Pourquoi l’interventionnisme sans borne est-il considéré comme normal par les démocraties occidentales et israélienne ?
août 22, 2012
Résistance
Rentrer dans un débat sans fin sur la probabilité qu’une attaque israélienne se produise, demain, après-demain, dans quelques mois, avant ou après les élections étasuniennes, contre le régime de Téhéran, ne nous intéresse pas. En revanche, la thèse exposée par George S. Frankel dans son entretien avec Silvia Cattori, semble parfaitement tenir la route. Ne déclarait-il pas, le 25 juin 2011, « cette menace sert à Israël pour maintenir un climat de tension au Proche et au Moyen-Orient. En menaçant plusieurs fois par an de faire la guerre à l’Iran, il crée une situation de péril aux États-Unis et en Europe » ?
Les gesticulations du camp occidental n’auront aujourd’hui échappé à personne. Pourtant, il semble indispensable d’insister sur le silence quasi absolu qui est fait autour des va-t-en-guerre, qu’ils soient israéliens ou occidentaux. Il faut apparemment imputer cette situation au fait que les valeurs démocratiques mises en avant pour justifier toute intervention permettent beaucoup de choses, y compris les « secret kill lists » d’Obama, les nombreux camps comme celui de Guantanamo qui parsèment le monde et la liste sans fin des crimes commis en leur nom…
Israël, qui est un des États clefs du Proche-Orient, n’est ni plus, ni moins qu’une colonie de peuplement qui vise à parachever le nettoyage ethnique de la Palestine commencé en 1947. Et pour atteindre ce but, la lutte contre le « terrorisme » revient comme une nécessité, en dépit de l’image de modernité qu’essaie d’endosser en parallèle l’État juif. Son histoire est éloquente : la guerre et le terrorisme sont à la base de sa cohésion. Mais peut-être aujourd’hui plus qu’avant, les menaces de guerre, copieusement relayées par les media, ont une fonction intérieure. Elles sont, dans cette période de crise, une réponse au malaise d’une classe moyenne et d’une petite bourgeoisie en voie de paupérisation. De nombreuses manifestations ont éclaté dernièrement à travers le pays, sans toutefois remettre en cause le régime sioniste.
Gideon Levy a récemment comparé, dans le journal israélien Haaretz, l’État d’Israël à la mafia, tout en affirmant son incapacité à passer de la phase initiale de la violence brutale à l’étape durant laquelle elle entre en scène en portant des gants blancs.
Et c’est précisément ce qui menace aujourd’hui la Syrie. Le dernier article de Bernard-Henri Lévy paru le 14 août 2012 dans le Monde, et intitulé « des avions pour Alep !», permet de se rendre compte de ce que sont réellement les objectifs du néo-colonialisme occidental, et plus particulièrement celui qui fait directement suite à la « libération » de la Libye.
« Les dictateurs ne prennent pas de vacances », exhorte BHL, « eh bien, posez-vous sept questions ! » :
1. Faut-il intervenir ?
2. Comment intervenir ?
3. Quel type d’intervention ?
4. Qui prévoir pour cette intervention ?
5. Quel rôle a la France dans un tel contexte ?
6. Y-a-t-il un risque d’extension du conflit ?
7. Et après Assad ?
Ce florilège impudent d’intentions belliqueuses de l’intellectuel français s’inscrit, rappelons-le, dans la continuité d’autres déclarations du même acabit : « j’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël. C’est en tant que juif que j’ai participé à cette aventure politique, que j’ai contribué à définir des fronts militants, que j’ai contribué à élaborer pour mon pays et pour un autre pays une stratégie et des tactiques »… ou encore : « je n’ai jamais vu une armée aussi démocratique, qui se pose autant de questions morales. Il y a quelque chose d’inhabituellement vital dans la démocratie israélienne ».
L’heure est à la guerre et les dirigeants occidentaux en portent la responsabilité. Ils font régulièrement la démonstration de leur recherche d’un conflit majeur, pour sauver leur système en faillite. Et la démocratie est une bien confortable couverture…
Jean-Loup Izambert, dans un entretien à Géostratégies, nous brosse plus que jamais la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui : « les Occidentaux ne sont plus les seuls à maîtriser les nouvelles technologies et les peuples à qui ils ont pris leurs familles, leurs terres, leurs richesses, leur espoir, leur avenir n’ont plus rien à perdre. Ces « terroristes-là » seront les libérateurs d’aujourd’hui comme l’étaient hier les communistes et les sans-partis dans la Résistance contre le nazisme. Á mains nues ou en costume cravate, nous devons être à leurs côtés car pour eux comme pour nous, l’avenir, c’est aujourd’hui la Révolution ou la guerre ».
Capitaine Martin
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