Publié par Gilles Munier sur 1 Février 2021, 17:37pm

Catégories : #Irak, #Kurdistan, #Turquie, #Erdogan

La commune de Sindjar qui se situe au nord de l’Irak, au croisement de la Turquie et de la Syrie, est de nouveau dans l’actualité ces derniers jours.

Par Can Acun (revue de presse : TRT en français – 30/1/21)*

La région de Sindjar est passée sous le contrôle de l’organisation terroriste PKK sous prétexte de lutte contre Daesh, et utilisée comme un important centre logistique sur la ligne Irak-Syrie. La présence de l’organisation terroriste dans la région représente un sérieux danger pour la Turquie. Ces derniers temps, d’importants développements sont vécus dans la région concernant l’expulsion du PKK de la région.

Depuis un certain temps, la commune de Sindjar d’une importance stratégique fait parler d’elle en tant que région que Bagdad et Erbil n’arrivent à se partager. Le fait que des Yézidis y vivent attirait également l’attention du monde dans cette région. Cependant, le PKK a profité du chaos qui a régné dans la région en raison des massacres de l’organisation terroriste Daesh contre les Yézidis en 2014 et s’est installé ici, ce qui a accru l’importance de la région pour la Turquie du point de vue de la lutte antiterroriste. L’organisation terroriste PKK a d’une part, pris la région sous contrôle et en a fait un centre logistique important sur la ligne Irak-Syrie en profitant de sa position géographique, et de l’autre, a utilisé cette région comme un lieu servant à ses intérêts en enrôlant de force les Yézidis qui vivaient ici. Tout en tentant de fonder une administration cantonale dans la région, le PKK cherchait à étendre sa zone de contrôle avec les forces armées YBS qu’il a formées en enrôlant les Yézidis. Toutefois il a été contraint de lutter contre les Peshmergas affiliés à l’administration régionale kurde d’Irak. Par la suite, le PKK a commencé à s’affaiblir avec les raids aériens lancés les uns après les autres par la Turquie. De même, la Turquie, par le biais de ses services de renseignement MIT, a neutralisé un à un les chefs de l’organisation terroriste dans la région.

Durant cette période, de nombreux Yézidis se sont opposés à la présence du PKK dans la région et ont commencé à faire pression pour les expulser. Finalement, avec la demande de la Turquie dans ce sens, Bagdad et Erbil ont signé un accord pour l’expulsion totale des notions armées telles que le PKK et Hashdi Chaabi. Avec l’arrivée de l’armée centrale irakienne dans la région, les forces rattachées au PKK se sont retirées de certaines régions mais l’organisation continue d’être effective dans la zone rurale de Sindjar. La Turquie insiste à ce que l’armée irakienne prenne entièrement le contrôle de la région, et souligne être prête à tout soutien. Cependant, si les démarches souhaitées ne sont pas réalisées à court terme, une opération unilatérale fait partie des options.

En d’autres termes, l’expulsion du PKK de Sindjar signifie pour la Turquie, la coupure de la ligne terroriste Irak-Syrie ainsi que l’isolement de l’organisation. Il faut interpréter du point de vue de la lutte antiterroriste et de l’importance de la région de Sindjar, la visite effectuée la semaine dernière à Bagdad et Erbil du ministre turc de la Défense nationale Hulusi Akar.

Can Acun est chercheur en politique extérieure à la Fondation des études politiques, économiques et sociales (SETA), un think tank proche de l’AKP.

*Source : TRT en français

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