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L’EI « en train d’être stoppé » par les frappes? Pas pour Bachar Al-Assad


L’EI « en train d’être stoppé » par les frappes? Pas pour Bachar Al-Assad

MONDE | jeudi 4 décembre 2014 à 7h37

L’organisation Etat islamique « est en train d’être stoppée » en Irak et en Syrie, a affirmé mercredi la coalition conduite par les Etats-Unis, qui ont salué les frappes iraniennes « positives » contre les jihadistes dans ce combat qui pourrait durer « des années ».
Le secréaire d’Etat John Kerry au milieu des représentants des pays de la coalition contre le groupe EI, le 3 décembre 2014 à Bruxelles

Le secréaire d’Etat John Kerry au milieu des représentants des pays de la coalition contre le groupe EI, le 3 décembre 2014 à Bruxelles – Emmanuel Dunanc
Carte des pays engagés contre l’État islamique et menant des frappes contre ce groupe en Irak et en Syrie

Carte des pays engagés contre l’État islamique et menant des frappes contre ce groupe en Irak et en Syrie – V. Breschi/ J.Jacobsen, jj/abm/smm
Un avion F-4 iranien atterrit après un exercice militaire, le 23 juin 2009 à Chabahar, dans le sud de l’Iran

Un avion F-4 iranien atterrit après un exercice militaire, le 23 juin 2009 à Chabahar, dans le sud de l’Iran – Ebrahim Norouzi
Mots clés
Diplomatie,
Irak,
Iran,
Conflit,
Syrie,
Etat islamique

Grâce au « millier » de frappes menées depuis le mois d’août, « la dynamique de l’EI a été stoppée », a déclaré le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

« Ils ont dû changer leurs tactiques, cela contrarie leurs actions », a-t-il ajouté, après avoir réuni ses homologues d’une soixantaine de pays participant à la coalition contre ce groupe ultra-violent en Irak et en Syrie.

Dans leur déclaration finale, les participants affirment que les frappes aériennes commencent « à montrer des résultats », tout en reconnaissant qu’il faut faire plus pour tarir les revenus de l’EI, notamment pétroliers, et « endiguer le flot de combattants terroristes étrangers ».

« Nous n’avons constaté aucun changement », a au contraire déclaré le président syrien Bachar al-Assad. « On ne peut pas mettre fin au terrorisme par des frappes aériennes. Des forces terrestres qui connaissent la géographie et agissent en même temps sont indispensables », a déclaré M. Assad dans une interview à l’hebdomadaire français Paris-Match.

Cette réunion de la coalition était la première à ce niveau depuis le début des frappes américaines en Irak le 8 août. Onze pays arabes et la Turquie, tous ennemis déclarés de M. Assad, y ont participé, ainsi que le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi.

Elle a commencé quelques heures après que le Pentagone eut annoncé que l’Iran avait mené des raids aériens contre l’EI dans l’est de l’Irak ces derniers jours. Téhéran, qui n’a pas confirmé, est un allié de circonstance inattendu, et les Etats-Unis ont réaffirmé leur refus catégorique de toute coordination militaire avec l’Iran.

Le Pentagone a précisé mercredi que les frappes aériennes iraniennes avaient visé des jihadistes de l’EI dans une zone de l’est de l’Irak où les avions américains n’opèrent pas. « C’était dans la province orientale de Diyala », a dit un porte-parole du Pentagone, Steven Warren. « Nous ne sommes pas actifs là-bas ».

Commentant l’annonce de frappes iraniennes, M. Kerry a estimé que « cela a un effet qui, au final, est positif ».

Téhéran équipe déjà les milices chiites en Irak ainsi que des unités de l’armée irakienne avec des fusils et des lance-roquettes. L’Iran a également mis à la disposition de l’Irak des avions de combat Soukhoï Su-25.

Les Etats-Unis sont le moteur de la coalition internationale contre l’EI, qui a proclamé en juin un « califat » à cheval sur la Syrie et l’Irak, où il disposerait de 30.000 combattants, et a décapité plusieurs otages occidentaux.

« Des bottes sur le terrain »

« Nous allons mener cette campagne aussi longtemps que nécessaire pour gagner », a déclaré M. Kerry à Bruxelles. « Notre engagement durera certainement des années ».

« Cela représente un effort à très très long terme, il y aura des revers et des progrès », a estimé un haut responsable américain présent dans la capitale belge.

« Les terroristes de Daech sont un fléau. Tout doit être fait pour l’éradiquer », a lancé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. « L’action militaire de la coalition commence à porter ses fruits, notamment en Irak, mais il reste beaucoup à faire », a-t-il estimé.

En Irak, les Etats-Unis ont reçu l’aide d’avions français, australiens, britanniques, canadiens, danois, belges et néerlandais. Par ailleurs, depuis le 23 septembre, les Américains frappent des positions de l’EI en Syrie, avec la participation de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de la Jordanie et de Bahreïn.

« La solution nécessite des bottes sur le terrain, les bombardements sans un appui terrestre ne permettent pas d’en finir avec EI », a toutefois averti le ministre espagnol José Manuel Garcia Margallo.

Jusqu’ici, M. Abadi et les pays occidentaux ont exclu toute intervention étrangère au sol.

La coalition veut aussi contrer la « propagande » de l’EI sur les réseaux sociaux. « Il faut agir sur le terreau sur lequel prospère l’idéologie » jihadiste, a souligné le ministre allemand, Frank-Walter Steinmeier.

Les ministres de la Justice des pays de l’Union européenne se réunissent jeudi à Bruxelles pour examiner notamment comment améliorer la lutte contre le jihadisme.

L’EI a commis de nombreux viols, enlèvements, meurtres de masse et crucifixions de civils dans les régions sous son contrôle, et les revendique même activement sur les réseaux sociaux.

Les jihadistes de l’EI ont installé des camps d’entraînement dans l’est de la Libye et l’armée américaine les surveille de près, a déclaré le général David Rodriguez, chef du commandement de l’armée américaine pour l’Afrique.

Selon Bachar Al-Assad, les frappes ne sont pas efficaces

Les frappes aériennes en Syrie de la coalition dirigée par Washington contre le groupe Etat Islamique (EI) sont inefficaces, juge pour sa part le président syrien Bachar al-Assad dans un entretien au magazine français Paris-Match publié jeudi.

Ces interventions aériennes « nous auraient certainement aidés si elles étaient sérieuses et efficaces. C’est nous qui menons les combats terrestres contre Daesh (acronyme arabe de l’Etat islamique, ndlr), et nous n’avons constaté aucun changement, surtout que la Turquie apporte toujours un soutien direct dans ces régions », souligne-t-il.

« On ne peut pas mettre fin au terrorisme par des frappes aériennes. Des forces terrestres qui connaissent la géographie et agissent en même temps sont indispensables », déclare le président syrien. « C’est la raison pour laquelle il n’y a pas eu de résultats réels après deux mois des campagnes menées par la coalition. Ce n’est donc pas vrai que les frappes de la coalition nous aident », dit-il.

Les quelque soixante pays qui participent à la coalition internationale en Syrie et en Irak ont au contraire estimé mercredi que la campagne aérienne commençait « à montrer des résultats ». L’avancée de l’EI en Irak et en Syrie est « en train d’être stoppée », ont affirmé ces pays à l’issue d’une réunion ministérielle à Bruxelles.

Bachar al-Assad confirme par ailleurs que Damas considère les frappes des Américains et et de leurs alliés comme « une violation de la souveraineté nationale » de la Syrie. « Il s’agit d’une intervention illégale, d’abord parce qu’elle n’a pas reçu l’approbation du Conseil de sécurité (de l’ONU, ndlr), ensuite parce qu’elle n’a pas tenu compte de la souveraineté d’un Etat qui est la Syrie », déclare-t-il.

Interrogé sur la chute et la mort brutales de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi, Bachar al-Assad répond que « le capitaine ne pense pas à la mort, ni à la vie, il pense à sauver son navire ». Son « but n’est pas de rester président, ni avant, ni pendant, ni après la crise », dit-il.

« Mais quoi qu’il arrive, nous autres Syriens n’accepterons jamais que notre pays devienne un jouet entre les mains de l’Occident. C’est un principe fondamental pour nous », affirme M. Assad.

Interrogé sur le fait que la France avait il y a quelques années de bonnes relations avec lui alors qu’à présent elle le considère « comme un paria », Bachar al-Assad accuse les dirigeants français d’être soumis à des influences étrangères.

« Les bonnes relations entre 2008 et 2011 », période pendant laquelle la France était présidée par Nicolas Sarkozy, « n’étaient pas le résultat d’une initiative française. Il y a eu d’abord les Américains qui ont chargé l’administration française, à l’époque, de faire pression sur la Syrie au sujet de l’Iran. Il y a eu ensuite le Qatar qui poussait la France à améliorer ses relations avec la Syrie », déclare Bachar al-Assad.

« Aujourd’hui, les choses n’ont pas changé. (Le président François) Hollande, comme Sarkozy, n’agit pas de son propre gré », ajoute-t-il.

Bachar al-Assad ironise par ailleurs sur l’impopularité du président Hollande, qu’il ne « connaît même pas ». « Je ne suis ni l’ennemi personnel ni le rival de Hollande. Je pense que c’est plutôt Daesh qui est son rival, puisque leurs cotes de popularité sont très proches », déclare-t-il. Selon lui, l’exécutif français actuel « oeuvre à l’encontre des intérêts (du peuple syrien) et de ceux du peuple français ».

RTBF avec AFP

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