La tournée incendiaire mondiale de Hillary Clinton
juillet 21, 2012
La tournée hors du commun de 13 jours en Asie et au Moyen-Orient de la secrétaire d’État représente un mélange incendiaire de provocation et d’hypocrisie et signale une nouvelle éruption du militarisme américain à l’échelle mondiale.
L’itinéraire de Clinton a inclus des escales dans neuf pays: la France, l’Afghanistan, le Japon, la Mongolie, le Vietnam, le Laos, le Cambodge, l’Égypte et Israël. Il était concentré sur deux objectifs étroitement liés de la politique étrangère américaine. Le premier, l’élaboration de la stratégie contre-révolutionnaire de Washington pour asseoir son hégémonie sur les régions riches en pétrole du Moyen-Orient et d’Asie centrale.
Le second, la promotion du « pivot » stratégique du gouvernement Obama vers l’Asie visant à contenir l’influence économique, politique et militaire de la Chine en combinant un encerclement militaire américain à une exacerbation des tensions régionales.
Au cours de ses déplacements, la secrétaire d’État a proclamé que le « soutien de la démocratie et des droits humains » était le « coeur » de la stratégie américaine.
Clinton a débuté son voyage le 5 juillet par une conférence tenue en France des « Amis de la Syrie » et des consultations avec le gouvernement français sur des opérations effectuées par les États-Unis et leurs alliés dans le but de fomenter et d’armer une guerre civile sectaire en Syrie et de préparer une intervention militaire directe destinée à un changement de régime – le tout au nom de la « démocratie et des droits humains ».
Dans le même temps, elle a menacé sérieusement tant la Russie que la Chine en disant que tous deux seraient amenés à « payer un prix » pour rechigner de s’incliner devant les exigences américaines en faveur d’une intervention.
Elle a achevé son voyage le 17 juillet après des escales finales en Égypte et à Israël. Dans le premier pays, elle a rendu hommage au Conseil suprême des Forces armées de la junte et à son chef, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, en réaffirmant la confiance de Washington en l’armée égyptienne en tant que rempart de la contre-révolution à l’encontre des aspirations démocratiques et sociales de la classe ouvrière du pays forte de plusieurs millions.
Officiellement, Clinton a prétendu vouloir promouvoir une « transition démocratique », une phrase que le gouvernement Obama prononce depuis l’échec de sa tentative, il y a un an et demi, de soutenir son allié de longue date, le dictateur Hosni Moubarak.
En Israël, elle a proféré de nouvelles menaces de guerre contre l’Iran en soutenant que Washington et Tel Aviv étaient « sur la même longueur d’onde » et que les États-Unis étaient prêts à utiliser « toutes les composantes de la puissance américaine » contre le programme nucléaire de l’Iran.
La seconde partie de la tournée de Clinton l’a conduite en Afghanistan où, aux côtés du président fantoche soutenu par les États-Unis, Hamid Karzai, elle a annoncé la désignation du pays par Washington d’« allié majeur non membre de l’OTAN » en le plaçant sur un pied d’égalité diplomatique avec la Corée du Sud et en jetant les bases pour son occupation indéfinie par des dizaines de milliers de soldats américains.
En Asie, Clinton a également joué la carte hypocrite des droits humains en recourant à un discours en Mongolie pour y promouvoir le régime oligarchique comme étant un phare en matière de démocratie et de prospérité supposément par opposition au régime de parti unique de la Chine. Le fait que les masses en Mongolie vivent dans la misère tandis qu’une infime couche au sommet s’est enrichie de l’essor du secteur minier n’a pas davantage préoccupé Clinton que l’inégalité sociale endémique aux États-Unis mêmes.
Dans un article paru lundi, le New York Times a souligné les réelles conditions du peuple mongolien en faisant référence aux masses vivant dans les abords de la capitale « dans des bidonvilles de yourte que les habitants appellent les favelas de Mongolie. Le chômage y est endémique; l’électricité et l’eau potable sont inexistantes. Les moins privilégiés s’abritent dans les égouts où ils se blottissent contre les conduites d’eau chaude lorsque la température descend sous 40 degrés. »
L’affirmation de la secrétaire d’État que les alliances de Washington sont déterminées par des « principes universels » de démocratie a été démentie par les liens étroits entretenus avec le régime de l’Ouzbékistan, un lien clé pour sa voie d’approvisionnement pour la guerre en Afghanistan et le gouvernement dictatorial au Kazakhstan, le premier producteur d’uranium du monde, sans mentionner la longue tradition historique du soutien américain pour les dictatures militaires allant de l’Indonésie à la Corée du Sud.
La tournée de Clinton a aussi compris une visite au Laos, la première par un secrétaire d’État américain depuis 57 ans. En une dizaine d’années, à partir de la moitié des années 1960 jusqu’au milieu des années 1970, l’impérialisme américain avait transformé le Laos en pays au monde le plus bombardé par habitant en larguant 0,84 tonne d’explosifs pour chaque habitant d’un pays avec lequel les États-Unis ne se trouvaient pas en guerre. En plus des 30.000 Laotiens tués dans cette tempête de feu, 20.000 autres ont été tués depuis par des munitions toujours actives.
Clinton a dit au personnel de l’ambassade à Ventiane qu’avec sa visite, « Les États-Unis approfondissent leur engagement en Asie-Pacifique. Nous pratiquons ce que j’appelle une diplomatie de déploiement avancé. » En d’autres termes, de par sa stratégie du « retour à l’Asie », l’impérialisme américain cherche à faire du théâtre de sa dernière guerre criminelle dans la région une base opérationnelle pour la prochaine.
Au Cambodge, Clinton a participé à la conférence de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Association of South East Asian Nations, ASEAN) et qui, du fait des interventions provocatrices de Washington dans la région, a abouti à une impasse. Pour la première fois, les participants n’ont pas réussi à adopter un communiqué final conjoint parce que de profondes divisions au sujet de querelles de territoire maritime ont monté la Chine contre les Philippines, le Vietnam et le Japon.
Depuis 2010, les États-Unis ont prétexté leur statut de « puissance du Pacifique » pour revendiquer la Mer de Chine méridionale avec ses routes commerciales stratégiques et son vaste potentiel énergétique comme étant un lac américain, en faisant valoir leur « intérêt national » dans la région.
La visite de Clinton dans la région est suivie par celle de deux hauts responsables du Pentagone. L’amiral Samuel Locklear, le nouveau chef du commandement américain du Pacifique, qui s’est envolé aux Philippines où il a rencontré de hauts responsables politiques et militaires en se remémorant l’époque où il était un officier subalterne à la vaste base navale de Subic Bay et en laissant clairement entendre qu’une nouvelle présence militaire américaine était prévue pour faire avancer une alliance anti-chinoise.
Le sous-secrétaire à la Défense, Ashton Carter, a amorcé mardi une tournée de dix jours pour ce que le porte-parole du Pentagone a décrit comme étant des « discussions détaillées sur ce qu’une approche de l’armée américaine en Asie-Pacifique signifiera dans la pratique ».
Le renforcement du Pentagone dans la région et les provocations organisées par la secrétaire d’État Clinton sont à la fois les expressions de la stratégie de l’impérialisme américain de stopper au moyen de la menace et du recours à la puissance militaire son déclin économique et de contenir la montée d’un rival stratégique potentiel en Chine.
Poussée par l’intensification de la crise aux États-Unis et du capitalisme mondial, cette stratégie irresponsable représente un danger pour une nouvelle conflagration mondiale en menaçant la vie de centaines de millions de personnes.
http://www.wsws.org/fr/articles/2012/jul2012/clin-j20.shtml