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Netanyahou joue le Hamas


 

 

 

mardi 11 décembre 2012, par La Rédaction

Le Premier ministre israélien préfère les extrémistes de Gaza aux modérés de l’Autorité palestinienne. Cela lui évite de faire la moindre concession.

« La Palestine est notre terre, de la mer Méditerranée au Jourdain. Nous ne pouvons reconnaître de légitimité ni à l’occupation de la Palestine ni à Israël. » Ainsi parla Khaled Mechaal lors d’un grand discours prononcé samedi 8 décembre à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la création du Hamas. Mechaal, leader en exil du mouvement, s’exprimait devant une foule énorme à Gaza, où il mettait d’ailleurs les pieds pour la première fois, étant lui-même originaire de Cisjordanie.
Les Israéliens avaient tous les moyens, s’ils l’avaient voulu, d’empêcher cette démonstration. Ils tiennent toute la bande de Gaza sous le feu de leur artillerie, de leurs drones, de leur aviation, de leur marine. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est bien gardé de la moindre initiative visant à perturber cette prestation.
Et pour cause : à quelques semaines des prochaines élections législatives, en janvier, le Hamas est le meilleur ennemi du Premier ministre, archi-favori dans les sondages. Plus les Palestiniens tiennent des propos extrémistes, plus il est facile de démontrer que tout dialogue est impossible avec eux. Netanyahou veut aussi faire payer à l’Autorité palestinienne du modéré Mahmoud Abbas son succès diplomatique à l’ONU où la Palestine siège désormais en tant qu’État non membre.
Déjà, le gouvernement israélien avait donné son feu vert à la visite à Gaza le 23 octobre dernier du cheikh Hamad al-Thani, émir du Qatar, flanqué de sa très belle et élégante épouse la cheikha Mozah. Un impressionnant convoi de Mercedes étincelantes avait sillonné les rues de Gaza, une bande de terre (36 kilomètres de long, 6 à 12 de large) où s’entassent 1,6 million de Palestiniens, dont beaucoup vivent dans des conditions misérables.
Le Qatar, où l’on pratique un islam conservateur de rite wahhabite (comme en Arabie saoudite), s’est érigé en protecteur du Hamas islamiste. Au grand dam de l’Autorité palestinienne, issue de l’OLP et du Fatah, qui se veut plus ou moins laïque. Et c’est à Doha, la capitale de l’émirat, que réside désormais le plus souvent Khaled Mechaal. Il avait naguère encore sa base arrière à Damas, mais a préféré prendre le large, les Palestiniens sunnites se sentant davantage solidaires des insurgés syriens que du régime  de Bachar el-Assad.
S’établit ainsi un curieux triangle entre Israël, le Hamas et le Qatar.
Objectif de Netanyahou : morceler politiquement la Palestine en renforçant le Hamas, et territorialement en multipliant les colonies de peuplement dans les territoires. L’État palestinien, s’il voit le jour, serait ainsi réduit à une série d’entités sans aucune continuité. Une stratégie qui peut marcher à court terme, mais qui est lourde de menaces pour l’avenir de la région tout entière.

(11 Décembre 2012 – Pierre Beylau)


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