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L’image de Bachar Al Assad et la sécurité d’Israël


L’image de Bachar Al Assad et la sécurité d’Israël
10/12/2014

Par JMBerniolles

Une interview du magazine Paris Match de Bachar al Assad donne un éclairage différent de la personnalité de celui que l’on présente encore comme un dictateur sanguinaire réélu dans une parodie d’élection présidentielle. Dans ses réponses modérées Assad livre tout de même quelques vérités mises en évidence par Marianne : « Depuis quand les Américains disent-ils la vérité sur la crise syrienne ? » dit-il et « parlons aussi franchement » poursuit-il : « Si le Qatar n’avait pas financé dès le début les terroristes, si la Turquie ne leur avait pas apporté un soutien logistique et l’Occident un soutien politique, les choses auraient été différentes »

Et fait comprendre sa détermination : « Quoi qu’il arrive, nous autres Syriens n’accepterons jamais que notre pays devienne un jouet entre les mains de l’Occident ». Sa pique finale envers Hollande qu’il place subtilement au niveau de Daesh, pas seulement au niveau du soutien populaire, 12%, manifeste malgré tout une retenue intelligente vis-à-vis de la politique syrienne de la France qui date d’ailleurs d’avant notre actuel président.

Rien n’est innocent dans notre paysage médiatique. Cette interview prend évidemment en compte la réalité du terrain, c’est-à-dire les succès militaires de l’armée loyaliste, pour lui donner son vrai qualificatif. Mais comme dans le même temps se dessine en Angleterre, Suède et en France un mouvement législatif pour la reconnaissance d’un Etat palestinien, on ne peut s’empêcher de faire le lien de ces événements avec la question de la sécurité d’Israël.

Le redressement de l’image de Bachar Al Assad

Sur le plan de la personnalité et de l’image, Bachar Al Assad, dont la culture est indéniable et a été assurée pour partie par une grande université anglaise, est parti de très bas. Dictateur sanguinaire c’est ainsi qu’il a été d’emblée présenté dans le cadre de l’émergence d’un mouvement de protestation, style révolution arabe, dont on sait maintenant complètement ce que cela signifie, dans son pays et non pas quand il a été reçu à l’Elysée peu de temps avant.

On lui a aussi rapidement attribué le meurtre de Hariri, certainement dans le but d’attiser les affrontements inter communautaires au Liban. A l’épreuve du temps sa culpabilité semble de moins en moins certaine.

Ce que l’on peut dire avec certitude, c’est que la Syrie a joué un rôle positif dans la guerre civile au Liban, et que ce pays arabe représente le seul véritable soutien des palestiniens.

Assad a eu le choix : soit se démettre et partir en villégiature à l’étranger avec sa famille qui semble-t-il le poussait vers cette issue, soit rester et se battre contre les hordes de mercenaires, armées, entrainées et financées par les USA, la France, la Grande Bretagne et l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Du côté du Golan et du Liban, ces islamistes réellement sanguinaires, qui viennent d’ailleurs d’exécuter un soldat libanais capturé, pour la plupart sous la bannière Al Nosra, ont également le plein soutien d’Israël.

Cela fait beaucoup pour un seul homme, même sanguinaire ! Si Assad n’avait pas bénéficié de l’appui d’une majeure partie de son peuple, il n’aurait pas pu disposer d’une armée de conscrits, où vraisemblablement Alaouites et Chiites, Chrétiens mais aussi Sunnites sont unis dans ce combat contre Al Nosra, Daesh et d’autres brigades islamistes… Cela fait quelques temps que l’armée syrienne dite libre n’existe plus, même dans la propagande de nos médias.

Avec le soutien des russes, de l’Iran et des Chinois, Assad a ainsi résisté, en résidant à Damas, d’abord dans une grande incertitude sur le sort des engagements militaires, puis après quelques victoires clés comme celle obtenue avec le Hezbollah à Qosseir, Qualamoun, .. puis à Homs, dans un mouvement de reconquête qui concerne notamment Alep en ce moment.

Il y a encore des gesticulations sur la nécessité de frapper la Syrie, pour des motifs humanitaires bien entendu, de la part de la France et des USA. Mais l’essentiel s’est joué en septembre 2013, moment où Obama a du renoncer à ses frappes de missiles programmées sur 72 heures, par crainte des représailles. Quand on pense que la France n’a qu’un mois de réserves de pétrole, on imagine bien la folie que représenterait pour les pays occidentaux un embrasement total au Moyen Orient.

La sécurité d’Israël

Il parait maintenant complètement vain de prétendre éliminer Assad, qui ne « mérite pas d’être sur terre » selon celui qui est soi-disant notre ministre des affaires étrangères mais qui en fait se préoccupe beaucoup plus de la sécurité et de l’impunité d’Israël. Comme d’autres politiciens.

L’interview d’Assad à Paris Match, qui bien évidemment implique un spectaculaire redressement d’image en France, de même que la position pour un état palestinien soutenue par Fabius, s’inscrivent pleinement dans une défense d’Israël qui tiendrait compte des nouveaux rapports de force.

L’après Netanyahou est déjà en marche donc.

Parce que les faits maintenant bien établis sont qu’Israël a perdu la bataille militaire de Gaza, ce que les israéliens ont perdu aussi c’est l’occasion d’éviter de massacrer une nouvelle fois des civils, et que l’armement de la Cisjordanie est sur le point de se faire, si ce n’est pas déjà engagé. S’il y a un affrontement direct avec le Hezbollah, il est certain que ce sera le cas.

Nos gouvernants sont naturellement bien informés de la situation réelle et ils jugent sans doute que pour la sécurité d’Israël le moment d’un vrai dialogue de paix avec les palestiniens est venu.

Ils craignent certainement aussi d’avoir grillé leur marionnette Mahmoud Abbas et de favoriser ainsi l’émergence d’un vrai mouvement de résistance en Cisjordanie.

Dans la région, il y a aussi une montée irrésistible de l’Iran, dans la tradition perse, et du croissant chiite tel que défini par Bassam Tahhan. Parallèlement à l’action militaire, les USA et leurs alliés ont également développé une guerre économique faites de sanctions monétaires, d’embargos et aujourd’hui de pressions exercées en faisant baisser le prix du baril de pétrole avec la complicité de l’Arabie saoudite. Le but recherché est l’asphyxie économique de l’Iran et de la Russie, mais aussi au passage de l’Algérie et du Venezuela. Ceci afin de favoriser des troubles sociaux à même de provoquer un changement de régime.

Dans le contexte actuel, que ne semble pas avoir encore assimilé le congrès américain, ce genre d’agression de nature économique est assez délicate. Les négociations sur le nucléaire iranien ont montré que cela n’avait pas mis à genoux l’Iran et cela conduit inéluctablement à des accords commerciaux entre la Russie, l’Iran, la Chine, puis bientôt d’autre pays, qui finiront par exclure le dollar. Ce qui portera un coup majeur à la domination des USA. On voit déjà que l’Allemagne ne pratique pas vis-à-vis de la Russie un suivisme aveugle. Exclure la Russie du contexte économique européen est une erreur fondamentale qui ne peut venir que d’une vassalisation des pays qui œuvrent dans ce sens.

Au Moyen Orient d’une manière générale il est sans doute plus que temps de mettre en route des véritables processus de paix, avant que l’irresponsabilité du régime israélien actuel ne pousse à une guerre contre le Hezbollah, la Syrie et in fine l’Iran. On peut remarquer également que les USA modèrent les ardeurs guerrières de la Turquie et qu’ils ne couvrent plus totalement l’Arabie saoudite.

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