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Jacques Myard : « Monsieur Fabius, tenez compte du principe de réalité en Syrie et sortez des postures ! »


Dossiers Afrique

Jacques Myard : « Monsieur Fabius, tenez compte du principe de réalité en Syrie et sortez des postures ! »

Publié le : 8/03/15

Il ne peut pas y avoir de paix en Syrie sans dialoguer avec le régime de Bachar al-Assad, qu’on le veuille ou non.

Je n’ai pas toujours une très bonne mémoire, mais je me souviens précisément que notre ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a souvent répondu en commission des affaires étrangères aux questions des députés de l’opposition que la politique étrangère n’était pas une science exacte, qu’elle était par nature difficile, voire pleine d’aléas, et qu’il fallait être modeste, pragmatique et, surtout, toujours se ménager des possibilités de manœuvre et d’adaptation, bref prévoir un plan B.
Alors comment ne pas s’étonner des vociférations du gouvernement français et de ses postures à l’égard de Damas, postures bénies d’une morale bien étrange – lire dans Le Monde du samedi 28 février la tribune cosignée par Laurent Fabius et Philip Hammond, respectivement ministres des Affaires étrangères français et britannique – ?

Absoudre et ignorer
Il n’est pas dans ma volonté d’absoudre et d’ignorer les massacres et les horreurs d’une guerre civile dont Damas porte certainement une grande part de responsabilité. L’utilisation d’armes chimiques me révolte. Toutes les guerres civiles malheureusement s’accompagnent de leur cortège d’horreurs, mais réfléchissons un peu.
On nous a dit pendant des années que le président syrien Bachar al-Assad allait disparaître rapidement. Surprise, il est toujours là, il tient une grande partie du pays, grâce à des alliés puissants dans la région et, à l’évidence, sa chute éventuelle provoque la terreur au Liban. Les experts les plus objectifs y voient une source certaine de chaos au Proche et au Moyen-Orient.
Dans ces conditions, il est illusoire de croire que la recherche d’une solution à ce conflit puisse se faire sans lui. S’enfermer dans des postures est donc dangereux. L’histoire nous apprend à juste titre que Churchill et Roosevelt ont pactisé avec Staline, qui avait bien davantage de sang sur les mains que Bachar al-Assad. Ils savaient déjà que le Petit Père des peuples avait assassiné lâchement des officiers polonais, prisonniers à Katyn. Ils sont cependant allés chercher son alliance pour éliminer Hitler. De Gaulle lui-même a dû se rendre à l’évidence et, pour mettre fin à la guerre d’Algérie, a négocié avec le Front de libération nationale (FLN).
La rigidité dont vous faites preuve, Monsieur Fabius, dans cette crise, et qui n’est pas dans votre nature profonde, signifie-t-elle que la France ne porte pas de jugement indépendant sur la Syrie ? Signifie-t-elle que notre action doit prendre en compte des pressions internationales amicales ? Je n’ose le croire.
Alors, Monsieur Fabius, abandonnez les postures, faites preuve de réalisme et surtout d’efficacité. La seule issue possible à ce conflit est de rechercher une solution politique avec toutes les parties en cause, et celle-ci passe nécessairement par le régime actuel de Damas, que cela vous plaise ou non !

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