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Les rebelles étrangers pour un Etat islamique en Syrie


lundi 14 janvier 2013, par La Rédaction

Regroupés autour d’un feu dans un bâtiment en ruines d’Alep, des combattants djihadistes étrangers clament haut et fort leur détermination à créer un Etat islamique en Syrie, que cela plaise ou non aux autres rebelles cherchant à renverser Bachar al Assad.
Parmi les autres révolutionnaires et la population civile, ces étrangers inspirent à la fois le respect pour leur discipline de fer et la crainte de les voir retourner leurs armes contre leurs anciens alliés si le régime syrien tombe.
A Karm al Djabal, un quartier dévasté d’Alep, un combattant turc manifeste ainsi sa volonté d’imposer la loi islamique, la charia, qui inquiète de nombreux Syriens mais aussi l’Occident et même certaines puissances régionales appuyant la rébellion.
« La Syrie (…) sera un Etat islamique où règnera la charia et nous n’accepterons rien d’autre. La démocratie et la laïcité sont totalement rejetées », prévient ce combattant disant s’appeler Khattab.
Barbe hirsute et mitraillette sur l’épaule, il met en garde quiconque oserait s’élever contre ces projets. « Nous les combattrons, même si ce sont des révolutionnaires ou n’importe qui d’autre », dit cet homme qui a quitté son métier de chauffeur pour combattre pendant deux ans en Afghanistan avant de rejoindre la Syrie au cours de l’été 2012.
Membre de l’unité rebelle Djoundollah, Khattab parle à peine arabe – ses propos ont été traduits par un interprète syrien – et il refuse d’être filmé ou photographié afin de ne pas être identifié en Turquie.
Pendant des mois, le soulèvement contre Bachar al Assad, né en mars 2011, est resté en grande partie pacifique avec des manifestations à travers le pays. Puis certains ont pris les armes et les combattants étrangers ont afflué.
Pour beaucoup de rebelles et d’habitants d’Alep, la crainte occidentale des djihadistes est exagérée.
A leurs yeux, les pays occidentaux se servent de la présence de ces islamistes radicaux comme d’un prétexte pour ne pas fournir aux rebelles les armes dont ils ont besoin, ce qui prolonge de fait le pouvoir de Bachar al Assad.
A Alep, la plus grande ville de Syrie dans le nord du pays, l’influence de ces djihadistes est évidente. Nombre de rebelles y circulent à bord de voitures ornées de drapeaux noirs portant des inscriptions religieuses.
Il est difficile d’établir le degré de coordination entre ces combattants islamistes et les unités de l’Armée syrienne libre (ASL), cette force locale hétéroclite composée de civils et de déserteurs.
Beaucoup de rebelles saluent l’excellence au combat et le courage de la plupart de ces djihadistes, souvent passés par l’Afghanistan et l’Irak, qui ne se mêlent guère aux autres combattants.
D’autres, en revanche, sont des novices dans la « guerre sainte » qu’ils livrent à Al Cham, le terme par lequel ils désignent la « grande Syrie » des débuts de l’islam au VIIe siècle.
Parmi ces derniers, Abou al Harith est un jeune homme trapu de 27 ans à la peau claire. Originaire d’Azerbaïdjan, il porte un badge noir orné de slogans islamiques sur sa tenue verte de combat.
« C’est la première fois que je participe à un djihad car (…) personne n’est pire que Bachar. Même Staline était quelqu’un de miséricordieux comparé à lui », affirme-t-il dans la base rebelle de Karm al Djabal, un quartier tellement dévasté qu’il semble avoir été frappé par un tremblement de terre.
Les effectifs de ces djihadistes sont difficiles à évaluer.
Beaucoup d’entre eux ne cachent pas leur méfiance à l’égard de l’ASL et des puissances occidentales et régionales qui la soutiennent.
« Tous ces discours au sujet de la liberté, de la démocratie et d’un Etat laïque et d’un Etat de libertés générales à l’image de l’Amérique ou du système européen, les islamistes n’ont rien à faire de tout cela », dit Abou Mouaouiyah, un combattant de 25 ans, qui dit venir des environs d’Alep et sert d’interprète pour les étrangers.
« Il y a des factions combattantes telles que l’Armée syrienne libre qui sont liées à d’autres pays tels que la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar et ces pays sont eux-mêmes liés au centre névralgique que sont les Etats-Unis », ajoute-t-il. « L’Amérique est hostile à tout ce qui est islamique. C’est une évidence pour tout le monde. »
Tous les combattants étrangers n’ont pas une approche aussi radicale de la situation.
Après avoir participé au renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, Abou Ahmed al Libi est arrivé en Syrie il y a huit mois en compagnie d’un groupe de 15 Libyens. Cet homme à la stature imposante s’est vite lié de camaraderie avec les combattants syriens de son unité. Il n’hésite pas à serrer la main de la journaliste, un geste rare parmi les combattants islamistes.
Abou Ahmed al Libi dit avoir formé une quarantaine de Syriens en Libye avant de les ramener dans leur pays. Il estime à environ 200 le nombre de combattants libyens en Syrie.
En décembre, les Etats-Unis ont certes reconnu la Coalition nationale formée par les rebelles comme le seul représentant légitime de la Syrie mais ils ont aussi qualifié le Front al Nousra, affilié à Al Qaïda, d’organisation terroriste après des attentats à Damas et à Alep. Cette décision n’a pas été comprise par de nombreux rebelles.
Les combattants du Front al Nousra ont la réputation d’être extrêmement disciplinés et il est difficile de trouver des Syriens critiques à leur égard. Abou Abdo dit avoir tenté d’intégrer ce groupe mais avoir été rejeté parce qu’il fume.
Chef du conseil militaire révolutionnaire de la province d’Alep, le colonel Abdouldjabbar Okaïdi défend le Front al Nousra. « Nous ne partageons peut-être pas leur philosophie », a-t-il récemment déclaré à Reuters. « (Mais) ce sont des combattants acharnés et loyaux (…) et au bout du compte, ils combattent le régime à nos côtés. Et nous n’avons pas vu leur extrémisme, ils n’ont rien fait qui prouve que ce sont des terroristes. Quiconque se bat contre le régime est un moudjahid et un révolutionnaire et nous l’embrassons sur le front. »
Selon lui, le Front al Nousra ne dispose pas de plus de 500 combattants à Alep.
Par contraste, la popularité de l’ASL s’est érodée en raison de certains cas de pillage.
« L’unité la plus propre sur le terrain, sans la moindre corruption dans ses rangs, c’est le Front al Nousra. Le groupe jouit désormais d’un soutien populaire », dit Abou Ahmed, chef d’une unité des brigades Al Taouhid à Alep. « Mes idées sont différentes de celles du Front al Nousra mais telle est mon expérience avec eux. »
Certains rebelles ne cachent cependant pas leur pessimisme.
« Nous craignons qu’après la chute du régime, ils essaient d’imposer leurs vues au peuple syrien. Leur objectif est que la Syrie devienne un Etat islamique et l’Armée syrienne libre est à l’opposé de cela », déclare Sakr Idlib, combattant rebelle de 24 ans en survêtement et baskets.
Marchant dans une partie dévastée du quartier de Soukkari à Alep, il lâche avec inquiétude entre deux bouffées de cigarette : « Nous craignons qu’il y ait des problèmes avec le Front al Nousra et les groupes du même genre après la chute du régime. »
Abou Ahmed balaie ces inquiétudes et sa femme, voilée mais le visage découvert, intervient dans la conversation : « Le Front al Nousra a une idéologie islamique et en fin de compte, nous sommes musulmans. »

(14 janvier 2013 – Avec les agences de presse)

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