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Israël fournit-il des armes à Al-Qaïda en Syrie ?


Tarik Hassan 12 février 2014

Israël fournit-il des armes à Al-Qaïda en Syrie ? (Middle East Monitor)

Un des sujets que le Président syrien ne cesse de répéter depuis le déclenchement de la guerre civile et du soulèvement en mars 2011 est que l’opposition est constituée dans son ensemble d’extrémistes islamistes et d’Al-Qaïda, et qu’aucune présence laïque ou démocratique n’a motivée le

Dans une interview accordée lundi 26 janvier au Foreign Affairs Magazine, Bashar Al-Assad a réitéré cette accusation. Selon lui, Israël est en train de prêter main forte à Al-Qaeda en Syrie. Il a de ce fait repris une blague que les Syriens racontent entre eux et qui cite : « Comment pouvez-vous prétendre qu’Al-Qaïda ne dispose pas d’une armée de l’air ? Mais bien sûr qu’elle possède l’armée de l’air Israélienne. »

Il a affirmé que les frappes israéliennes périodiques contre des positions de l’armée Syrienne semblent toutes intervenir à point nommé pour coïncider avec les offensives des rebelles.

Ceci dit, et bien qu’il faille rejeter tout discours affirmant que les accusations contre le gouvernement sont illégitimes et infondées, il y a de plus en plus de preuves sur la possibilité réelle de coordination entre Israël et le Front Al-Nusra, la branche Al-Qaïda opérant en Syrie.

A première vue, cela peut paraitre bizarre, et pourtant, les faits sont là. Comme je l’ai mentionné dans mon dernier article, et comme l’a souligné un ancien responsable, Israël a, pendant longtemps, adopté la politique de « laisser les deux parties s’entretuer jusqu’à la dernière goutte de sang » envers la guerre civile Syrienne.

De la même façon que les États-Unis avaient, plusieurs fois, fourni des armes pendant huit ans aux belligérants Irakien et Iranien, les gouvernements occidentaux ont une attitude complètement cynique envers la guerre, et Israël ne fait pas exception à la règle.

Il est donc vrai que les États-Unis, l’Europe et Israël n’ont pas été impliqués dans l’armement du régime Al-Assad (et ont en fait armé, entrainé et facilité le combat des groupes rebelles contre le gouvernement) mais en même temps, ils ne paraissent pas très enthousiastes pour que les rebelles prennent le dessus et décrochent une victoire incontestée contre Al-Assad. L’option privilégiée semble être le maintien, le plus longtemps possible, de la guerre civile ; de saigner à blanc Al-Assad et le Hezbollah, les ennemis implacables d’Israël.

Cependant, y-a-t-il vraiment des indices qui prouvent l’existence de liens entre Al-Nusra et Israël ?

En décembre dernier, plusieurs médias à couverture relativement faible ont résumé des rapports détaillés de la Force des Nations Unies chargée d’Observer le Dégagement (FNUOD), la force de maintien de la paix établie depuis 1974 pour séparer les deux armées Israélienne et Syrienne dans le Plateau du Golan occupé illégalement par Israël depuis 1967.

La FNUOD a remarqué qu’il y avait des contacts entre les Israéliens et les rebelles présents sur la partie de la ligne de cessez-le-feu sous contrôle Syrien. Ces contacts estimés à 59 rencontres ont eu lieu, tout particulièrement, entre les mois de mars et de mai, durant les périodes d’importants et violents engagements des forces armées syriennes contre les membres de l’opposition armée.

Les rencontres ont permis de confier 89 blessés à l’armée israélienne déployée sur la partie occupée par Israël, et à ce dernier de remettre aux membres de l’opposition armée présents sur la partie syrienne 19 personnes qui ont été soignées et deux individus morts, » (voir le rapport de la FNUOD du 10 juin 2014.)

Cependant, le rapport de l’ONU n’émet aucune observation quant à l’affiliation du personnel en question de « l’opposition armée. » La propagande dans les médias Israéliens au fil des dernières années a décrit ces contacts comme un simple fait humanitaire lié à des groupes « rebelles modérés. »

Mais en réalité, ces rebelles soit-disant modérés de l’Armée Syrienne Libre [ASL] (un terme utilisé pour les combattants rebelles anti-Assad) combattent souvent aux côtés du Front Al-Nusra.

Le 27 août dernier, l’ASL et Al-Nusra ont ensemble repoussé les forces armées syriennes et ont pris le contrôle du point de passage de Quneitra qui revêt une importance stratégique et qui se situe entre les sections occupées par Israël et contrôlées par la Syrie du Plateau du Golan. Al-Nusra avait également kidnappé des soldats de la paix de l’ONU.

Cela s’est donc passé à environ 25 km au nord de la Position 85 où le rapport du 10 juin de la FNUOD a constaté la présence de contacts réguliers entre les soldats Israéliens et les combattants rebelles.

Dans ce même rapport, la FNUOD a également déclaré avoir observé des soldats Israéliens en train de « remettre deux boites aux membres armés de l’opposition, » un acheminement qui va de la partie occupée par Israël vers la partie sous contrôle Syrien.

Un rapport de l’ONU du 1er décembre a souligné qu’au lendemain de la prise de contrôle du point de passage de Quneitra par Al-Qaïda (au mois d’août), « la FNUOD a remarqué que de temps à autre, il y a échange entre des membres armés de l’opposition et l’armée Israélienne le long de la ligne de cessez-le-feu, aux alentours de la Position 85 de l’ONU. »

Tout cela pourrait ne pas constituer la preuve absolue de liens entre Israël et Al-Qaïda, mais ce sont des éléments qui portent fortement à croire en cette thèse.

Peu de temps après l’enlèvement des soldats de la paix, Inna Lazareva, correspondante du Telegraph et du Sunday Times en Israël et qui entretient de très bonnes relations avec le système de sécurité Israélien a, de façon assez surprenante, cité une source Israélienne (l’ancien chef du département « Al-Qaïda et le Jihad » dans l’armée Israélienne) qui minimise et atténue la réputation sanguinaire d’Al-Qaïda.

« Jabhat Al-Nusra n’est pas du tout l’EIIL, » a expliqué le Major Aviv Oreg en évoquant le groupe de « l’État Islamique, » (une ramification d’Al-Qaïda qui a tout récemment été impliquée dans une guerre de territoire avec le Front Al-Nusra et qui sont presque complètement identiques sur le plan idéologique.)

Pour Ruth Sherlock, correspondante du Telegraph : « Il y a eu de plus en plus de preuves par des témoignages isolés sur des échanges et manœuvres entre Israël et les groupes de l’opposition, y compris Al-Nusra, opérant à proximité du Plateau du Golan. »

De récents rapports publiés en ligne par Vice News et Al-Monitor parlent aussi de contacts entre Israël et Al-Nusra dans la même région (même si le rapport d’Al-Monitor est basé sur des sources anonymes.)

Dans son entretien avec Christian Science Monitor, un porte-parole de l’armée israélienne n’a pas infirmé les rapports de la FNUOD qui indiquent que la partie israélienne entretient des liens avec les rebelles Syriens.

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