Les chroniques iraniennes et/ou perses de Jafar. Alexandre le Grand: sanguinaire & docteur agrégé ès barbarie.
novembre 30, 2013
Publié le nov 30, 2013
jafar
Alexandre le Grand alias Alexandre III de Macédoine… Lorsque l’on enseigne l’histoire, vous remarquerez que le critère « scolaire » définissant si un roi fut un bon ou un mauvais roi est, dans 99% des cas, et encore plus pour la période de l’Antiquité, le suivant : si ledit roi entreprit ou non une expansion territoriale digne de ce nom. Le bonheur du peuple ? Son aspiration à vivre dans la paix et la tranquillité ? C’est pour les charlots, un grand roi est un conquérant, peu importe toutes les horreurs qu’il ait pu faire, point !
Cet homme a plus détruit l’empire Perse que quiconque, et pourtant il se voit entouré d’une aura le rendant quasiment intouchable. Pures raisons politiciennes ? Oui et non. Dans un sens, les héros des uns sont les barbares des autres, et vice-versa. Difficile de reprocher à un grec d’admirer Alexandre, tout comme il semble idiot de reprocher à un Mossi de vouer une haine envers Kankan Moussa. Qu’Alexandre soit donc admirer dans le sud de l’Europe de l’ouest peut sembler normal, mais pourquoi est-il vendu comme un grand homme jusqu’à l’ouest du continent ? Avant d’en arriver là, résumons la vie de ce tyran. A noter qu’un résumé complet et détaillé de sa vie prendrait plusieurs années à rédiger, il me faudra donc malheureusement me contenter de quelques généralités :
Né le 21 juillet 356 avant Jésus-Christ, Alexandre est le fils du roi Philippe II de Macédoine. Il est élevé dans la culture de la guerre, et est très jeune nommé général. Il faut savoir qu’en dehors de Sparte, Philippe II a quasiment unifié toute la Grèce sous sa bannière… Ce qui fait qu’Alexandre se voit déjà promit à un véritable empire lorsque son futur règne viendra. Cependant en 336, coup de théâtre : son père est assassiné, au beau milieu d’une guerre contre les… perses, et Alexandre se retrouve du jour au lendemain sur le trône, subissant immédiatement le courroux de toute la noblesse macédonienne ne voyant pas d’un très bon œil l’arrivée d’un roi si jeune sur le trône. Il n’attaquera pas l’empire Achéménide Perse pendant les deux années suivantes, occupé à mater des rébellions au sein de son royaume. Il a déjà, néanmoins, illustré tout son côté humaniste à cette époque, ayant rasé sans aucune pitié la ville grecque de Thèbes… Lorsqu’il décide d’attaquer le plus vieil empire du monde en 334, il l’ignore encore, mais il ne reverra jamais la Macédoine. Celui célébré comme le plus grand général grec de tous les temps n’y aura régné concrètement que deux ans… Durant quatre années il prendra à Darius III la plupart des Satrapies (terme désignant les provinces de l’empire Perse) de l’ouest de l’empire tels l’Egypte, la Phénicie et l’Asie mineure. Avant de pouvoir s’attaquer à la Perse à proprement parler. En mai 330, il commettra son plus grand crime : l’incendie de Persépolis.
En effet, au mois de mai 330, la capitale de l’empire Achéménide, sans nul doute la plus grande dynastie de l’histoire de l’empire, tombe. Suite au pillage de la ville, Alexandre lui-même se saisit d’une torche et enflamme un rideau du palais, aussitôt imité par la plupart de ses hommes. Ce palais connaîtra par les flammes un triste sort, le même que les grandes bibliothèques de l’empire dans une volonté d’affaiblir le zoroastrisme. Ironique, quand on sait que les zoroastriens vénèrent le feu qu’ils jugent comme sacré… Cependant, l’incendie a entraîné un calcul politique tout simplement raté pour ce dictateur sanguinaire : il a épargné la plupart des cités perses exceptée la capitale, dans le but de ne pas froisser les populations d’une part et de faire passer le message que l’empire était mort d’autre part. Echec total dans la mesure où l’ensemble de la population perse vit très mal (doux euphémisme) le sac de Persépolis et, se sentant blessée dans son ensemble, jamais Alexandre n’aura les populations avec lui. Il le comprendra trop tard, allant même jusqu’à déclarer sur son lit de mort que si c’était à refaire, il aurait laissé la ville intacte. Son attitude reste cependant difficile à comprendre lorsque l’on sait qu’il a traité avec beaucoup d’attentions Pasargades (cité symbolisant la puissance de Cyrus II) et qu’il effectuait très régulièrement des sacrifices sur la tombe de Cyrus II. Comme si il cherchait à la fois à mettre en valeur et détruire l’histoire, la culture et le peuple perse. Toujours est-il que quelques mois plus tard Darius III, dernier empereur Achéménide, meurt assassiné et Alexandre n’aura strictement rien à voir avec ce meurtre. Il profitera cependant de l’occasion pour s’emparer de la couronne de l’empire, rendre tous les hommages à Darius III, châtier ses assassins et proposer de maintenir l’ensemble des satrapes restés fidèles à Darius III jusqu’au bout. De quoi ainsi se mettre dans son camp la plupart des Satrapies, ce qui vu sa situation suite à l’incendie de Persépolis se trouve être un total retournement de situation.
Suite à la conquête du plus grand empire de l’Antiquité ? Alexandre continue vers l’est, mais nous ne nous intéresserons pas ici à ses conquêtes indiennes. Passons directement à sa tentative de retour chez lui en Macédoine. En 324, Alexandre retraverse ce qui est désormais l’ex empire Achéménide pour s’arrêter dans la ville de Suse, toute première capitale de l’histoire de la Perse. Là-bas, seront organisés les fameuses « noces de Suse », où plus de 10 000 mariages auront lieu en une nuit afin d’ »unir » les peuples grecs et perses. Cependant quelques mois plus tard, en mai 323, Alexandre tomba malade à Babylone. Bloqué dans la ville, il finira par y mourir de fièvre le 13 juin. Son empire gigantesque ne survivra pas longtemps à sa mort et sera vite disloqué. Il faudra certes quelques dizaines d’années aux Perses pour qu’une nouvelle dynastie émerge et rende à cette civilisation ses lettres de noblesse, mais la preuve est faite que si les tyrans meurent et se succèdent, les grandes civilisations, elles, ne s’éteignent jamais, même suite à une défaite pouvant sembler cuisante. Que ceux se préparant à attaquer l’Iran s’en souviennent, tôt ou tard ils quitteront ce monde, mais le peuple iranien lui, héritier de plusieurs dizaines de siècles d’Histoire, se relèvera toujours quoiqu’il arrive.
Pour conclure cette chronique, comment expliquer les raisons pour lesquelles Alexandre le Grand est tant apprécié en occident ?
Pour avoir imposé sa suprématie sur un pays que l’occident cherche à envahir aujourd’hui ? Pour avoir étendu les limites de l’influence occidentale ? Pour ses qualités guerrières ? Sûrement un mélange de toutes ces raisons ! N’oubliez pas cependant que quel que soit son nom, un barbare sanguinaire reste un barbare sanguinaire, quel que soit ses exploits militaires ! Et le fait justement d’être connu majoritairement pour cela ne lui rend point service, puisque cela prouve qu’il ne connait qu’une seule et unique culture, celle du pillage et de la guerre, contrairement à ses diverss voisins, qu’ils soient également grecs où Achéménides !
Cette chronique historique touche à sa fin… Je vous retrouverai la semaine prochaine pour une chronique non pas historique mais politique, ré-analysant à froid les dernières négociations internationales sur le nucléaire iranien où notre « Fafa » national, docteur ès responsable mais pas coupable, s’est brillamment illustré ! N’hésitez pas si cela vous intéresse si vous le désirez à lire quelques biographies sur Alexandre le Grand Sanguinaire, mais je doute qu’une biographie de 300 pages serait suffisamment complète, c’est dire à quel point ses conquêtes peuvent être précisément détaillées… Bien que en dehors de ses conquêtes, il n’a pas apporté grand-chose (sinon rien) à l’humanité.
Je tiens à remercier mon frère Allain Jules ainsi que la modératrice du site. Passez tous une bonne semaine, qu’Allah vous protège tous et toutes.
As salaam ahlikoum !