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Le héros Jacques Vergès est mort


Le héros Jacques Vergès est mort

vendredi 16 août 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 16 août 2013).

Jacques Verges : moi, moi, moi

Enregistré sur France 5 le 21 mars 2013 à 00h25

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

L’avocat Jacques Vergès est mort

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/416…

jeudi 15 août 2013

Résistant, ancien membre du Parti communiste, rallié à la cause du FLN durant la guerre d’Algérie, avocat, entre autres, du criminel de guerre nazi Klaus Barbie, « l’avocat de la terreur » s’est éteint à l’âge de 88 ans

L’avocat Jacques Vergès est mort jeudi 15 août à l’âge de 88 ans. Le président du Conseil national des barreaux, Christian Charrière-Bournazel, a confirmé l’information donnée plus tôt dans la soirée. D’après lui, l’avocat, aussi médiatique que controversé, « avait fait une chute il y a quelques mois ». « Il était très amaigri, marchait très lentement. Il avait des difficultés à parler mais intellectuellement était intact. On savait que c’étaient ses derniers jours mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite ».

Interrogé par BFM TV, Me Georges Kiejman a salué « un des deux ou trois avocats extraordinaires de [sa] génération », « un homme tout à fait fascinant et mystérieux ».

Né en 1925 en Thaïlande d’une mère vietnamienne et d’un père français, le jeune Vergès grandit à La Réunion, où son frère Paul a mené une longue carrière politique au sein du Parti communiste réunionnais. En 1941, le futur avocat s’engage dans les Forces françaises libres, combat en Algérie, au Maroc, en Italie et en France. Après la Libération, il adhère au Parti communiste, termine ses études de droit et s’inscrit en 1955 au barreau de Paris.

La guerre d’Algérie a commencé, ce sera pour Jacques Vergès, le moment décisif. Il assure la défense de Djamila Bouhired, une jeune poseuse de bombes du FLN, pour laquelle il invente le concept de « défense de rupture ». Au lieu de chercher à minimiser les faits et à obtenir l’indulgence des juges, l’avocat se pose en accusateur du système colonial.

La jeune femme, condamnée à mort, puis graciée, devient une héroïne nationale en Algérie. Vergès l’épouse, s’installe à Alger après l’indépendance, se convertit à l’islam. Le couple a deux enfants, mais l’avocat, qui se croyait promis à un grand avenir politique en Algérie, s’ennuie.

Après un voyage en Chine, où il rencontre Mao, il disparaît en 1970, abandonnant femme et enfants. Ses « grandes vacances », comme il les appelle, vont durer huit ans. Qu’a-t-il fait ? Ou était-il ? Chez les Khmers rouges, auprès de son ami Pol Pot, qu’il a connu jadis au Quartier latin ? A priori non. Jacques Vergès n’aurait jamais exercé ses talents au Cambodge. Tout en séjournant de temps à autre à Paris sous une fausse identité, il aurait travaillé en Extrême-Orient pour le compte des services secrets chinois. Il se serait également rendu utile à leurs homologues français.

Le reste est mieux connu. Devenu soudainement riche, Jacques Vergès revient au grand jour en 1978, à Paris. L’avocat assure la défense d’individus comme le criminel de guerre nazi Klaus Barbie, le dirigeant khmer rouge Khieu Samphan, le philosophe négationniste Roger Garaudy ou le terroriste Carlos. Sa clientèle compte également des membres des mouvements d’extrême-gauche européens (Fraction armée rouge, Action directe), les activistes libanais Georges Ibrahim Abdallah et Anis Naccache ou le dictateur serbe Slobodan Milosevic. Il représentera également la famille Boulin, la fille de Marlon Brando, le capitaine Barril, le jardinier marocain Omar Raddad, le tueur en série Charles Sobrhraj et plusieurs dirigeants africains.

En marge du prêtoir, Jacques Vergès a monté au théâtre un plaidoyer intitulé Serial plaideur et publié une vingtaine de livres, dont Dictionnaire amoureux de la justice, Le salaud lumineux, Justice pour le peuple serbe, Beauté du crime, La démocratie à visage obscène, Sarkozy sous BHL… En 2007, Barbet Schroeder lui a consacré un excellent documentaire intitulé L’avocat de la terreur.

Jacques Vergès – 14 Juin 2011 – « En Syrie, il faut défendre l’Etat actuel ! » :

http://mai68.org/spip/spip.php?article2954

Roland Dumas et Jacques Vergès soutiennent Laurent Gbagbo, le président élu en Côte d’Ivoire (Vidéo FR3 2’) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1883

Côte d’Ivoire – Vergès – Les actuels dirigeants français ne sont pas encore rentrés dans l’histoire (Vidéo 18’) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1895

Côte d’ivoire – Gbagbo 15 avril 2011 – Ben Vautier, Jacques Vergès chez Taddéi :

http://mai68.org/spip/spip.php?article2706

Côte d’Ivoire – Gbagbo – 3 avril 2011 – Verges envisage de porter plainte pour crimes contre l’humanité (vidéos) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article2596

5 Messages de forum
Le héros Jacques Vergès est mort
16 août 08:22, par Ginette
MAITRE JACQUES VERGES, NOTRE AMI ANTI-COLONIALISTE VIENT DE NOUS QUITTER. IL NOUS MANQUE DÉJÀ.

Par Ginette Hess Skandrani

Paris le 16 août 2013

Maïtre Jacques Verges, notre ami anti-colonialiste, ami des peuples opprimés et de beaucoup d’exclus de la société, vient de nous quitter le 15 août à Paris à l’âge de 88 ans. Le combattant des justes causes était déjà très affaibli et nous savions qu’il était arrivé, après une vie bien remplie et conforme à ses idées, au bout du rouleau.

Jacques Verges, ce rebelle à l’ordre public, l’ami des grands de ce monde et également conseiller de ceux qui ne pouvaient se défendre est parti tout doucement sans faire de bruit.

Nous lui rendons l’ hommage qu’il a bien mérité.

Je l’ai souvent croisé dans les couloirs du tribunal lors des procès, comme celui du philosophe Roger Garaudy ou celui de Gilles Munier qu’il défendait également ou dans des conférences internationales en Libye. Il a été un des rares à défendre Mouammar Kadhafi le guide de la Jamrihiya libyenne lâchement assassiné, puis Bachar AL Assad également traité de dictateur afin de satisfaire les impérialistes de tout poil…sans oublier Saddam Hussein, pendu pour avoir osé résister à la colonisation et Bagbo l’ex président ivoirien toujours emprisonné

Il a été l’avocat de la cause Algérienne dans sa guerre de libération. Il a également été, toute sa vie à côté des Palestiniens et de leur lutte de décolonisaion.

Il était un Maïtre du barreau prestigieux, un conférencier redoutable

Merci à Maître Verges de nous avoir charmé . Nous avons fait un bout de chemin à ses côtés

Lorsque je lui avais demandé pourquoi il avait défendu Klaus Barbie, il m’a répondu : « C’était une occasion unique de faire ressortir tous les crimes qu’avait commis l’état français contre le peuple algérien, mais malheureusement la France n’est toujours pas prête à le reconnaître ».

Nous avons perdu un ami sur qui nous pouvions toujours compter

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16 août 08:40, par Gilles Munier
La mort de Jacques Vergès – Une vie dédiée à l’anticolonialisme

http://www.france-irak-actualite.co…

Par Gilles Munier (Afrique Asie – paru en février 2011)

Jacques Vergès est né le 5 mars 1925, au Siam (aujourd’hui Thaïlande). Il est le fils de Pham Thi Khang, institutrice vietnamienne, et du docteur Raymond Vergès, originaire de la Réunion, consul de France à Oubone. Suite à ce mariage, considéré comme une mésalliance par la société coloniale de l’époque, son père dut démissionner et reprendre ses activités de médecin. Après le décès de sa mère alors qu’il avait trois ans, son père s’installa à la Réunion où Jacques Vergès fut élevé par sa vieille tante.

A l’âge de 10 ans, il rencontra Abdelkrim al-Khattabi, assigné à résidence à la Réunion. La forte personnalité du résistant, héros légendaire de la guerre du Rif (1921-1926) contre les troupes espagnoles et françaises – commandée par le maréchal Pétain – eut très certainement une grande influence sur sa manière de pensée.

A Londres, avec le général de Gaulle

A 12 ans, il milite avec son père, fondateur du parti communiste réunionnais, et Paul – son frère jumeau – pour le Front populaire. En 1942, son bac en poche, obtenu brillamment au coude à coude avec le futur Premier ministre français Raymond Barre, Jacques Vergès et son frère Paul rejoignent le général de Gaulle et les Forces françaises libres (FFL) en Grande-Bretagne. Ils ont 17 ans et demi.

Sous-officier, Jacques Vergès participe aux combats en Afrique du Nord, en Italie, puis en France. Après la guerre, en 1946, il adhère au parti communiste français (PCF) – où son militantisme au sein du Comité des étudiants anticolonialistes passe mal – et entame des études d’histoire, puis de droit. C’est là qu’il fait la connaissance de la génération d’hommes politiques, africains et asiatiques, qui lutteront pour l’indépendance de leur pays, ainsi que du Cambodgien Saloth Sar, futur chef des Khmers rouges sous le nom de Pol Pot, et de Khieu Samphan dont il assure aujourd’hui la défense.

En 1950, Jacques Vergès est élu – contre l’avis du PCF – membre, puis secrétaire général du bureau de l’Union internationale des étudiants dont le siège est à Prague. En 1955, de retour en France, il obtient sa licence de droit, passe le Capa, et s’inscrit au barreau de Paris. La Conférence du stage, association d’avocats célèbre pour son concours d’éloquence, le sacre orateur de l’année.

Plus dangereux qu’une division

En avril 1957, il propose ses services aux avocats qui défendent les militants du FLN et se jette, à corps perdu, dans le combat pour l’indépendance de l’Algérie.

Michel Debré, Premier ministre du général de Gaulle, dira que le collectif dont il est le leader, est « plus dangereux qu’une division ». Finalement, il est suspendu pendant un an. Il s’installe au Maroc où le docteur Khatib, ministre des Affaires africaines, en fait son conseiller et son agent de liaison avec les mouvements de libération à qui il fournissait des faux passeports, des vivres, de l’argent et des armes.

A Alger, après l’indépendance de l’Algérie, après avoir été directeur du département Afrique de Mohamed Khémisti – ministre des Affaires étrangères assassiné en avril 1963 – Jacques Vergès crée Révolution Africaine. Dans le n°2 de l’hebdomadaire, il rend un vibrant hommage à Abdelkrim al-Khattabi qui vient de décéder au Caire. Le « Lion du Rif », écrit-il, a démontré « à nous, hommes de couleur, que l’impérialisme n’était pas invincible ». Il signe l’article de son nom de guerre : Mansour (Le Victorieux).

La vedette des barreaux

Suite à des dissensions idéologiques avec le président Ben Bella, il quitte l’Algérie et fonde à Paris, en septembre 1963, le mensuel Révolution avec l’aide de la Chine et l’entourage de Che Guevara. Après le renversement de Ben Bella, le 19 juin 1965, il revient en Algérie, épouse Djamila Bouhired, héroïne de la Bataille d’Alger qu’il a défendu au cours d’un procès retentissant, et s’inscrit au barreau d’Alger. A la demande d’Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères du président Boumédiène, il assure la défense de fédayine palestiniens du FPLP ayant attaqué des avions d’El Al à Athènes et Zurich et de Mahmoud Hedjazi, condamné à mort pour avoir tiré sur des gardes-frontière. Les Israéliens le bloquent à l’aéroport de Tel-Aviv et l’expulsent.

Jacques Vergès « disparaît » de 1970 à 1978. Qu’on ne compte pas sur lui pour dire où il était et ce qu’il faisait ! Les brides de réponses qu’il distille dans Agenda, roman clé paru en 1979, aboutissent à des impasses. Selon la DST (service français de contre-espionnage), il aurait séjourné à Cuba, en Allemagne de l’Est, au Viet Nam du Nord, et serait un des pères de la Constitution algérienne de 1975. Mais ces informations sont à prendre avec des pincettes.

De retour en France, il reprend ses activités comme si de rien n’était. Suivront les procès qui feront de lui un des avocats les plus talentueux et les plus controversés du monde judiciaire contemporain. Aujourd’hui respecté par la majorité de ses confrères, y compris par ceux qui ne partagent pas ses engagements, il est l’invité vedette des rentrées solennelles des barreaux français et des colloques internationaux consacrés au droit pénal. Son triomphe au théâtre, avec sa pièce Serial plaideur, témoigne de sa popularité hors des prétoires.

A propos de Jacques Vergès, lire aussi :

Jacques Vergès réclame le libération de Georges Ibrahim Abdallah

et

Jacques Vergès et la défense de Saddam Hussein et de Tarek Aziz

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16 août 08:46, par Gilles Munier
Jacques Vergès réclame le libération de Georges Ibrahim Abdallah

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Extrait de l’interview de Jacques Vergès (Afrique Asie – février 2011)

Propos recueillis par Gilles Munier et Majed Nehmé

Georges Ibrahim Abdallah, membre de la Fraction Armée Révolutionnaire libanaise (FARL), est détenu depuis 1984, suite à l’exécution à Paris, en 1982, de Charles Ray, attaché militaire de l’ambassade des Etats-Unis, et de Yakov Barsimantov, secrétaire à l’ambassade d’Israël et responsable du Mossad en France. Ces attentats étaient une réponse des combattants libanais et arabes à l’invasion du Liban par Israël en 1982 (25 000 Libanais tués, et 45 000 blessés). Condamné à perpétuité avec une peine de sûreté de 15 ans, il aurait dû être libéré en novembre 2003. Sept ans se sont écoulés et il n’en est toujours pas question. Quelles sont les véritables raisons empêchant sa libération ?

Jacques Vergès : « Les véritables raisons sont que la France s’aplatit devant les Américains qui s’y opposent fermement. Le gouvernement français est sourd à nos arguments juridiques. C’est l’opinion libanaise au premier chef qui peut arracher – je dis bien arracher – sa libération. Il semble qu’elle bouge. On dit qu’il y a eu une tentative d’enlèvement au Liban et que ce serait lié à son cas. Après tout, la pratique d’échange d’otages existe, et Georges Ibrahim Abdallah en est devenu un. En mars 1985, les FARL avaient enlevé Gilles Peyrolles, conseiller culturel français à Tripoli. Suite à des négociations, menées par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Algérie à Beyrouth, sa libération avait été prévue contre celle de Georges Ibrahim Abdallah. Les FARL ont libéré Peyrolles, mais la France n’a pas tenu parole. Yves Bonnet, directeur de la DST à cette époque, le reconnaît ». Les Etats-Unis avaient opposé leur veto, exercé des pressions comme l’avait fait William Casey, directeur de la CIA, sur Robert Pandraud, ministre de la sécurité, pour le faire condamner.

En 2007, Maître Vergès avait conclu sa plaidoirie réclamant la libération de son client, en demandant à la justice française « de signifier à nos condescendants amis américains que la France n’est pas une fille soumise, en un mot une putain ».

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16 août 08:53, par Gilles Munier
Jacques Vergès et la défense de Saddam Hussein et de Tarek Aziz

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Extrait de l’interview de Jacques Vergès (Afrique Asie – février 2011)

Propos recueillis par Gilles Munier et Majed Nehmé

Vous avez pris la défense du Président Saddam Hussein, en faisant partie du groupe d’avocats constitué à cet effet, puis vous vous en êtes retiré : pourquoi ?

J’ai accepté la défense de Saddam Hussein à la demande d’une dizaine de membres de sa famille que j’ai rencontrés à Paris, Genève et Sanaa, au Yémen*.

Je me suis retiré à partir du moment où une de ses filles, qui était l’invitée d’honneur du Roi de Jordanie, s’est prononcée contre ma présence et pour celle d’autres personnes. J’ai pensé que la famille étant divisée à ce moment là, la défense était handicapée et je ne voulais pas m’imposer dans une défense qui était vouée à l’échec.

Mais vous aviez eu le temps d’entreprendre des démarches…

Oui, j’avais fait une démarche auprès du Président de la République, en France, et auprès des ambassades du Royaume uni, des France et de la Russie, sur le respect des droits de l’homme dans les procès qui allaient s’ouvrir en Irak. J’étais également l’avocat pressenti de Tarek Aziz.

J’avais reçu une réponse un peu formelle de la Russie et, surtout, une lettre très détaillée de M. Gourdeau-Montagne, conseiller diplomatique du Président Chirac. Il me disait que l’Irak était partie prenante au Pacte international sur les droits civiques qui prévoyaient la liberté de la défense et il était tenu de respecter des règles élémentaires dans ce domaine ; règles qui de toute évidence n’étaient, selon moi, pas respectées.

Ces démarches pourraient-elles être relancées en direction du gouvernement français

Je pense que la rupture dont parlait le candidat Nicolas Sarkozy ne concerne ni la politique étrangère ni les intérêts de la France. La France est partie prenante au Pacte sur les droits civiques, elle se doit de faire respecter les obligations qu’il implique. Et, il y a une continuité de l’Etat.

Pouvez-vous nous parler de la défense de Tarek Aziz ?

J’ai demandé un visa à l’ambassade d’Irak à Paris. Je ne l’ai pas eu. J’ai fait une démarche auprès des Américains pour qu’ils m’autorisent à rencontrer Tarek Aziz, bien sûr je n’ai pas obtenu cette autorisation, de sorte que je me suis contenté de prendre publiquement position à travers l’obligeance des Amitiés franco-irakiennes en rendant publique une lettre ouverte aux juges de Tarek Aziz. Je leur ai dit que s’ils prononçaient la peine de mort, la condamnation serait illégale comme illégale était la condamnation à mort du Président Saddam Hussein.

Illégales, pourquoi ?

Parce que la jurisprudence internationale dit que s’il existe une loi au moment de faits reprochés, fondés ou pas, prononçant des peines lourdes, et que la même loi existe au moment du jugement, mais qu’entre-temps une loi intermédiaire plus clémente a été en vigueur, c’est la loi intermédiaire qui doit s’appliquer. Or, entre les faits reprochés au Président Saddam Hussein qui étaient passibles de la peine de mort, au cas où ils auraient été fondés, et le moment où il a été jugé, il y a eu une période pendant laquelle les Américains ont suspendu la peine de mort. Si Saddam Hussein avait été jugé pendant cette période intermédiaire, on n’aurait pas pu le condamner à mort. Dans ce cas là dit la jurisprudence internationale, c’est la loi intermédiaire qui doit s’appliquer.

Les condamnations à la peine capitale de Tarek Aziz, de Saadoun Shaker et de trois autres anciens dirigeants irakiens, n’auraient pas, non plus, dues être prononcées.

* Après l’arrestation du Président Saddam Hussein, Jacques Vergès avait constitué un groupe de quatorze avocats dont faisait partie Maître Amar Bentoumi, ancien bâtonnier d’Alger, ancien ministre de la Justice, membre du Collectif des avocats du FLN pendant la guerre d’indépendance.

Réduire Tarek Aziz au silence

« Tarek Aziz connaît trop de secrets compromettants », dit Jacques Vergès, « il faut le faire taire définitivement mais, avant de le pendre et le faire taire à jamais, le Tribunal est là pour le condamner déjà au silence. Comme me l’écrivait M. Gourdault-Montagne* au nom de M. Chirac que j’avais saisi en son temps des conditions de détention de M. Tarek Aziz : « S’agissant des garanties judiciaires auxquelles peut prétendre M. Tarek Aziz, je relève que l’Irak est partie au Pacte des Nations Unies de 1966 sur les droits civils et politiques qui reconnaît à toute personne le bénéfice de garanties judiciaires procédurales.

Les autorités irakiennes ont, certes, le droit d’adopter des mesures qui dérogeraient aux obligations qu’impose cet instrument mais seulement en cas de danger public exceptionnel menaçant l’existence de la Nation et sous réserve de l’accomplissement de certaines formalités d’information des autres parties au Pacte, par l’intermédiaire du Secrétaire Général des Nations Unies. Or, à ce jour, les autorités iraquiennes n’ont pas signalé aux autres Etats parties l’adoption de mesures dérogatoires. M. Tarek Aziz bénéficie donc, dans ses relations avec les autorités iraquiennes, de la protection que lui offre le Pacte des Nations Unies de 1966 précité.  »

* Conseiller diplomatique de Jacques Chirac.

Le héros Jacques Vergès est mort
16 août 09:12, par Gilles Munier
Hommages à « l’avocat de la terreur », Jacques Vergès

http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE97F00Q20130816?sp=true

Vendredi 16 août 2013 13h11

PARIS (Reuters) – Le monde judiciaire français salue vendredi la mémoire de Jacques Vergès, avocat des causes perdues qui s’est rendu célèbre en plaidant pour des personnages sulfureux comme le nazi Klaus Barbie, des extrémistes et des opprimés.

Figure de roman, Jacques Vergès, qui est décédé jeudi soir d’une crise cardiaque à l’âge de 88 ans, s’est également illustré par son engagement dans la Résistance et son soutien au FLN algérien.

Selon son éditeur, Pierre-Guillaume de Roux, il est mort dans la chambre de Voltaire, Quai Voltaire à Paris, alors qu’il s’apprêtait à dîner avec ses proches.

« Un lieu idéal pour l’ultime coup de théâtre que devait être la mort de cet acteur-né, ce dont témoignait ses plaidoiries spectaculaires mais aussi son one-man show dans Serial Plaideur », pièce donnée au Théâtre de la Madeleine, puis de la Gaité-Montparnasse, écrit-il dans un communiqué.

Né au Siam (actuelle Thaïlande) d’un père réunionnais et d’une mère vietnamienne, il s’était récemment distingué en allant soutenir, en compagnie de l’avocat Roland Dumas, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

La disparition entre 1970 et 1978 de celui qui se décrivait comme un « salaud lumineux », abandonnant femme et enfants, a contribué à lui donner une aura mystérieuse. Jamais il n’a révélé les raisons de son départ ni sa destination.

A des journalistes qui lui demandaient s’il était au Liban, à Moscou ou s’il travaillait pour les Khmers rouges chez Pol Pot, au Cambodge, il a répondu qu’il était « très à l’est de la France » et « avec des amis qui sont encore vivants, dont certains ont des responsabilités importantes ».

Dans le documentaire « L’Avocat de la terreur », de Barbet Schroeder, il reconnaît avoir été ponctuellement présent à Paris de manière clandestine pendant cette période.

Visage ironique, portant de fines lunettes rondes, cet amateur de cigares et collectionneur de jeux d’échecs était proche de personnalités politiques du monde entier mais aussi de militants anonymes.

Il était redouté par sa « défense de rupture », consistant à se servir du tribunal comme d’un porte-voix et qu’il avait adoptée pendant la guerre d’Algérie en plaidant pour des militants du FLN.

MONSTRE SACRÉ

Il a d’ailleurs épousé Djamila Bouhired, héroïne de l’indépendance et poseuse de bombes condamnée à mort mais finalement graciée.

« Ce n’est pas seulement un grand avocat, c’est aussi un grand personnage », a dit sur France info Me Georges Kiejman, autre ténor du barreau, évoquant une « personnalité complexe, mystérieuse, exceptionnelle, dont personne ne fera le tour ».

Pour Me Charrière-Bournazel, président de la conférence des bâtonniers, Jacques Vergès était « l’un des monstres sacrés de la profession. »

Me Paul Lombard, autre ténor du barreau, a dit vouloir retenir de son confrère un message : « Que personne n’est indéfendable et tout le monde a droit à un avocat quel que soit le passif qui pèse sur lui ».

« Vergès fut un provocateur de talent qui choisit les criminels les plus odieux. Mais un grand avocat gagne ses causes et change le droit », a dit pour sa part sur son compte Twitter Corinne Lepage, avocate et eurodéputée.

Me Francis Vuillemin, ancien défenseur de Maurice Papon, l’ex-secrétaire général de la préfecture de Gironde condamné pour complicité de crimes contre l’humanité, voit en Jacques Vergès « l’unique monstre sacré du barreau français. »

« Monstre pour ceux que sa liberté totale, son indépendance intégrale et son audace radicale ramenaient à leur médiocrité. Sacré pour ceux qui savent ce qu’est un avocat », a-t-il dit à Reuters.

Me Eric Dupont-Moretti a rappelé que Jacques Vergès avait « risqué sa peau » quand il s’agissait de défendre le peuple algérien et que « l’Histoire lui a donné raison. »

« En ce qui concerne les peuples opprimés, nous, nous sommes des avocats de salon », a-t-il dit sur RTL.

L’avocat Gilbert Collard, député apparenté Front national et lui-même controversé, a déploré que « dans ce pays de langue de bois les avocats rebelles soient de moins en moins nombreux ».

« Bien sûr on va faire le procès de son histoire, dire qu’il a défendu les gens indéfendables, mais ce qui compte dans une démocratie, c’est qu’un homme soit là pour défendre », a-t-il dit sur i>Télé.

Gérard Bon, édité par Patrick Vignal

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