L’ARROGANCE ET SES LIMITES
août 25, 2012
Pour trouver un précédent aussi parlant d’hypocrisie, de duplicité et de cynisme, dont font preuve les Etats-Unis (leurs vassaux ne comptant pas du tout dans les rapports de force présents), il faudrait remonter à la stratégie adoptée par Adolf Hitler, dans son processus d’annexions de territoires au Reich allemand. Pour trouver, aussi, autant d’inhumanité, de mépris de la vie humaine, de volonté de puissance et d’appât du gain. Mus par une irrésistible conviction que rien ne doit leur résister, ils poussent la logique du crime à son paroxysme, quittes à détruire des millions d’êtres humains, dans leur quête de profits pour leurs multinationales et leurs banquiers. Le Führer a fini par déclarer tout haut ses objectifs et le peu de cas qu’il faisait de la « légalité » et de la « diplomatie », ce que n’osent pas les Etatsuniens qui persistent à se camoufler derrière les « droits de l’homme » dont ils sont les principaux ennemis, depuis le Vietnam, au moins. Encourageant l’assassinat de tout peuple qu’ils estiment déranger leurs desseins, ils se réclament de la « liberté » et de la « démocratie », suscitant la colère, aujourd’hui impuissante, des centaines de millions d’êtres humains pétris de respect de la vérité et du droit à la vie d’autrui. Aveuglés par leur puissance supposée, ils n’ont cure de la haine qui enfle dans le monde, contre le banditisme qu’ils exercent. Hitler ne s’est jamais proclamé « bienfaiteur de l’humanité », au contraire des champions du « devoir de protéger », ce slogan qui fait tressaillir d’horreur bien des peuples. Ce slogan qu’ont connu les Irakiens, tués par centaines de milliers et les Libyens morts par dizaines de milliers. En Syrie, où les « protecteurs » ont à faire à rude gageure, représentée par les Syriens eux-mêmes et par des alliés de poids, que sont les deux grandes puissances la Russie et la Chine, et l’Iran, sans compter le Hezbollah et sa redoutable force de frappe. Ainsi, pour la première fois depuis longtemps, le rouleau compresseur impérial trouve un obstacle sérieux. Pour la première fois, depuis le Nicaragua, la guerre par procuration, menée par des milices interposées, armées et financées par la CIA, la Turquie et les monarchies arabes supplétives, est impuissante à déstabiliser un pays convoité. Cette fois-ci, le peuple n’a pas marché et a refusé la « protection » en isolant les « rebelles », les laissant seuls face à l’armée régulière. L’armée, de même, n’a pas suivi les effets d’annonce, sur son effondrement et l’argent des émirs n’a pas pu acheter beaucoup d’officiers. Résultat : les « protecteurs » sont au pied du mur. Iront-ils jusqu’à risquer une déflagration mondiale, comme le laisse supposer leur refus de reconnaître l’échec de leur stratagème ? Rien n’est moins sûr, mais tout dépendra de leur appréciation des risques encourus. En ce sens les ordres sont guerriers, qui ont été donnés par Barak Obama au « représentant spécial conjoint pour la Syrie », que lui appelle « envoyé spécial »: « Nous ne croyons pas à la paix en Syrie avant qu’Assad parte ». Les Syriens, eux, forts de leur résistance sont confiants et, selon leur diplomatie, pensent « que M. Brahimi va lancer un dialogue national le plus vite possible, car il n’y aura pas de vainqueur en Syrie comme le parie l’Occident. C’est la Syrie qui gagnera… ». Pour le moment ce sont eux qui semblent avoir raison.
Par Ahmed Halfaoui
lesdebats.com