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Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) au bord de l’implosion


France-Irak Actualité

Analyses, informations et revue de presse. La situation en Irak, au Proche-Orient et du Golfe arabe à l’Atlantique.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) au bord de l’implosion

Publié par Gilles Munier sur 7 Mars 2014, 18:56pm

Revue de presse : Médiarama (5/3/14)*

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), que Riyad considère comme le principal outil de sa diplomatie régionale, est au bord de l’implosion. Trois des six membres de ce rassemblement, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont décidé mercredi de rappeler leurs ambassadeurs au Qatar. Ils reprochent à Doha ses «ingérences» dans les affaires de ses voisins. Cette décision a été annoncée par l’agence officielle saoudienne SPA au lendemain d’une réunion «houleuse», selon la presse, des ministres des Affaires étrangères des monarchies du Golfe à Ryad.

La détérioration des relations entre Ryad et Doha ne date pas d’hier. Mais cette escalade est surprenante dans la mesure où elle montre que l’Arabie saoudite peine à imposer ses options et ses choix politiques même au sein du CCG, considéré par les analystes comme son arrière-cour. Le Qatar n’est pas le seul pays à s’éloigner du royaume wahhabite. Le sultanat d’Oman adopte également des positions sensiblement différentes de celle de l’Arabie saoudite, notamment au sujet des relations avec l’Iran et de la crise syrienne. La goutte qui a fait déborder le vase est la relation du Qatar avec la Confrérie des Frères musulmans, combattue par l’Arabie saoudite, qui y voit un grave danger en raison de l’influence grandissante des prédicateurs de ce mouvement au sein même de l’establishment religieux saoudien. Les dirigeants saoudiens, qui se présentent comme les champions et les représentants de l’islam sunnite, considèrent les Frères musulmans comme un sérieux compétiteur, susceptible de leur disputer la légitimité de la représentativité sunnite.

La décision de rappeler les ambassadeurs a été prise dans le sillage d’un violent accrochage verbal entre l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, et le ministre saoudien des Affaires étrangères. Le rédacteur en chef du quotidien Al Qods Al Arabi (édité à Londres), Abdel Bari Atwan, a raconté les détails de la réunion des ministres des Affaires étrangères du CCG, qui s’est tenu au Koweït, il y a trois semaines. L’émir Tamim a participé à cette réunion à l’invitation de l’émir du Koweït, Sabah al-Ahmad, qui proposait une médiation. Mais la discussion a très mal tourné. En réponse aux critiques adressées par certains membres du CCG contre la politique de son pays, l’émir du Qatar a regretté le manque de confiance des dirigeants des pays voisins dans les mesures de Doha qui visent, selon lui, à préserver les intérêts du Golfe. Il a demandé au prince Saoud al-Fayçal de présenter des preuves que le Qatar œuvrait dans le sens contraire. Le chef de la diplomatie saoudienne a alors exposé de «nombreuses preuves», sous forme d’articles de journaux. Le dirigeant qatari s’est alors emporté, affirmant que des coupures de presse ne pouvaient être considérées comme des preuves. «Présentez-moi des preuves officielles», a-t-il lancé. Furieux, le prince saoudien a répondu: «Nous avons de nombreuses preuves officielles, mais nous ne les exposerons pas car nous ne voulons pas divulguer nos sources», toujours selon le récit d’Abdel Bari Atwan, qui cite le quotidien Al-Raï el-Yom. Toutes les tentatives de médiation entreprises ces derniers jours par le Koweït pour rapprocher les points de vue et éviter une crise majeure ont échoué.

Un incident, qui s’est produit il y a trois jours, a laissé présager le pire: un tribunal des Emirats arabes unis (un pays aligné sur l’Arabie saoudite) a condamné plusieurs citoyens émiratis et un ressortissant qatari à des peines de prison pour appartenance aux Frères musulmans et pour «complot dans le but de porter atteinte à la stabilité du pays». Les analystes assurent que cette querelle des frères-ennemis aura certainement des conséquences sur des dossiers importants, tels que le conflit syrien, la crise à Bahreïn et les relations avec l’Iran.

L’Arabie saoudite, qui ne parvient plus à entrainer avec elle ses voisins du Golfe, peut-elle encore prétendre diriger le monde arabe?

*http://gallery.mailchimp.com/fdeacba4fa4c5ec4d8ce5787c/files/Mediarama_534.pdf

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