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Lutte anti-Daech ou retrait des Forces américaines : Le dilemme du 7 avril d’al-Kazimi (Analyse)



Publié par Gilles Munier sur 5 Avril 2021, 09:00am

Catégories : #Irak, #Biden, #Iran

L’analyste Raed al-Hamed met l’accent sur les deux principaux dossiers du dialogue stratégique entre l’Irak et les Etats-Unis, prévu le 7 avril courant

Revue de presse: Agence Anadolu (3/4/21)*

A la demande du gouvernement irakien, l’Administration américaine a approuvé la reprise, le 7 avril courant en vidéoconférence, de la deuxième phase du dialogue stratégique entre les deux pays, pour débattre de questions relatives aux secteurs de la sécurité, de la culture, du commerce, du climat, de la santé, de l’économie, de l’énergie et de l’incontournable lutte contre le terrorisme.

Les deux pays sont conscients que la coopération bilatérale est une question vitale dans la lutte contre le terrorisme, au service de leurs intérêts communs et sur la base du respect de la souveraineté de l’Irak, du renforcement de ses institutions et de l’avenir du partenariat mutuel, tel que défini par l’Accord-cadre stratégique, signé en 2008, et en vertu duquel il a été convenu de retirer les forces américaines du territoire irakien, à la fin 2011.

Washington soutient le gouvernement « transitoire » de Mustafa al-Kazimi pour la tenue d’élections anticipées, en date du 10 octobre prochain, et pour poursuivre le renforcement des capacités des forces de sécurité afin de rétablir l’autorité de l’Etat et de retirer les armes des groupes chiites, alliés de l’Iran, qui ciblent la présence américaine en Irak.

Selon un communiqué rendu public, le 23 mars courant, par la Maison Blanche, les forces de la Coalition internationale, conduite par les Etats-Unis, se trouvent en Irak, pour offrir conseil et formation aux unités sécuritaires irakiennes, afin d’empêcher Daech de reprendre ses activités en Irak.

La deuxième étape du dialogue stratégique, la première de l’époque du l’actuel président américain Joe Biden, intervient après deux phases de dialogue avec l’Administration de l’ancien président Donald Trump, au cours de l’année 2020 (les 10 et 11 juin en vidéoconférence et les 19 et 20 août à l’occasion de la visite d’al-Kazimi à Washington).

Les Etats-Unis avaient affirmé, au cours de la première étape du dialogue stratégique, leur engagement à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak et à établir un échéancier pour retirer les forces américaines, en l’espace de 3 ans, au cours desquels les forces sécuritaires irakiennes seront mieux outillées.

Les Etats-Unis s’étaient engagés, également, à offrir leur soutien à la guerre contre Daech et leur aide économique à l’Irak, en appuyant le gouvernement d’al-Kazimi dans l’organisation des élections anticipées.
Les responsables américains ont indiqué que les discussions entre les deux parties, au cours des prochaines sessions du dialogue stratégique se focaliseront sur la coordination et la coopération pour garantir une défaite totale de Daech, et sur ce que peuvent offrir les troupes américaines, présentes en Irak, pour soutenir les unités sécuritaires de ce pays.

Les discussions porteront, aussi, sur le retrait de davantage de soldats américains, dont le nombre s’élève à 2500 actuellement en Irak, après le retrait de plus de 2700 éléments au cours de la dernière année du mandat de Trump (2017-2021).

Les Etats-Unis ont réduit leur présence militaire en Irak, à hauteur de 60% après deux séances de dialogue stratégique, tenues l’année dernière. L’ancien président Donald Trump a réduit le nombre des forces américaines de 5200 à 2500 soldats avant son départ de la Maison Blanche, en janvier dernier.

Le gouvernement irakien continuera à discuter du redéploiement des forces américaines, hors de l’Irak, au cours des prochaines séances du dialogue, selon une déclaration faite par al-Kazimi.

Depuis l’annonce de la défaite de Trump à l’élection présidentielle en novembre dernier, les groupes armés chiites, alliés de l’Iran, sont convenus d’une « trêve provisoire », suspendant ainsi leurs attaques contre les missions étrangères, en contrepartie d’une demande officielle que fera al-Kazimi à l’endroit de Washington pour exiger le retrait des troupes américaines du territoire irakien.

A maintes reprises, dont la plus récente est celle d’un discours prononcé le 11 mars écoulé, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a martelé que « Les Etats-Unis doivent quitter l’Irak ».

Les groupes armés alliés de l’Iran ont intensifié leurs attaques contre les bases et les services diplomatiques américains en Irak, depuis l’assassinat, le 3 janvier 2020, de Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique, et du vice-président de l’Instance du « Hachd al-Chaabi » irakienne (Mobilisation populaire), Abou Mehdi al-Mouhandes, lors d’un raid américain commis à proximité de l’aéroport international de Bagdad, sur ordre de Trump.

Les groupes chiites armés réclament, par le biais de leurs représentants politiques au Parlement irakien, le retrait de toutes les forces américaines établies en Irak, après l’adoption dans ce sens, le 5 janvier 2020, d’une motion non contraignante pour le pouvoir exécutif, soit le gouvernement irakien. Les blocs parlementaires proches de l’Iran mettent l’accent sur l’impératif qu’il y a à retirer toutes les forces étrangères en Irak, en particulier les troupes américaines.

De leur côté, les blocs politiques arabes sunnites et kurdes soulignent la nécessité de maintenir les troupes américaines pour des missions de combat dans la guerre contre Daech, qui s’active encore dans plusieurs provinces sunnites, dans l’ouest et le nord-ouest de l’Irak, et dans des zones objet de litige, au niveau des limites administratives des provinces du district kurde du nord de l’Irak.

Le Parlement irakien, dominé par une majorité chiite, exige du gouvernement d’al-Kazimi, l’adoption de la motion relative au départ de toutes les forces étrangères d’Irak. La motion qui a été approuvée par le Parlement n’a pas été votée par les députés arabes sunnites et kurdes.

Il ressort d’une déclaration faite par le député Kataa al-Roukabi, de la coalition « L’État du droit » de Nouri al-Maliki, et membre de la Commission de la sécurité et de la défense du Parlement irakien, que la délégation irakienne devant prendre part aux séances du dialogue stratégique doit mettre en œuvre la décision du Parlement au sujet du départ des forces étrangères d’Irak. A défaut, a-t-il dit, le Parlement prendra des mesures appropriées au cas où les séances du dialogue ne seront pas sanctionnées par l’approbation de la décision du retrait.

Il est attendu que l’Administration américaine retire ses soldats chargés des missions de combat, au terme d’un accord avec Bagdad qui sera conclu au cours des prochaines séances, tout en maintenant sur place des groupes de conseillers pour soutenir et appuyer les missions des soldats de l’OTAN, dont le nombre sera porté par l’Alliance transatlantique à 4000, après une réduction en 2020 en raison de la pandémie de la covid-19, selon des déclarations faites par le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg en février dernier.

Une commission de la chambre des représentants américaine a voté, le 26 mars dernier, la suppression du mandat militaire sur l’invasion de l’Irak, en 2003, dans l’attente qu’il sera soumis au vote ultérieur de la Chambre des représentants et du Sénat pour devenir effectif, en cas d’approbation par le président américain.

Des observateurs estiment que l’établissement d’un calendrier pour le retrait des forces de combat américaines d’Irak, sera placé en tête des thèmes à débattre lors des discussions de la deuxième phase du dialogue stratégique, mais qu’il est exclu que l’Administration américaine approuve le retrait de l’ensemble de ses forces de combat actuellement en Irak.

C’est pour cela que les États-Unis mettront les Irakiens face à deux options. Soit maintenir la situation actuelle des forces américaines pour accomplir leurs missions avec succès, conformément à la vision des chefs militaires américains, soit le retrait total, ce à quoi aspirent les blocs politiques chiites, mais qui n’est pas tout à fait conforme avec l’approche du gouvernement irakien, qui s’emploie à maintenir des forces américaines avec un nombre limité, mais assez suffisant pour soutenir les forces sécuritaires irakiennes dans leur guerre contre Daech.

Traduit de l’arabe par Hatem Kattou

*Source : Agence Anadolu

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