Le président al-Assad : La situation en Syrie est grave en raison de l’absence du droit international
avril 19, 2015
Entretien
Le président al-Assad : La situation en Syrie est grave en raison de l’absence du droit international
SANA
Vendredi 17 avril 2015
Damas / Le président Bachar al-Assad a affirmé que le terrorisme est dangereux et n’a pas de limites, soulignant que ce phénomène n’est pas une question locale ni régionale, mais mondiale.
Dans la 1ère partie de l’entretien qu’il a accordé au journal suédois “Expressen”, le président al-Assad a fait savoir que la situation en Syrie est grave en raison de l’absence du droit international et d’une organisation onusienne efficace qui protège un pays contre un autre qui recoure aux terroristes en tant qu’agents pour le détruire.
A la question de savoir si l’armée syrienne est devenue plus faible qu’avant, le président al-Assad a dit : “C’est normal, car toute guerre affaiblit n’importe quelle armée sans prendre en compte sa force et sa modernité”.
Le président al-Assad a ajouté que l’affaiblissement de l’armée dépend de nombre de normes et de paramètres intérieurs, dont certains sont relatifs au soutien apporté aux terroristes, soulignant que ce qui s’était passé à Idleb était dû à l’appui logistique et militaire apporté par la Turquie aux terroristes, en plus du soutien financier que leur octroient l’Arabie Saoudite et le Qatar.
“Les terroristes, ainsi que le gouvernement, les institutions et les services de renseignement turcs agissaient dans la bataille d’Idleb en tant qu’une même armée. Donc, la question n’a rien à voir avec la faiblesse et ou la force de l’armée, mais elle dépend plus de l’ampleur du soutien que les terroristes avaient reçu de la Turquie”, a fait allusion le président.
Quant au changement de l’agenda de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite, le président al-Assad a assuré que ces pays ne sont pas indépendants, c’est pourquoi ils ne disposent point d’agenda, disant : “Le comportement de vengeance des pays précités, qui se base sur la haine et qui verse dans certains cas dans l’agenda des Etats-Unis, n’a rien à voir avec la crise en Syrie, vu qu’ils ont soutenu les terroristes en Afghanistan en apportant tout appui à l’idéologie wahhabite et extrémiste, lequel s’est soldé par la propagation du terrorisme en Europe”.
Questionné sur la poursuite par les Etats-Unis de soutenir l’Arabie Saoudite bien qu’ils connaissent le lien entre l’idéologie wahhabite et les terroristes, le président al-Assad a affirmé que les Etats-Unis connaissaient bien ce lien, mais ils n’évaluaient pas le niveau de gravité du terrorisme en cas de son usage comme carte politique.
A propos des résultats de la rencontre tenue récemment à Moscou entre une délégation officielle syrienne et une partie de l’opposition, le président al-Assad a dit : “C’était la 1ère fois qu’on parvient à un accord sur certains principes qui constitueront une base de dialogue prochain entre les Syriens”, soulignant que la durée du dialogue était insuffisante pour achever l’ordre du jour de la rencontre.
Et le président al-Assad d’ajouter : “La nouvelle rencontre sera prometteuse pour parvenir à un accord complet sur les principes du dialogue qui se soldera par le règlement du conflit en Syrie”.
Questionné sur sa vision à propos des consultations que l’émissaire onusien pour la Syrie, Staffan De Mistura, tiendrait à partir du mois de mai ou de juin prochains pour trouver un terrain commun entre les pays principaux s’intéressant au conflit, le président al-Assad a fait savoir qu’il est d’accord avec De Mistura sur ce point, ” vu que la considération du conflit en Syrie comme celui entre des factions syriennes est irréelle et non objective”, a-t-il précisé.
“Tout plan à exécuter pour résoudre la crise en Syrie sera voué à l’échec à cause de l’intervention étrangère, comme c’était le cas dans le plan de De Mistura à Alep, quand les Turcs ont demandé aux factions ou aux terroristes qu’ils soutiennent de rejeter la coopération avec lui. Donc, je crois que De Mistura sait qu’il va échouer sans convaincre les pays appuyant les terroristes de cesser de le faire et de laisser les Syriens à résoudre leur problème”, a-t-il dit.
Quant à son avis sur les efforts de De Mistura, le président al-Assad a fait allusion à l’examen avec De Mistura de son plan sur Alep, “ce plan qui est compatible avec nos efforts dans la réalisation des réconciliations dans de différentes zones en Syrie”, a-t-il précisé.
“Nous avons dès le début soutenu le plan de De Mistura sur Alep et nous appuyons toujours ses efforts à cet égard”, a souligné le président al-Assad.
A la question de savoir comment il trouve la politique de la Suède qui est le seul pays qui octroie un séjour permanent aux personnes qui ont fui la guerre en Syrie, le président al-Assad a mis en exergue la position humanitaire qu’adopte la Suède quant aux différents conflits, dont celui en Syrie.
“C’est bien qu’on assure l’abri aux gens, mais le meilleur est de les aider à regagner leurs pays. Je crois que la Suède peut jouer un rôle à cet égard en tant que pays important à l’Union Européenne, et ce, en aidant à lever les sanctions imposées à la Syrie, car les Syriens ne se sont pas rendus en Suède ou à tout autre pays pour fuir, comme raison unique, les actes terroristes, mais aussi du fait de l’embargo qui a influé sur eux”, a fait savoir le président al-Assad.
“La Suède peut en même temps interdire à tout pays européen de donner un parapluie aux terroristes sous de différentes appellations, telles que l’opposition pacifique ou opposition modérée”, a-t-il dit, soulignant que cette opposition soutenue par les pays européens est le Front Nosra, al-Qaïda et les Frères Musulmans.
Et le président al-Assad de poursuivre : “La Suède peut également exercer des pressions sur les pays soutenant les terroristes et interdisant les plans de la paix en Syrie, en particulier l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie”.
Questionné sur la situation actuelle en Syrie, considérée comme la plus mauvaise après la Seconde Guerre Mondiale, le président al-Assad a indiqué que c’est une grande exagération de faire une comparaison entre ce qui se passe en Syrie, du point de vue humanitaire, et ce qui s’était produit lors de la Seconde Guerre Mondiale. “Mais en mettant cette exagération à l’écart, nous avons des millions de personnes qui ont été déplacées de leurs zones à cause des actes terroristes”, a-t-il ajouté.
Le président al-Assad a souligné que tous les pays et les organisations onusiennes n’avaient octroyé en 2014 que 22% des aides alimentaires présentées par l’Etat syrien.
“L’Etat syrien paie toujours les salaires, envoie les vaccins aux enfants et assure les impératifs nécessaires aux hôpitaux dans les zones contrôlées par les terroristes”, a-t-il expliqué.
Concernant son avis sur les menaces que représentent les djihadistes, dont certains se trouvent actuellement en Syrie, sur la Suède après y être retournés, le président al-Assad a indiqué que les plus dangereux chefs de Daech dans la région sont des Scandinaves, faisant noter que la Suède ne restera point sûre tant que le terrorisme se propage dans de différents pays européens.
A propos de la demande de la Suède à l’Etat syrien d’échanger des informations sur les combattants de Daech et sur les autres djihadistes, le président al-Assad a dit qu’il n’y a pas de contacts entre les services de renseignement de la Syrie et de la Suède.
A la question de savoir si les pays occidentaux connaîtront le même scénario des attaques terroristes qui se sont produits à Stockholm et ensuite à Paris, le président al-Assad a affirmé que la Syrie avait dès le début de la crise mis en garde contre les attaques terroristes qui avaient visé l’Europe.
Quant à sa vision sur les voies les plus efficaces pour traiter avec les terroristes, le président al-Assad a dit : “Le terrorisme n’est pas une guerre, c’est une culture avec laquelle il faut traiter d’une manière idéologique. En plus, les terroristes exploitent les pauvres, c’est pourquoi il faut traiter la question de la pauvreté par le biais de la croissance économique et du développement. Il faut aussi traiter avec les questions politiques qu’utilisent les terroristes pour mobiliser d’autres terroristes, en particulier la cause de la paix entre les Arabes et Israël. Et enfin, il est nécessaire d’échanger les informations entre les services de renseignement”.
A la question de savoir comment il trouve l’avenir de Daech, le président al-Assad a assuré que Daech n’est pas soutenu jusqu’à présent dans la société syrienne, mais ce réseau se trouve aussi en Irak, au Liban, en Libye et en Egypte, ajoutant : ” A court terme, Daech n’a pas d’avenir, mais à moyen terme, l’avenir de la région sera al-Qaïda, car on ne peut pas contrôler les idéologies quand elles sont ancrées dans l’esprit”.
Par ailleurs, le président al-Assad a affirmé que les Syriens n’admettent point de faire une comparaison entre l’Etat et les organisations terroristes, soulignant : “Notre mission est d’aider le pays et de défendre les citoyens et je ne crois pas que Daech, le Front Nosra et les Frères Musulmans qui tuent et terrifient les gens jouent le même rôle que le nôtre”.
Questionné sur le besoin du Hezbollah en Syrie, le président al-Assad a indiqué que le terrorisme n’est pas une question locale, insistant sur l’importance de la coopération avec les différentes forces dans la région.
Évoquant la coopération militaire et de renseignement avec l’Irak avant même la recrudescence de Daech, le président al-Assad a dit : “Le Hezbollah sait bien que le terrorisme en Syrie signifie le terrorisme au Liban, c’est pourquoi la coopération est importante pour nous tous”.
Questionné sur l’usage par l’armée syrienne des armes chimiques en Syrie, le président al-Assad a répondu :” Ce sont des accusations qui font partie de la propagande visant la Syrie pour diaboliser le président et l’Etat afin de gagner les cœurs du peuple syrien au profit de leurs agendas”.
Et le président al-Assad de poursuivre : “Ils parlent des armes chimiques sans avoir aucune preuve à cet égard. Par contre, c’est nous qui ont demandé aux Nations Unies d’envoyer une délégation pour vérifier les allégations lancées sur l’usage de ces armes en Syrie”.
A propos de sa connaissance de la torture qui a lieu dans les prisons syriennes, le président al-Assad a fait savoir que la Syrie ne dispose pas d’une politique systématique de torture, comme c’était le cas à Guantanamo où l’administration américaine suivait cette politique après l’admission du président Bush, de son Secrétaire à la Défense et d’autres membres de son administration.
Questionné sur les possibilités de la visite de l’Amnesty International et de la Croix-Rouge aux prisons en Syrie, le président al-Assad a assuré que de nombreux journalistes et organisations étaient venus en Syrie, soulignant que la visite d’une organisation donnée en Syrie dépend de la nature de la coopération existante entre elle et le gouvernement syrien, ainsi que de sa crédibilité. “En principe, plusieurs organisations et entités peuvent visiter nos prisons”, a-t-il dit.
Quant à son message aux activistes qui ne sont pas des islamistes et qui luttent, disons, pour la liberté, le président al-Assad a fait noter “Nous n’avons guère dit que tout combattant est un islamiste bien que nous sachions que la partie dominante sont les terroristes, Daech et le Front Nosra”.
“Nous soutenons toute personne oeuvrant pour obtenir davantage de liberté, d’une manière institutionnelle et dans le cadre de la constitution, mais non pas par le biais de la violence, du terrorisme et de la destruction du pays. Ceci n’a rien à voir avec la liberté”, a-t-il fait allusion.
De même, le président al-Assad a indiqué que ceux qui accusent l’armée syrienne de commettre des actes de meurtre doivent confirmer cela, posant les questions suivantes : “Comment peut-on résister dans une guerre face à des pays de grandes puissances et à des pays riches si on tue notre peuple? Comment peut-on continuer à jouir de l’appui de notre peuple? C’est impossible, irréel et inacceptable”.
En outre, le président al-Assad a indiqué que l’Etat syrien avait adopté dès le début du conflit en Syrie deux choses, à savoir la lutte contre les terroristes et le lancement d’un dialogue, ajoutant : “Nous avons invité toutes les parties au dialogue et coopéré avec toute initiative avancée par l’ONU, la Ligue arabe ou tout autre pays sans prendre en compte la crédibilité de cette initiative, juste pour ne pas laisser une voie sans le suivre”.
A. Chatta