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A la Ligue arabe et aux BRICS victoire pour l’option de Moscou et Pékin


Par Habib Kharroubi  – Le Quotidien d’Oran

 

L’Amérique et ses alliés européens encouragent l’Arabie Saoudite et le Qatar à jeter de l’huile sur le feu en poussant leurs protégés anti-régime en Syrie dans la voie du refus du plan de paix préconisé par l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan.

 

L’Arabie Saoudite et le Qatar, approuvés en sous-main par les États-Unis et certaines puissances européennes au premier rang desquelles la France et la Grande-Bretagne, semblaient en passe par leurs pressions et forcing d’obtenir que, comme elle l’a fait pour la Libye, la Ligue arabe se prononce pour « la nécessité impérieuse » d’une intervention internationale contre Bachar El-Assad et son régime et le fasse savoir au Conseil de sécurité de l’ONU.

A la confusion de ces deux États, c’est à une tout autre option que s’est ralliée la majorité des États membres de cette organisation. L’option prônée par la Russie et la Chine refusant l’ingérence étrangère dans la crise syrienne et appuyant la mission de Kofi Annan pour entamer des négociations politiques entre le gouvernement et l’opposition syriens sur la base de l’initiative approuvée par le Conseil de sécurité et la Ligue arabe. Ce qui constitue une incontestable victoire diplomatique pour Moscou et Pékin dans le bras de fer qui les oppose aux tenants occidentaux et arabes d’une réédition dans la crise syrienne du scénario qu’ils ont pu faire accepter pour celle de la Libye par la communauté internationale. Simultanément que celui qu’elles ont reçu de la Ligue arabe, Moscou et Pékin ont eu l’appui à leur préconisation de solution négociée à la crise syrienne des BRICS dont le sommet à New Delhi s’est déclaré solidaire.

Il apparaît désormais clair que la Russie et la Chine ne sont pas les seuls États du monde à s’opposer à l’intervention étrangère à laquelle Américains, Européens et leurs alliés arabes inconditionnels tentent de convertir les opinions et la communauté internationale. La Ligue arabe aussi bien que les BRICS soutiennent le légitime désir de démocratie et de liberté du peuple syrien qui souhaite choisir son avenir, mais contrairement aux partisans de l’ingérence étrangère ils dénoncent les violences et les effusions de sang dont les deux camps belligérants en Syrie sont responsables. Une précision qui établit clairement que la violence inadmissible dont la Syrie est le théâtre n’est pas imputable au seul régime de Damas ainsi que le font croire les partisans de l’ingérence étrangère. BRICS et Ligue arabe ont également condamné l’option de l’armement de l’opposition anti-régime syrien au grand dam de l’Arabie Saoudite et du Qatar ouvertement engagés dans une opération de ce genre.

L’Amérique et ses alliés européens ont pris acte qu’ils ne peuvent passer outre l’opposition internationale très forte à leur projet d’ingérence dans la crise syrienne sauf à se mettre délibérément en porte-à-faux avec la légalité internationale représentée par les Nations unies. Pour autant, ils n’ont pas renoncé à cet objectif et encouragent l’Arabie Saoudite et le Qatar à jeter de l’huile sur le feu en poussant leurs protégés anti-régime en Syrie dans la voie du refus du plan de paix préconisé par l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. En persistant sur cette position à laquelle les poussent à s’en tenir les deux monarchies de la péninsule Arabique, les insurgés syriens rendraient effectivement impossible la poursuite de la mission de Kofi Annan qui a posé comme préalable à celle-ci l’arrêt de la violence par les deux parties protagonistes de la crise syrienne.

L’on imagine mal en effet le régime syrien accepter que ce préalable ne s’appliquerait qu’à lui. Il a donné dans le principe accord à l’exigence de l’arrêt de la violence. Mais à moins de précipiter son effondrement, il ne pourra décréter cet arrêt si les insurgés continuent à le harceler par la voie des armes. Et c’est à cela que l’Arabie Saoudite et le Qatar veulent le contraindre pour entretenir l’indignation internationale que suscitent les tueries dont la Syrie est le théâtre et relancer l’option de l’intervention étrangère comme seule s’imposant. Quel que soit son penchant personnel à l’égard des protagonistes de la crise syrienne, Kofi Annan doit se garder d’être instrumentalisé. L’opinion internationale attend de lui qu’il dénonce clairement les parties qui lui « savonnent le sol sous ses pieds ».

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