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Les U.S.A. intriguent contre de véritables réformes des Nations-Unies


Ramzy Baroud – The Palestine Chronicle
Le pays connu pour abuser depuis longtemps de sa force et de ses privilèges aux Nations-Unies mène campagne aujourd’hui pour réformer ladite organisation.

L’UNESCO, qui comprend 47 nations, où fut admise la Palestine comme membre à part entière, en octobre dernier, à la colère des Américains et de leurs alliés israéliens. .

Alors que la réforme des Nations-Unies est souhaitée, si ce n’est exigée, par beaucoup de ses États membres, il n’y a guère de raisons de croire que la dernière croisade des États-Unis est vraiment sincère. Elle apparaît plutôt comme une tentative claire visant à étouffer tout semblant de démocratie dans la première institution internationale du monde.

En réalité, la plupart des politiciens américains méprisent les Nations-Unies. Si le Conseil de sécurité est dirigé ou maîtrisé par le veto U.S. (souvent pour protéger les États-Unis et leur allié proche Israël de toute critique), d’autres organismes des Nations-Unies ne se laissent pas aussi facilement intimidés.

Quand l’agence des Nations-Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture, l’UNESCO, a accepté la candidature de la Palestine comme membre à part entière, en octobre dernier, par un vote démocratique de ses membres, les États-Unis n’ont pas pu faire grand-chose pour bloquer le processus. Et pourtant, ils ont aussitôt suspendu leur financement de l’agence (environ 20 % de son budget global).

Cette décision U.S. était dépourvue de toute considération humanitaire. L’UNESCO fournit des services vitaux à des communautés défavorisées à travers le monde entier, y compris aux États-Unis.

Pourtant, la porte-parole du Département d’État, Victoria Nuland, a persisté tout en essayant d’atténuer ce qui n’était qu’un acte politique absolument malvenu. « Le vote d’aujourd’hui par les États membres de l’UNESCO qui admet comme membre la Palestine est regrettable, prématuré et sape notre objectif commun pour une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient » a déclaré Nuland.

Le fait est qu’il y eut beaucoup de rodomontades au Congrès U.S. à prendre les Nations-Unies pour cible. La campagne, conduite par la membre du Congrès, Ileana Ros-Lehtinen, républicaine et présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, menace les Nations-Unies de toutes sortes de punitions si l’organisation n’arrête pas de critiquer Israël et ne resserre pas l’étau autour de l’Iran.

Naturellement, les Nations-Unies ne répondent pas aux attentes de Ros-Lehtinen et de ses pairs. Il arrive aux Nations-Unies d’être un organisme qui représente les intérêts de l’ensemble de ses États membres. Certains politiciens états-uniens, cependant, voient le monde à travers la logique dénaturée de l’ancien Président, George W. Bush : « Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes avec les terroristes ».

Le très regretté écrivain et médecin humanitaire Theodore MacDonald a montré que les États-Unis avaient en réalité une relation d’amour et de haine avec les Nations-Unies. Dans son dernier livre, Préserver les Nations-Unies, notre meilleur espoir pour la médiation en matière de Droits humains, MacDonald révèle une étrange réalité : que les États-Unis et leurs alliés travaillent à la désagrégation des Nations-Unies, tout en les utilisant pour faire avancer leurs propres objectifs militaires, politiques et économiques.

Comme on s’y attendait, les gouvernements U.S. successifs ont maîtrisé l’art de la manipulation politique aux Nations-Unies. Quand ils réussissaient à les rallier pour satisfaire aux conceptions militaires états-uniennes, les Nations-Unies devenaient subitement fidèles à leur mission – pour le compte de Washington, évidemment.

Mais quand les États-Unis ont échoué fin 2002 dans leur tentative d’obtenir un front uni contre l’Iraq, le Président Bush a demandé, dans son premier discours aux Nations-Unies, le 12 septembre 2002 : « Les Nations-Unies vont-elles servir les principes mêmes de leur fondation, ou vont-elles y être indifférentes ? ».

De tels ultimatums furent monnaie courante durant les années Bush – vers les Nations-Unies et vers le monde entier. Cependant, c’est la même attitude qui caractérise aujourd’hui l’administration de Barack Obama. Le dernier assaut des U.S.A. contre les Nations-Unies est en cours sous couvert de réformes, mais aucune réforme n’est possible sans tout d’abord insuffler la polarisation indispensable en faveur de l’agenda américain.

Joe Torsella, ambassadeur adjoint américain pour la gestion et la réforme des Nations-Unies, a évoqué les derniers efforts U.S. pour freiner les 47 États membres du Conseil des droits de l’homme basé à Genève. « Les États-Unis vont travailler à forger une nouvelle coalition aux Nations-Unies à New York, une sorte de « direction de crédibilité » pour promouvoir de véritables élections concurrentielles, une application rigoureuse du critère d’adhésion, et d’autres réformes visant à maintenir les pires contrevenants à l’écart », a-t-il déclaré.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies critique sévèrement les violations des droits humains. Dernièrement, l’organisation s’est fait particulièrement entendre à propos des violations actuelles des droits de l’homme en Syrie. Elle est également très critique à l’égard d’Israël, de ses guerres unilatérales et de ses violations des droits de l’homme à Gaza comme dans le reste des territoires occupés. Pendant des années, les U.S.A. ont conspiré pour miner, intimider et réduire au silence ces critiques.

Le rapport Reuters sur les dernières pressions U.S. pour les présumées réformes indique : « Le Conseil comprend des États membres comme la Chine, la Russie et d’autres pays où les organisations pour les droits de l’homme affirment que les violations y sont monnaie courante ». Pour corriger l’apparente incohérence – entre la mission du Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies et les dossiers de ses membres -, les U.S.A., selon Torsella, veulent « que les membres du Conseil des droits de l’homme soient assujettis aux même critères d’élections libres et justes que les Nations-Unies défendent à travers le monde, et exigent les critères d’intégrité les plus élevés pour le Conseil et tous ses membres. »

Abstraction faite du contexte, ce serait là une noble entreprise en effet. Cependant, cette déclaration devient viciée si l’on considère que le statut des États-Unis aux Nations-Unies a été acquis par les moins démocratiques de tous les moyens : une force politique démesurée (le veto) et l’argent (utilisé comme moyen coercitif).

C’est la tentative qui vise à réduire et maîtriser les Nations-Unies, au lieu de les sanctionner et de les boycotter, qui différencie essentiellement Démocrates et Républicains. Contrairement aux Républicains, « l’autre camp dans le débat (principalement des Démocrates) pense que pour réaliser ces réformes, il faut une direction américaine forte – et une direction forte se démontre par le paiement des cotisations dues, à temps et intégralement. Vous pouvez appeler ce camp celui de « l’engagement constructif » » écrit Mark Leon Goldberg, dans la Dépêche de l’ONU.

En pratique, les deux approches visent les mêmes résultats : mettre en œuvre la politique des États-Unis, satisfaire leurs alliés et punir leurs ennemis – aux dépens même de la noble mission autrefois défendue par les Nations-Unies, il y a plus de 65 ans.

Si la dernière poussée vers les « réformes » a bien été saluée par les médias apologistes de Washington, aucun commentateur honnête n’a cru que la campagne des États-Unis contre l’UNESCO, le CDH des Nations-Unies, et les Nations-Unies dans leur ensemble, représente un effort démocratique sincère.

En fait, les réformes qui sont vraiment requises, et dès maintenant, sont celles qui doivent corriger ce que MacDonald décrit dans son livre comme les « défauts fondamentaux » des Nations-Unies.

MacDonald conseillait d’aborder immédiatement la « question des membres permanents et celle de l’utilisation du veto ». Il recommandait aussi de donner plus de pouvoirs à l’Assemblée générale et d’éliminer « l’usage imposé du dollar U.S. » dans la médiation des affaires transitoires des Nations-Unies. Les orientations de MacDonald pour des réformes sont complètes et s’appuient sur le concept de l’égalité, guidées par l’urgence humanitaire et morale.

On ne peut en dire autant des dernières intrigues et de la politique obscure de Washington.

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