la Palestine reste la priorité… et la finalité
août 6, 2013
Tendances de l’Orient – Lundi 5 août 2013
Le message de Hassan Nasrallah :
Par Ghaleb Kandil
lundi 5 août 2013, par Comité Valmy
la Palestine reste la priorité… et la finalité
Par Ghaleb Kandil
En apparaissant au milieu de la foule de ses partisans, vendredi 2 août, à l’occasion de la célébration de la Journée al-Qods, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a créé l’événement. Aussi bien sa participation personnelle à la cérémonie que le discours qu’il a prononcé constituent des messages montrant la force de l’engagement de la Résistance aux côtés de la cause palestinienne.
L’idée motrice autour de laquelle sayyed Nasrallah a bâti son discours résume à elle seule toutes les guerres qui ont déchiré l’Orient depuis la spoliation de la Palestine, en 1948. Le message essentiel du leader de la Résistance est que tout progrès pour les peuples où les Etats de la région est lié à la disparition de l’entité sioniste, que l’imam Khomeiny qualifiait de tumeur cancéreuse. L’histoire de la région confirme la pertinence de cette idée, qui a constitué l’axe stratégique et politique autour duquel sayyed Nasrallah a construit son discours.
Tous les conflits qui ont secoué la région depuis 1948, y compris la première guerre du Golfe, au cours de laquelle tous les régimes réactionnaires arabes ont été mobilisés pour détruire la révolution iranienne et son choix indépendantiste hostile au colonialisme sioniste et occidental, ainsi que toutes les guerres civiles et les profondes divisions entre les pays du Mashreq, ont eu lieu pour protéger Israël.
Comme l’a affirmé sayyed Nasrallah. Ces aventures guerrières visaient, en premier lieu, à consacrer l’hégémonie israélienne. L’agression contre la Syrie, les projets de démembrement des Etats de la région, comme la guerre civile libanaise, l’exacerbation des tensions communautaires pour provoquer une discorde sectaire, les événements d’Irak après l’invasion américaine… ne dérogent pas à cette règle.
L’attachement de sayyed Nasrallah à cette vérité fondamentale, sous le slogan « Jérusalem nous rassemble », constitue un appel sincère à toutes les forces et partis politiques à unir leurs rangs pour la Palestine. Pour le leader de la Résistance, le seul cadre stratégique capable de sauver la région est la participation de tous, d’une manière décisive et directe, au processus du démantèlement de l’entité sioniste. C’est là le seul moyen de libérer les énergies de la Nation pour assurer son progrès et la sortir de l’ère des divisions et des conflits internes.
L’agencement des priorités dans la pensée politique et idéologique du Hezbollah se fonde sur le fait que le conflit avec l’entité sioniste constitue la contradiction principale, en fonction de laquelle toutes les stratégies et les moyens sont mobilisés. Le choix est celui de la résistance, loin des hérésies appelées « négociations », à travers lesquelles l’Occident colonisateur et les réactionnaires arabes espèrent liquider la cause palestinienne.
Telle est la voie que sayyed Nasrallah propose pour faire face à la fitna sunnite-chiite. Sans la nommer, le leader de la résistance a fait référence au rôle de l’Arabie saoudite et de ceux qui tournent dans son orbite, pour provoquer des conflits interarabes et pour inverser les priorités en transformant l’Iran en ennemi. La finalité de la politique dans laquelle est engagé le royaume wahhabite, dans le cadre du projet colonialiste occidental, est la protection d’Israël. L’agression contre la Syrie constitue l’étape la plus dangereuse de ce plan, car elle pave la voie à la reconnaissance de la judaïté d’Israël, consacre la judaïsation de Jérusalem et de toute la Palestine et enterre, définitivement, le droit au retour des Palestiniens.
Sayyed Nasrallah a lancé un appel à l’unité de tous les peuples de la région, dans toutes leurs composantes religieuses et ethniques, pour la libération de la Palestine, car l’entité sioniste vise tout le monde sans exception. L’alliance entre les sioniste et les takfiristes est un danger existentiel pour tous les peuples d’Orient, chrétiens ou musulmans. Le leader de la Résistance a aussi mis le doigt sur la plaie en appelant les forces et parties nationalistes arabes, laïques, islamistes et de gauche, à s’unir autour de la priorité de la libération de la Palestine, les invitant à rejeter les divisions idéologiques et intellectuelles.
Son message est le suivant : c’est le programme et le projet et non pas l’identité idéologique qui doivent primer, car la priorité est la libération de la Palestine. C’est elle qui doit définir les alliances et c’est vers elle que tous les efforts doivent se concentrer.
Tendances de l’Orient
New Orient News (Liban)
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf
khalafpierre@gmail.com
Tendances de l’Orient No 146 lundi 5 août 2013.
Bulletin hebdomadaire d’information et d’analyse, spécialisé dans les affaires de l’Orient arabe.
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Déclarations et prises de positions
Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
« Nous remercions l’Iran et la Syrie pour tout ce qu’ils ont fait pour la Palestine. La Palestine doit être rendue dans sa totalité à son peuple. Aucun roi, prince, dirigeant, président ou État n’a le droit de sacrifier un grain de sable du territoire palestinien. Israël, base du projet sioniste dans la région, représente un énorme danger qui menace l’existence non seulement de la Palestine mais aussi de tous les pays de la région. Naïf est celui qui croit le contraire. Dans ce contexte, il est de l’intérêt national de tous les pays de la région, dont le Liban, qu’Israël disparaisse. Tous les maux et les misères dont souffre le monde arabe sont dus au fait que les États arabes ont abdiqué leur responsabilité historique, préoccupés par des ennemis créés de toutes pièces par Israël et les États-Unis. Ce fut d’abord les communistes, puis la révolution islamique en Iran, puis la marée chiite. Certains pays arabes, soutenus par l’Occident, veulent faire oublier la cause palestinienne à leurs peuples en leur créant d’autres ennemis. Ils ont évoqué le danger iranien et ils ont lancé une guerre contre la République islamique. Aujourd’hui, ils parlent d’un nouvel ennemi, la vague chiite, qu’ils combattent sur plusieurs télévisions arabes du Golfe.
Ils créent des conflits confessionnels pour nous faire oublier le véritable ennemi. N’est-il pas temps de réaliser l’étendue du complot qui vise à affaiblir et détruire tous les pays de la région ? N’est-il pas temps de pointer du doigt ceux qui dirigent et parrainent un tel projet ? Nous devons arrêter le bain de sang dans tous ces pays, dont la Syrie, l’Irak et le Pakistan, et à renforcer le dialogue pour trouver des solutions aux crises. Ceux qui parrainent les groupes takfiris et les poussent au combat portent la responsabilité de la destruction des pays de la région. Mais leur projet vengeur sera voué à l’échec. Tout conflit confessionnel, politique, idéologique ne doit pas faire oublier la cause palestinienne.
Exceptionnellement, je vais m’exprimer en tant que chiite cette fois-ci. Nous, les chiites de Ali ben Abi Taleb, affirmons que nous n’abandonnerons jamais la Palestine. Les tentatives de division entre sunnites et chiites sont voulues pour semer la discorde. L’attaque menée contre les chiites a pour objectif de leur faire oublier Jérusalem et de les pousser à haïr les Palestiniens. Si nous allons nous concentrer sur nos divergences pour renforcer les rancunes et les jugements, alors nous ne sommes pas une nation qui mérite de vivre. Dites que nous sommes des terroristes, des criminels, dites ce que vous voulez et tuez-nous sur tous les fronts. Nous, les chiites, ne laisserons jamais la Palestine. Combattre Israël et défendre le Liban et la Palestine est une cause héritée de nos ancêtres, une cause que nous avons dans le sang, le Hezbollah n’oubliera jamais la Palestine. La résistance restera prête pour défendre le Liban aux côtés de l’armée libanaise que nous saluons et nous rendons hommage à ses martyrs. »
Michel Sleiman, président de la République libanaise
« Il est devenu urgent d’étudier et d’adopter une stratégie de défense, étant donné les développements dans la région et la modification de la fonction principale des armes de la Résistance, qui dépassent désormais les frontières, conformément au plan que j’avais présenté au peuple et à la conférence nationale de dialogue. Partant de notre distinction claire entre la Résistance et le terrorisme, et afin de consolider nos capacités à résister et à défendre le Liban exclusivement, il est temps que l’État, son armée et son haut commandement politique soient les organisateurs essentiels et les décideurs de l’utilisation de ces capacités de défense (…) L’armée ne peut pas combler un vide politique et gouvernemental et ne s’est jamais autorisée à régler, par des moyens militaires, une crise nationale, des divisions communautaires ou une situation explosive générée par un conflit externe dans lequel certains Libanais se sont impliqués, en violation du contrat social auquel ils sont liés et des dispositions de la déclaration de Baabda. La mission de l’armée devient difficile lorsqu’il lui devient impossible de réprimer toute attaque la visant par crainte de porter atteinte à la dignité ou à l’entité d’un groupe ou d’une communauté, ou encore lorsqu’un groupe ou plus de Libanais s’impliquent dans des conflits en dehors des frontières, ce qui débouche sur une importation des crises extérieures. Celles-ci rendent le pays vulnérable à une guerre par intérim dont le poids est difficilement supportable, même pour les armées des grandes puissances. La mission de l’armée devient difficile, voire impossible, si la dualité entre les armes légales et illégales se poursuit. »
Saad Hariri, chef du Courant du futur
« Le Hezbollah est responsable de la montée de la tension depuis plusieurs années et s’est arrogé des droits d’État en matière de décisions d’avenir. Le Hezbollah a pris la décision de mener la guerre de juillet contre Israël au lendemain même des discussions autour de la stratégie de défense. IL a ensuite lancé des accusations de trahison à l’encontre d’une partie des Libanais, et n’a pas adopté une attitude responsable suite à la série noire des assassinats politiques, sans oublier ses tentatives de sabotage de l’accord sur le tribunal, l’encerclement du Sérail, la paralysie du Parlement, le refus de remettre à la justice internationale les accusés dans l’affaire Rafic Hariri, l’invasion de Beyrouth. Ce cumul n’a fait qu’accentuer, au fil des années, la tension et la discorde, en affaiblissant l’État et l’ensemble de ses institutions. Nous avons épuisé tous les moyens possibles et imaginables pour parvenir à une solution. La logique de la stratégie de défense ne tient plus la route, d’autant que les armes du Hezbollah sont devenues, après la guerre de juillet 2006, un outil pour exercer des pressions politiques sur les autres parties. Ces armes ont provoqué la naissance de nouveaux groupes armés qui prétendent qu’ils ont le droit de posséder à leur tour des armes. D’ailleurs, les armes du Hezbollah sont, depuis 2005, une des raisons principales de la division entre les Libanais. Ces armes ne pourront jamais constituer un dénominateur commun entre les Libanais. Depuis 2005, elles ne jouissent plus de l’unanimité. Le Hezbollah s’est engagé dans l’inconnu en participant à la guerre en Syrie. Il pense que le régime de Bachar el-Assad ne va pas tomber, mais que va-t-il faire s’il s’effondre quand même et qu’il est remplacé par l’opposition ? L’armée libanaise devrait être la seule institution à défendre la souveraineté, les frontières et l’indépendance du Liban. Donnons à l’armée et aux forces de sécurité le droit de défendre le Liban et de préserver l’unité nationale et éloignons-la des conflits interconfessionnels. »
Samir Geagea, chef des Forces libanaises
« Ceux qui veulent la stabilité du pays n’envoient pas chaque jour des drones vers Israël et ne s’engagent pas dans une guerre destructrice avec l’ennemi. Chaque personne est libre d’avoir ses priorités, pourquoi Hassan Nasrallah veut-il imposer ses propres priorités ? Nous n’acceptons pas qu’il prenne des décisions de guerre en notre nom ; en 2006, tous les responsables s’étaient mis d’accord sur la nécessité de préserver la stabilité du pays avant la saison d’été, mais quelques jours plus tard le Hezbollah a déclenché une guerre. Le Hezbollah nous entraîne vers la guerre sans demander notre avis. Il attaque tout le monde. Le président, le patriarche maronite et tous les partis chrétiens sauf le Courant patriotique libre sont désormais contre les armes illégitimes. La participation du Hezbollah dans le conflit en Syrie contre le peuple syrien est dangereuse pour le Liban. Si le parti veut vraiment combattre l’extrémisme, il doit aider l’armée syrienne libre à affronter Jabhat el-Nosra et les autres groupes affiliés à el-Qaëda. »
Bachar al-Assad, président de la République arabe syrienne
« Le président Bachar el-Assad a déclaré dans un message adressé jeudi à l’occasion du 68ème anniversaire de la fondation de l’armée arabe syrienne qu’il était certain de la victoire dans la guerre contre les agresseurs qui se poursuit depuis plus de deux ans dans son pays. Je m’adresse à nos frères au sein des forces armées. Si en Syrie nous n’étions pas sûrs de la victoire, nous n’aurions pas la capacité de résister et nous n’aurions pas pu poursuivre la lutte contre les agresseurs depuis plus de deux ans. Vous avez fait preuve d’un rare courage dans la lutte contre le terrorisme et ses conséquences, et vous avez aussi impressionné le monde par votre résistance, votre aptitude à surmonter les difficultés, et par vos succès impressionnants en faisant face à la plus féroce et la plus brutale des guerres de l’histoire moderne. Ma foi en vous est grande et j’ai confiance en votre capacité à mener à bien la mission nationale qui vous est échue. »
Evénements
•Le nouveau président iranien Hassan Rohani a déclaré lors de son investiture que son gouvernement allait œuvrer pour « lever les sanctions injustes » adoptées par les pays occidentaux pour peser contre le programme nucléaire iranien. « Le gouvernement va œuvrer pour sauver l’économie, relancer l’entente constructive avec le monde, faire de nouveaux pas pour la grandeur de l’Iran, assurer les intérêts nationaux et lever les sanctions injustes » imposée au pays, a déclaré M. Rohani dans un discours retransmis en direct par la télévision d’Etat.
•La nébuleuse terroriste Al-Qaïda envisage de perpétrer une série d’attentats au Proche-Orient et en Afrique du Nord au cours du mois d’août, a annoncé le département d’Etat américain. « Les terroristes pourraient utiliser plusieurs options pour attaquer des structures publiques comme privées. Les ressortissants américains doivent se mettre en garde contre des attentats terroristes potentiels dans les transports et d’autres infrastructures touristiques », lit-on dans un avis de prudence diffusé par le département. Selon la diplomatie américaine, des attentats sont également possibles sur la Péninsule arabique. L’alerte restera en vigueur jusqu’au 31 août. Jeudi 1er août, le département d’Etat a déjà annoncé son intention de fermer dimanche au moins 22 ambassades et consulats dans de nombreux pays musulmans en raison de la menace émanant d’Al-Qaïda.
•Navi Pillay, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a appelé à la création d’une enquête indépendante sur des douzaines d’exécutions présumées de soldats pro-Assad par des rebelles à Khan al-Assal, une localité stratégique de la province septentrionale d’Alep reprise par les forces de l’opposition. « Il faut une enquête indépendante approfondie afin d’établir si des crimes de guerre ont été commis. Et les responsables de ces crimes doivent être traduits en justice », a déclaré Mme Pillay dans un communiqué, précisant que ces événements auraient eu lieu en juillet après la bataille de Khan al-Assal. Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme a également reçu des informations provenant d’une « source fiable » indiquant que les rebelles ont toujours entre leurs mains des soldats et des représentants du gouvernement, qui ont été capturés à Khan Al-Assal.
•Le bureau de presse du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a diffusé un communiqué dans lequel il a fixé la date provisoire de l’ouverture du procès dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, au 13 janvier 2014.