que : « En fin de compte, tout cela est lié à l’Iran – les missiles, l’armement, le financement, la direction viennent tous de Téhéran. » Mais là encore, il est toujours bon de considérer la source.

En l’espèce, Schenker est maintenant chercheur principal à l’Institut de Washington pour la Politique du Proche-Orient – connu pour sa position résolument et sans critique en faveur d’Israël, et initialement financé par le Lobby israélien – les donateurs les plus importants de l’AIPAC, avec du personnel de l’AIPAC, et situé à l’origine à deux pas du siège de l’AIPAC à Washington.

Puis lachez Douglas Silliman, ancien ambassadeur américain en Irak de 2016 à 2019, qui a affirmé après l’attaque d’Erbil : « Je n’ai aucun doute sur ce qui est derrière tout cela. Ce sont les milices chiites irakiennes soutenues par l’Iran qui sont derrière ça.

Mais là encore, un observateur avisé doit faire appel au bon sens du rappeur 50 Cent, originaire du Queens, et donc « prendre pied dans le « club » de Washington pour demander : « Who you wit ? » (T’es avec qui ?)

Dans le cas de Silliman, et on ne parle pas ici de G-Unit [groupe de rap dont 50 Cent fait partie, NdT] mais bien de l’Institut des États arabes du Golfe qui est devenu sa « clique » de service, après son passage au gouvernement. En fait, il est le président de cette foutue chose. Gardez cela à l’œil, ça pourrait avoir de l’importance, vu que depuis la création du think tank en 2015, il a été entièrement financé par des sources émiriennes et saoudiennes. Vous savez, c’est suffisant pour se demander si les financiers de Silliman, les autocrates du Golfe – enfermés comme ils le sont dans une quasi-guerre perpétuelle avec l’Iran – pourraient considérer comme un retour sur investissement (jeu de mots) le fait que le vieux Doug mette les dernières bombes sur Bagdad sur le dos de Téhéran.

Pourtant, si l’on met de côté ces conflits d’intérêts pour les besoins de l’argumentation, les affirmations de Schenker et de Silliman sur l’Iran-omniscient semblent un peu trop parfaites, trop commodes pour les faucons de Washington.

Peut-être que ces armes spécifiques sont venues d’Iran, peut-être pas. Cependant, celles de Téhéran ne sont pas les seules disponibles. L’Irak est depuis longtemps inondé d’armes, comme le savent trop bien tous ceux qui ont déjà arpenté les rues de Bagdad, ou ceux qui ont effrayé quelques familles par des fouilles agressives de leurs maisons tard dans la nuit.

En outre, malgré la propension des deux partis de Washington à « créer les ennemis dont ils ont besoin » [afin d’engranger profits et pouvoir, bien entendu] – en fabriquant des ennemis qui semblent hauts de trois mètres et à l’épreuve des balles – la vérité est que l’Iran n’a pas la moitié d’une force armée, ni le contrôle clair d’intermédiaires irakiens, comme les faucons voudraient vous le faire croire.

Sur le plan militaire, Téhéran est surtout faible et totalement incapable de projeter une réelle puissance très loin. En outre, comme je l’ai noté dans une analyse des priorités de défense de 2019, les alliés des Américains qui, dans la région, s’opposent à l’Iran – la Turquie, Israël, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis, par exemple – dépensent militairement dix fois plus que Téhéran !

Pour ce qui est de la mainmise prétendument inébranlable de l’Iran sur les milices irakiennes qui lanceraient tous ces missiles – si ça n’est pas tout à fait une vue de l’esprit, la situation est certainement beaucoup plus complexe et ambiguë que tout cela. Même certains officiers supérieurs l’admettent à l’occasion.

Par exemple, après l’attaque d’Erbil, le commandant adjoint pour la stratégie de la mission de lutte contre l’EI au sein de la coalition menée par les États-Unis, le général de division de l’armée britannique Kevin Copsey, a émis l’hypothese que la fusillade était probablement l’œuvre d’une branche, et non de leur noyau, des principales milices généralement liées à Téhéran. Il a également constaté le concept crucial – si souvent ignoré – d’agence locale : les paramilitaires et les politiciens qui leur sont associés poursuivent des motifs et des intérêts personnels lorsqu’ils décident d’entreprendre une action violente.

Copsey l’a décrit ainsi : « Vous avez vos principales milices, dont on peut dire qu’elles sont influencées par Téhéran, et puis vous avez ces groupes dissidents qui ont des intérêts personnels. Ils sont imprévisibles et hors de contrôle. » Permettez-moi de faire remarquer que les mots clés sont « vraisemblablement, intérêts personnels et imprévisibles. » Lorsqu’il s’agit de rébellions, de conflits par procuration et de guerres civiles, les choses sont rarement claires, et toujours aléatoires.

Voici le problème de base : l’invasion militaire américaine de 2003, malavisée et illégale, a provoqué la majeure partie de la folie actuelle ; les sanctions fondées sur une « pression maximale » et les bruits de bottes de Trump, se sont retournés contre lui de manière prévisible et démontrable ; la capacité militaire offensive de l’Iran est en fait plutôt limitée et très exagérée. Pourtant, la seule arme dont ce dernier dispose – ainsi que les milices sur lesquelles Téhéran peut ou non avoir de l’emprise –, sont plusieurs variantes de missiles balistiques et de croisière.

Pour résumer, donc : la mission trouble et sans issue de l’Amérique mise tout sur la seule armée viable de Téhéran, non seulement en renforçant les partisans de la ligne dure au sein de son gouvernement, mais en transformant nos soldats toujours admirés en guère plus que des aimants à fusées désemparés.

Le contexte est important

Si Biden renforce la mission de combat par procuration de l’armée américaine contre l’Iran – sous prétexte de l’élimination de l’EI – cela constituera, à mon avis, la quatrième phase de cette guerre américaine de plus de 30 ans contre ou en Irak. Appelez-la « Guerre d’Irak saison 5 ». Demandez à n’importe quel producteur de cinéma : les suites se vendent bien, même si elles sont généralement artistiquement déplorables (le Parrain II mis à part, bien sûr). Le prix de la série en cours a été payé par le décès de quelque 2,5 millions d’Irakiens – bombardés, abattus, affamés ou malades – au cours de ces trois décennies de la vieille école impériale.

En janvier 2020, les amis américains du gouvernement irakien sont allés jusqu’à assassiner le haut responsable politique et militaire iranien Qasem Suleimani – sur le sol irakien, et sans en informer le gouvernement de Bagdad – défiant et insultant ainsi la souveraineté irakienne. Cela a déclenché (vous l’imaginez) une vague de fureur politique non encore retombée dans les deux pays voisins. En réponse, le parlement irakien a voté pour demander au gouvernement de « mettre fin à toute présence étrangère sur le sol irakien et d’empêcher l’utilisation de l’espace aérien, du sol et de l’eau irakiens pour quelque raison que ce soit » par des troupes étrangères.

Washington a immédiatement ignoré la volonté démocratique de la démocratie irakienne qu’il prétendait avoir construite par le biais de son invasion de 2003, intitulée de manière absurde « Opération liberté irakienne ». Il n’y a peut-être (pour l’instant) que 2 500 Américains en uniforme dans le pays, mais aujourd’hui, une grande partie de ce qui préoccupe depuis longtemps l’Irakien moyen est l’utilisation par Washington de sous-traitants de sécurité civils en tout genre – et souvent déséquilibrés – pour assurer une grande partie de l’occupation.

Camouflage de mercenaires

Étant donné les antécédents peu glorieux des mésaventures des mercenaires américains, on peut peut-être pardonner aux Irakiens leur exaspération à l’égard de la présence américaine dans leur pays. La colère a tendance à se manifester par vagues et s’est à nouveau enflammée le mois dernier, lorsque le cher Donald a gracié quatre entrepreneurs de sécurité américains – de la tristement célèbre équipe Blackwater – pour leur rôle dans le massacre de 17 civils irakiens autour de la place Nisour à Bagdad en 2007.

J’étais en ville pour ce spectacle de malades, et nous, en uniforme, avons certainement ressenti une partie du retour de bâton bien compréhensible. Il est clair que les décideurs américains ne sont pas exactement connus pour leur clairvoyance. Pourtant, il ne semble pas aussi scandaleux que le prétendait le secrétaire d’État Blinken que certains irakiens puissent lancer quelques missiles sur quelques bases étrangères – et beaucoup de leurs compatriotes considèrent cela comme une résistance légitime – alors que les « amis » washingtoniens de leur propre gouvernement viennent de laisser quatre tueurs d’enfants irakiens s’en tirer. Je ne sais pas, traitez-moi de fou.

Quoi qu’il en soit, tout cela soulève la question, pas si mineure, du mécanisme obscur des contrats de sécurité de l’Amérique en Irak – une externalisation de l’occupation aussi ancienne que l’aventure elle-même. Le processus de privatisation du combat et de la logistique se révèle omniprésent lorsque l’on décompte les victimes de ces attaques à la roquette. Ces dernières années, la majorité des morts et des blessés étaient le plus souvent des sous-traitants. Par exemple, la frappe de samedi soir sur la base aérienne de Balad aurait blessé un Sud-Africain – je sais, c’est un peu évident pour le jeu des mercenaires – un employé de la société de défense américaine Sallyport.

Cette filiale de Caliburn International LLC – qui compte pas moins de cinq généraux et amiraux à la retraite dans son conseil d’administration, dont l’ancien chef de cabinet de la Maison Blanche de Trump, John Kelly, et l’ancien directeur de la CIA de l’ère Bush, Michael Hayden – avait été engagée pour fournir des services de base en soutien au programme de chasseurs F-16 de l’Irak.

Caliburn est peut-être mieux connu pour une autre de ses filiales qui exploite la plus grande installation en Amérique pour les enfants migrants non accompagnés. Cependant, en 2018, le gouvernement américain aurait versé à Sallyport elle-même plus d’un milliard de dollars depuis 2014 pour assurer la sécurité, les urgences medicales et diverses formations sur la base aérienne de Balad.

Là-bas, Sallyport s’est retrouvée embourbée dans des scandales passés. En 2019, un rapport du Daily Beast indiquait que le ministère de la Justice enquêtait sur le rôle antérieur présumé de l’entreprise dans la corruption de responsables gouvernementaux irakiens en échange de contrats coûtant des milliards aux contribuables américains. L’enquête précédente de 2017 du Daily Beast a également révélé qu’une clique d’agents de sécurité sud-africains blancs – la nationalité même de l’employé qui aurait été blessé lors du récent tir de roquette – avait fait la promotion de l’apartheid et abusé de membres des minorités de Sallyport (ainsi que, apparemment, des chiens locaux de la base).

À propos, l’ironie de Washington – en pleine période de troubles raciaux récurrents dans son pays – qui engage des milliers d’anciens soldats de l’apartheid pour gérer ses conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, défie totalement l’imagination.

Alors bien sûr, il existe des liens essentiels – quoique rarement rapportés – entre ces sous-traitants et les récentes attaques à la roquette. Cependant, en agrandissant la focale, on découvre une folie mercenaire bien plus importante et systémique qui masque – et sous-tend – l’ensemble de l’entreprise américaine en Irak et dans le Grand Moyen-Orient. Et à moins que Joe le-statu-quo et un Congrès largement acheté et vendu (par les contributions de l’industrie militaire aux campagnes électorales) ne s’attaquent à cet ennemi invisible, alors le fait de jouer à la marge avec des uniformes et des bottes sur le terrain ne changera rien, de manière mesurable, au fiasco de l’aventure régionale de l’Amérique qui dure depuis deux décennies.

Oh, et en parlant de ces maîtres du complexe militaro-industriel qui financent les représentants du Congrès ayant le pouvoir de mettre fin à toute cette croisade sans espoir, rappelez-vous que les F-16 que Sallyport a obtenus pour l’armée de l’air irakienne sont produits par Lockheed Martin. Rien que pour les élections de mi-mandat de 2018, Lockheed a octroyé 2 865 014 dollars sous forme de prix du sang à ceux du Capitole.

Mais ce n’est pas tout. Considérez l’ampleur de la filière des sous-traitants américains, chiffres à l’appui : En 2019, le Pentagone a dépensé 370 milliards de dollars en contrats – en d’autres termes, plus de la moitié de ses dépenses discrétionnaires totales. Selon les propres calculs du DOD – au cours du premier trimestre de l’année fiscale 21 – cela se traduit par 38 164 employés d’entrepreneurs soutenant les opérations du Pentagone dans la seule zone de responsabilité (AOR) du Commandement central américain (CENTCOM, de l’Égypte à l’Afghanistan essentiellement). Cela inclut 4 677 personnes dans le sous-théâtre Irak-Syrie, dont 2 300 citoyens américains. En d’autres termes, les sous-traitants sont maintenant deux fois plus nombreux que les militaires américains dans la sphère du CENTCOM.

Il y a un objectif, et un coût, à tout cela. Selon son rapport de juin 2020, « l’économie de camouflage » des contrats comme l’appelle Heidi Peltier, du projet Coût de la guerre de l’université Brown, a été utilisée par le gouvernement américain pour dissimuler les coûts – en argent, en tueries et en sang américain – de ses missions militaires interminables et tortueuses. La preuve en est la mortalité : depuis 2001, quelque 8 000 sous-traitants américains sont morts dans les aventures américaines au Moyen-Orient, soit plus que les 7 056 décès de soldats en uniforme recensés officiellement par le Pentagone.

Le fait que peu de gens le savent révèle son utilité politique pérenne. Une recherche d’une minute sur Google permet d’obtenir des statistiques précises, à l’unité près et à jour, sur les décès dans l’armée américaine, mais je ne voudrais pas que mon pire ennemi ait à fouiller dans les archives du ministère du travail pour trouver des informations sur les décès des sous-traitants. Croyez-moi, c’est une chute dans un trou noir, assez ahurissante pour faire sourire Kafka. Et, en l’état actuel des choses, de nouveaux décès de ces prestataires autrefois invisibles pourraient finir par entraîner les États-Unis dans une nouvelle phase de guerre inutile et sans espoir en Irak. Cela mériterait le prix de la tragicomédie de la politique étrangère américaine pour 2021.

Écoutez, j’aime contextualiser ainsi que la nuance, comme tout le monde, mais parfois la simplicité de la loi de Sutton – un mantra médical selon lequel, lorsqu’on pose un diagnostic, il faut d’abord vérifier qu’il est compatible avec ce qui est évident – est la meilleure prescription politique. Ce dictat découle de la vie réelle du célèbre héros populaire criminel Willie Sutton, qui, lorsqu’on lui demandait pourquoi il volait des banques, répondait – peut-être de manière apocryphe – « Parce que c’est là que se trouve l’argent ! » C’est une histoire marrante, le genre d’histoire qui plaira sûrement à Biden.

Et, dans un sens, cela retrace le chaos d’aujourd’hui. Demandez à un ayatollah ou à un milicien local pourquoi il s’en prendrait aux bases américaines en Irak. Un petit malin pourrait répondre avec justesse : « Parce que c’est là que sont les Américains ! »

En d’autres termes… parce que nous sommes là.

Danny Sjursen est un officier retraité de l’armée américaine et un collaborateur de la rédaction de antiwar.com. Son travail a été publié dans le LA Times, The Nation, Huff Post, The Hill, Salon, Truthdig, Tom Dispatch, entre autres publications. Il a servi dans des unités de reconnaissance en Irak et en Afghanistan et a ensuite enseigné l’histoire à West Point, son alma mater. Il est l’auteur d’un mémoire et d’une analyse critique de la guerre d’Irak, Ghostriders of Baghdad : Soldiers, Civilians, and the Myth of the Surge. Son dernier livre s’intitule Patriotic Dissent : America in the Age of Endless War. Suivez-le sur Twitter à @SkepticalVet. Consultez son site Web professionnel pour obtenir des informations sur les contacts, la programmation de ses interventions et/ou l’accès à l’ensemble de ses écrits et de ses apparitions dans les médias.

*Source: Les Crises

Version originale : Consortium News, Danny Sjursen, 26-02-2021

Traduit par les lecteurs du site Les Crises

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