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Les pions kurdes étasuniens au Moyen-Orient


Editions Démocrite

mar. 29 nov.

Les pions kurdes étasuniens au Moyen-Orient

Peu de gens le savent, car les médias ignorent que parmi les récentes attaques de l’aviation turque dans le nord de la Syrie contre des positions kurdes, la plus importante concernait un grand centre d’entraînement étasunien pour les milices du PKK et des YPG. Ce fait vient confirmer que dans la situation du Moyen-Orient, la stratégie étasunienne consiste à utiliser des pions kurdes pour modifier l’équilibre des forces dans une zone stratégique qui comprend l’Irak, la Syrie, et plus que jamais l’Iran.
Après l’échec de l’opération ISIS dû à l’intervention russe en Syrie, qui a inversé le rapport de force dans la région au détriment des Étasuniens et créé un front incluant l’Iran, le Liban, la Syrie et l’Irak lui-même. Il a ouvert de nouvelles perspectives avec les pays du Golfe, les É-U ont jugé bon de cibler les minorités kurdes de ces pays pour mener à bien un nouveau processus de déstabilisation contre le nouveau statu quo.
Les organisations indépendantistes kurdes (PKK et YPG) ont désormais accepté ce rôle, devenant de facto des antagonistes de l’Irak, de la Syrie et de l’Iran et collaborant activement avec les Étasuniens qui les arment et les entraînent. Avec les États-Unis, les Kurdes partagent également le pétrole pris aux Syriens dans la zone occupée par les troupes étasuniennes et exportent du pétrole avec leur propre compagnie.
En Irak, dans la région appelée Kurdistan irakien, les liens entre les États-Unis et le dirigeant Barzani (fils de celui, plus célèbre, qui a fui aux États-Unis à l’époque de Saddam) sont actifs depuis des décennies. Mais le tournant a eu lieu après l’agression étasunienne contre l’Irak, lorsque les Kurdes, tentant sans succès la carte de l’indépendance, ont créé une région autonome qui entretient des relations étroites non seulement avec les Étasuniens, mais aussi avec les Israéliens. Des fortifications et des installations militaires ont également été créées dans ces zones avec leur contribution, que les Iraniens bombardent périodiquement car elles représentent des bases offensives sur leur territoire.
Nous avons déjà mentionné la Syrie. Exaltés en Occident pour leur résistance à ISIS, les Kurdes ont profité des difficultés de la Syrie pour se tailler une zone autonome appelée Rojava (« ouest ») et la placer sous le parapluie étasunien. Le degré de connivence entre les Étasuniens et les Kurdes a également été démontré après les récents bombardements turcs. En prévision de leur intervention terrestre, qui pourrait toucher les localités de Tell Rifaat, Manbij et Ain al Arab (Kobané), les Étasuniens, afin d’éviter une confrontation directe, ont demandé aux Turcs de s’arrêter, avec la promesse d’emmener les Kurdes au-delà de 30 km de la frontière turque, comme s’il s’agissait de troupes étoilées.

Après la Syrie et le Kurdistan irakien, c’est maintenant en Iran que se joue la partie la plus importante. Ici aussi, les principaux protagonistes sont les Kurdes iraniens. Quel que soit le prétexte ou la provocation qui a déclenché les manifestations de rue, le fait évident reste que dans la crise qui s’est ouverte il y a l’intervention étasunienne et l’utilisation de la minorité kurde pour la gérer.
La question iranienne devient d’autant plus sensible que l’Iran joue un rôle international important dans les suites de la guerre en Ukraine, en termes de relations avec la Russie. L’effondrement du régime iranien serait une énorme victoire pour les Étasuniens (et Israël) et, une fois de plus, le pion à jouer est le kurde.
Sur la base de ces faits, le moment est venu de clarifier le rôle des mouvements indépendantistes kurdes par rapport à la lutte que le mouvement anti-impérialiste international mène contre la politique américaine. Si l’objectif commun de la lutte est l’unité des forces contre l’ennemi américain et ses alliés de l’OTAN, comment considérer le rôle des Kurdes? La question est sans doute rhétorique, mais c’est la réponse qui compte. Et ceci nous amène aux mérites de deux questions, le rôle de la gauche impérialiste soutenant les indépendantistes kurdes et la question nationale objective du peuple kurde.

En Europe et en Italie, la campagne en faveur des Kurdes se poursuit depuis un certain temps, indépendamment de l’endroit où ils se trouvent et de leur mode de fonctionnement. Qui a intérêt à alimenter cette campagne, et pourquoi le mouvement anti-impérialiste se confond-il avec le soutien aux Kurdes, qui, quelles que soient leurs motivations, opèrent dans le cadre du projet étasunien?
Il sera affirmé que la question nationale kurde ne peut être résolue par la seule condamnation. En effet, depuis qu’Ocalan a mené sa lutte d’indépendance contre la Turquie avec une organisation internationaliste et communiste, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et aujourd’hui ses partisans font des choix ignobles qui, à terme, après l’inévitable retrait étasunien de Syrie et une nouvelle défaite en Iran, se retourneront contre le peuple kurde.
Aginform
28 novembre 2022

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