Les chrétiens de Syrie fuient les enlèvements, viols et exécutions.
novembre 26, 2013
Syrie les femmes!
simone lafleuriel-zakri
medi 23 novembre 2013
Par Jamie Dettmer – Comment échapper à l’agression, l’enlèvement et l’assassinat des mains des djihadistes et des rebelles de l’Armée Syrienne « Libre », telle est l’inquiétude de l’ancienne communauté chrétienne de Syrie craint qu’un pogrom religieux ne soit prêt d’éclater.
Traumatisés par ce qu’ils ont eu à endurer à l’intérieur de la Syrie et craignant pour leur avenir, les chrétiens, fuyant les 32 mois de guerre civile, disent que la persécution des chrétiens s’aggrave dans les territoires nord du pays tenus par les rebelles. ils affirment que l’enlèvement, le viol et les exécutions de chrétiens ne sont pas seulement menées par des groupes djihadistes, mais aussi par d’autres rebelles sunnites, notamment ceux affiliés à l’Armée Syrienne « Libre » soutenu par l’Occident.
Parmi les réfugiés chrétiens récemment arrivés dans le sud de la Turquie, beaucoup traversent les étapes franchies par leurs ancêtres, qui avaient fui la persécution menée dans la partie sud de la Turquie au cours du siècle dernier. Disons que les chrétiens sont perçus comme une cible légitime par toute une série de djihadistes et de rebelles islamistes, y compris par les combattants de l’Armée Syrienne « Libre » alliées de l’Occident et par d’autres mercenaires de « l’Armée de l’Islam ».
La plupart des atteintes aux chrétiens syriens ont été imputés aux affidés de Al-Qaida, le mouvement dénommé « Jabhat al-Nosra » [Front de la Victoire] et « l’Etat islamique d’Irak et du Levant » ; toutefois, des réfugiés tel que la directrice de l’école, Rahel, disent qu’à l’intérieur de ces organisations la perception est plus confuse.
Rahel affirme que les djihadistes n’étaient pas majoritaire dans son village chrétien d’Al-Ya’qoubieh situé dans la province Nord-Ouest de Syrie, près d’Idlib. Le problème venait des combattant de l’Armée Syrienne « Libre » qui se trouvaient dans les villages sunnites voisins.
Au mois de février dernier, l’Agence France-Presse (AFP), écrivait à propos d’Al-Ya’qoubieh, qu’en dépit du fait qu’une des trois églises avait été pillée, les relations entre les musulmans sunnites syriens et les chrétiens étaient localement cordiales, mais dans les mois qui ont suivi, presque tous les chrétiens avaient du fuir, après qu’une demi-douzaine, d’entre eux, avaient été exécutés, que leurs têtes furent tranchées et que vingt parmi-eux avaient été enlevés. L’évacuation d’Al-Ya’qoubieh est venue s’ajouter à un exode des chrétiens qui laisse craindre que la guerre civile pourrait signifier la ruine du christianisme syrien.
« Al Nusra » n’est pas venu dans notre village ; ceux qui y sont entrés étaient des villages proches et ils étaient membres de l’Armée Syrienne Libre, dit Rahel ». Les chrétiens étaient la cible de ces gens, car ils étaient considérés comme des partisans du Président Assad. La persécution fut aussi causée par la cupidité ; les plus aisés étant choisi en premier et leurs biens partagés par de puissantes familles musulmanes sunnites locales.
Assise à la terrasse d’une maison en pierre restaurée dans la petite ville turque de Midyat où elle vit gratuitement avec son mari et ses quatre enfants, grâce à la générosité de chrétiens locaux, Rahel dit qu’elle « ne peut entrevoir aucun avenir pour les chrétiens en Syrie ». Elle dit que » les derniers mois ont enseigné qu’il n’est pas possible pour les chrétiens d’y vivre plus longtemps ».
Son mari, âgé de 53 ans est resté silencieux durant l’entrevue. Selon Rahel, « il est en état de choc ; il ne dort pratiquement pas et quand cela lui arrive de le faire, il est en proie à des cauchemars ». « La semaine dernière, nous avons entendu dire qu’un parent aurait été enlevé ».
Dès les premiers temps du christianisme, les chrétiens ont vécu et prié en Syrie. Mais la guerre civile a vu un demi- million d’entre, soit près d’un quart des chrétiens fuir, avec une majorité toutefois qui se rendaient en Turquie et au Liban chaque jour.
Près de 300 ont cherché refuge dans la petite ville de Midyat et dans les villages environnants, dans la région de Tur Abdin qui se trouve à moins de 45 kilomètres de la frontière. Le Tur Abdin est le cœur historique de l’Eglise syrienne orthodoxe ; c’est une région parsemée d’églises et de monastères antiques ; le plus ancien remonterait à l’an 397.
L’inquiétude la plus grande des chrétiens au sujet de la Syrie est l’éventuelle victoire des rebelles. Tout de suite, ils font référence à ce qui s’est produit dans l’Irak voisin, après la chute de Saddam Hussein, lorsque des crimes confessionnels, la persécution des chrétiens ainsi qu’un accroissement de la culture politique islamiste a entrainé l’exode de plus de la moitié de la population chrétienne irakienne.
Avant la guerre, la Syrie avait une population chrétienne estimée à 2,5 millions. La prédominance revenant à l’Eglise grecque orthodoxe, mais il y a aussi des catholiques et des chrétiens syriaques orthodoxes, ainsi que des protestants et des fidèles de l’Eglise assyrienne Orientale. Le groupe d’opposition, la Conseil national syrien, soutenu par l’Occident, a cherché à apaiser la crainte des chrétiens, avec peu d’efficacité toutefois, alors que des villages et des villes chrétiennes sont atteints et que des massacres sont rapportés.
Beaucoup de réfugiés chrétiens, arrivant au Liban, sont traumatisés, affirme Najla Chada de Caritas, l’Agence du Secours Catholique. « Nombreux parmi-eux sont ceux qui partagent avec nous des histoires sur le fait que des fondamentalistes les ont approchés pour les obliger à leur payer quelques loyers ou des sommes d’argent qu’ils n’avaient pas », dit Najla Chahda. « Terrorisées, elles ne répondaient pas et partaient ».
Parmi les autres histoires qui nous sont parvenues, il y avait celle de la conversion forcée à l’Islam et celles des Eglises qui ont été profanées au cours de ce conflit confessionnel pervers. Plusieurs membres du clergé ont été enlevés, notamment deux évêques, et dans les villages de la province de Homs, un grand nombre de chrétiens ont été forcés de quitter leurs maisons et leurs fermes. Une des pires atrocités qui nous a été rapportées au début de ce mois, par l’Archevêque syrien orthodoxe de Homs, Mar Selwanos Boutros Al-Nemeh, qui accusait les djihadistes soutenus par Al-Qaïda, d’avoir tué plus de quarante chrétiens durant leur occupation de la ville de Sadad dans le nord de Damas.
« Toutes les maisons de Sadad ont été volés et leurs contenus pillés », a déclaré l’archevêque Al-Nemeh dans un communiqué. « Les églises sont endommagées et profanées, privés des vieux livres et des meubles précieux. Les écoles, les bâtiments publics, les bâtiments municipaux ont été détruits ».
Quelques chefs chrétiens de la partie ouest de la Syrie et qui sont dans le voisinage du Liban ont critiqué les Patriarches Chrétiens du Moyen-Orient pour être apparus du côté du Président Assad dans la guerre civile, en disant qu’ils sont partiellement responsables de ce qui arrive à leurs adhérents.
« Malheureusement, les chrétiens ont lié leur sort non seulement au régime, mais à Bachar al-Assad lui-même, et ce que je redoute c’est ce qui advenu en Irak ». dit Bassem Shabb, un député libanais et le seul protestant au sein du Parlement libanais. Il affirme : « Les chrétiens d’Irak ont été persécutés non pas en raison du fait qu’ils étaient chrétiens, mais parce qu’ils appuyaient le régime ».
Heyfa , 50 ans, mère de trois filles et d’un garçon, originaire d’un petit village au sud de la ville d’Al- Qamishli, contrôlée par les Kurdes, n’accepte pas cette critique. Elle affirme que la plupart de ses voisins n’étaient pas des partisans d’Assad ; certains même étaient favorables à la rébellion, tandis que d’autres étaient restés neutres mais cela n’a pas empêché les Djihadistes de harceler les chrétiens et d’attaquer les femmes. « Nous sommes partis car j’avais peur pour les filles – Je ne voulais pas que des choses mauvaises leur arrive. Je craignais qu’elles ne soient violées. Je les ai gardées à l’intérieur.
Sa fille aînée, Dima, âgée de 22 ans, est restée la plupart du temps de la guerre à Alep, où elle a tenté de poursuivre ses études d’anglais à l’Université. Mais dit-elle c’est devenu plus dangereux là-bas, non seulement à cause des combats entre les forces d’Assad et les rebelles autour des souks exceptionnels de Syrie. Elle a quitté Alep il y a un an pour rejoindre sa famille après qu’une de ses amies eut été enlevée, violée puis tuée. « Nous ne savons pas qui a fait cela ou pourquoi », dit Dima . Certains viols et le meurtre des chrétiens sont des actes opportunistes, dit-elle, tandis que d’autres sont clairement visés par les djihadistes et les islamistes . (Elle ajoute que les jeunes filles musulmanes sont également à risque.)
Jolie fille aux cheveux bruns, Dima est assise recroquevillé dans un appartement à Midyat avec sa mère et sa sœur Marie âgée de 16 ans, Marie. Son Père et ses deux frères et sœurs sont dans un camp en Allemagne après la famille se fut séparée. L’appartement n’est pas chauffé, et Dima semble avoir le poids du monde sur ses épaules, elle est la seule à travailler comme sa mère est malade et sa sœur ne comprend pas le kurde ou le turc et ne peut pas trouver du travail.
« C’est difficile. Je suis celui qui travaille et l’argent que je reçois n’est pas suffisant. Je reçois 400 livres turques (198 dollars) par mois et 300 de ce montant passe en loyer. Nous ne pouvons nous permettre d’utiliser la chauffage. Plusieurs fois, nous n’avons pas de quoi manger ».
Dima n’est pas la seule femme d’intérieur parmi les réfugiés chrétiens de Midyat. Warda Saliba, est âgée de 40 ans ; elle a cinq filles dont les âges vont de cinq à vingt ans. Son fils et son mari sont également en Allemagne. « Pour les chrétiens, il est très difficile de rester en Syrie et il y a beaucoup d’actions mauvaises sur les femmes », dit-elle. « Les djihadistes considèrent qu’ils ont sur les femmes chrétiennes un droit ». Je ne voulais pas prendre de risques pour mes filles ». Dans les rues, ils les toucheraient et les harcèleraient. Je ne sais pas s’ils appartenaient à al-Nusra ou pas, bien que quelques uns étaient libyens et tunisiens. Mais de toutes les façons, c’étaient des des terroristes.
Traduite de l’anglais par le Veilleur de Ninive.