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Palinodie, suite et fin ? La Ligue arabe veut renvoyer ses observateurs en Syrie !


Par Louis Denghien, le 9 février 2012 

Quelques grands « faux nez » de la crise syrienne.

 
Quelques grands "faux nez" de la crise syrienne. Faux-nez n°1 : Nabil al-Arabi...

 Faux-nez n°1 : Nabil al-Arabi…

Retour à la case « départ » – c’est presque le cas de le dire – pour la Ligue arabe en Syrie. Mais pas vraiment retour en force : en acceptant de faire revenir la mission d’observation, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, sanctionne l’échec de la tentative de déstabilisation de Damas dans laquelle, en étroite collaboration avec les monarchies du Golfe, il avait entraîné son organisation.

Le pathétique de la Ligue arabe

Rappelons tout de même que la Ligue arabe a, en un laps de temps assez court, déployé 160 et quelques observateurs, défendu leur travail devant les critiques des opposants syriens et des gouvernements occidentaux, approuvé le rapport de la mission malgré les critique virulentes du Qatar et de l’Arabie Séoudite, pour finalement ne tenir aucun compte de ce rapport, suspendre la mission et s’associer aux Euro-américains à l’ONU pour demander le départ de Bachar !

Bref, la Ligue arabe s’est un peu plus déconsidérée dans cette affaire syrienne, elle dont le crédit n’était déjà pas extraordinaire dans l’opinion arabe. C’est donc une direction « pan-arabe » affaiblie qui se rend à Canossa, pardon à Damas.

C’est Ban Ki-moon qui a annoncé, mercredi 8 février, que Nabil al-Arabi lui avait fait part, mardi 7 février, de son intention de faire revenir les observateurs en Syrie, mais cette fois avec une participation officielle de l’ONU. Pourquoi pas, mais c’est, plus que jamais, le gouvernement syrien qui décide, et on peut dire qu’il voit arriver Nabil al-Arabi et Ban Ki-moon de loin, et de haut. Ban Ki-moon qui a reconnu que l’acceptation de Damas n’était pas acquise.

Si nous pouvons rassurer le plus pro-américain des secrétaire généraux de l’ONU, nous pensons que Damas acceptera le retour des observateurs, dont il avait d’ailleurs vertement critiqué le rappel. Bien sûr, on ne sait pas si les observateurs ressortissants des pétro-monarchies du Golfe seront autorisés cette fois par leurs dynastes à reprendre du service, ni si les effectifs de la « mission d’observation 2? seront identiques à ceux de la version 1, ou augmentés à hauteur de 300 membres comme il en  était question encore en janvier. Autre question, le général al-Dabi, dont le rapport avait tant déplu aux adversaire syriens et étrangers du régime, sera-t-il confirmé dans ses fonctions de chef de mission ? Mais là aussi, après tout, le gouvernement syrien a plus que jamais son mot à dire.

...faux-nez n°2 : Ban Ki-moon...

…faux-nez n°2 : Ban Ki-moon…

On peut donc considérer ce possible retour de la mission d’observation de la Ligue arabe comme un succès pour Damas et un revers pour ses ennemis. Ennemis parmi lesquels il faut décidément compter le souriant Ban Ki-moon qui a qualifié de « catastrophique » pour le peuple syrien le véto des Russes et des Chinois, affirmé, tel un porte-parole du Département d’Etat américain, que des « milliers de gens avaient été tués de sang froid » par le gouvernement syrien et dénoncé, dans le style de ses « informateurs » de l’OSDH, « la brutalité effarante » exercée à Homs par les forces de l’ordre. Ban Ki-moon, on ne se lassera jamais de le répéter, n’avait pas trouvé le même ton pour stigmatiser la « brutalité effarante » de l’OTAN en Libye.

Erdogan condamné à faire – enfin – profil bas ?

Autre grand faux-nez de la lutte pour la démocratie, le gouvernement turc a annoncé, mercredi 8, son intention d’organiser « dans les plus brefs délais » une conférence internationale « avec les acteurs régionaux » pour un « règlement pacifique » de la crise syrienne. Les acteurs régionaux, ce sont notamment l’Iran – associé à Damas dans les négociations avec Ankara sur l’embarrassante affaire des officiers turcs capturés en Syrie – et la Russie : Recep Tayyep Erdogan a, comme Sarkozy, décroché son téléphone pour appeler Dimitri Medvedev. De cette conversation, sans doute un peu embarrassée côté turc, il est ressorti un communiqué commun pointant la nécessité pour la Turquie et la Russie de « travailler en coopération (…) pour la restauration de la stabilité et de la paix en Syrie« .

« Travailler en coopération » avec la Russie – et l’Iran – cela signifie évidemment pour Erdogan, empêtré dans sa politique agressive et aventuriste – cf l’affaire des officiers turcs détenus par Damas pour avoir organisé des convois d’armes clandestins -, baisser d’un ton : l’heure est peut-être venue, pour « Recep le Magnifique« , de faire profil bas sur la Syrie. Tout en sauvant la face.

... faux-nez n°3 (ou 1 bis) : Recep Tayyep Erdogan

… faux-nez n°3 (ou 1 bis) : Recep Tayyep Erdogan

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