DE QUI, LE PAPE FRANÇOIS, SERA-T-IL LE SERVITEUR?
Le 30 avril 2013, le pape François a reçu dans sa bibliothèque privée du Vatican le président de l’État d’Israël, Shimon Perez. Le contenu de leurs échanges n’a pas franchi les portes de cette bibliothèque, si ce n’est un communiqué faisant état de certains sujets traités sans passer sous silence l’invitation faite au pape de visiter Israël.
Ils abordèrent la situation du Proche-Orient où perdurent encore de nombreux conflits. Dans ce contexte, ils ont dit espérer que reprennent les négociations entre Israéliens et Palestiniens. Que puisse ainsi, avec des décisions courageuses et des compromis de part et d’autre, et avec l’appui de la communauté internationale, obtenir un accord respectueux des légitimes aspirations des deux peuples. Il fut également question du statut de Jérusalem ainsi quedu conflit en Syrie où il est souhaité qu’une solution politique à travers le dialogue et la réconciliation des parties concernées soit trouvée et apporte la paix dans ce pays.
Le pape François accepta « avec disponibilité et joie » l’invitation de se rendre en Israël. Enfin, Shimon Perez, pour marquer, sans doute, sa proximité de pensée avec le pape François, l’informa qu’il se rendrait à Assise, au  cœur de l’Italie, pour y recevoir, dans la basilique de saint François, la « Médaille de la paix », décernée par l’Ordre des Franciscains. Une manière de dire à son interlocuteur qu’ils avaient tous les deux une même inspiration et qu’ils faisaient leurs, les objectifs de François d’Assise.
Habituellement, lorsque deux chefs d’État se rencontrent, il y a un communiqué commun qui est émis et les journalistes sont invités à poser des questions. L’État du Vatican ne se prête pas à cette procédure. Le communiqué de presse est celui du responsable des communications et non celui des deux principaux intervenants. Il est rarement suivi de questions de la part des journalistes.
Cette rencontre du pape François avec le président Shimon Perez prend toutefois un relief particulier du fait que dans les jours précédents cette rencontre, le pape François a reçu une lettre des chrétiens de la Palestine, l’interpellant pour qu’il intervienne en faveur du peuple palestinien, dénonçant, entre autres, les crimes commis par Israël.
« Nous sommes menacés de voir la plupart de nos terrains confisqués par l’occupant militaire israélien qui a déjà commencé à construire le fameux mur “annexant la terre palestinienne chrétienne” », écrivent les représentants de la ville chrétienne de Beit Jala, près de Bethléem, dans une lettre au pape obtenue par l’AFP.
Les signataires accusent les autorités israéliennes de vouloir « séparer Bethléem et les régions avoisinantes de Jérusalem et de nos lieux saints ».
« Votre sainteté, votre élection nous a apporté l’espérance que les choses changeraient. Nous avons encore espoir », poursuit la missive envoyée au moment où le Pape s’apprête à recevoir cette semaine le président israélien Shimon Peres, « un des principaux auteurs de la politique israélienne de colonisation en Palestine occupée », selon le texte.
La justice israélienne s’est prononcée la semaine dernière en faveur de la construction du mur de séparation dans la vallée palestinienne de Crémisan, près de Bethléem. Une commission spéciale d’appel, statuant sur les confiscations de terre, a rejeté les recours présentés par les propriétaires fonciers de Crémisan et par la Société Saint Yves de Jérusalem, une association catholique de défense des droits de l’Homme qui représentait les religieuses d’un couvent salésien également affectées par le tracé du mur. »
Les conflits au Moyen-Orient et tout particulièrement celui entre Palestiniens et Israéliens seront une mise à l’épreuve de l’indépendance du pape François des pouvoirs, dominants la région et de sa détermination de soutenir les revendications du peuple palestinien, fondées sur le droit international.
De qui le pape François sera-t-il le serviteur? Sera-t-il solidaire de l’État d’Israël et des politiques de Washington au Moyen-Orient ou prendra-t-il la défense des droits du peuple palestinien et de ceux qui souffrent de leurs ingérences dominatrices?
Une histoire à suivre.
Oscar Fortin
Québec, le 5 mai 2013