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Poutine n’y est pour rien


http://www.lesdebats.com/editions/060312/les%20debats.htm

Par Ahmed Halfaoui
La chute de la bureaucratie soviétique devait être nécessairement accompagnée par l’effondrement du pays et des peuples qu’elle dirigeait. Surtout les Russes. C’est ce que disaient les oracles. Dans l’optimisme débridé, la «bête» devait  finir dans un chaos apocalyptique. Ce fut cet espoir insensé qui a déferlé sur les citadelles du pouvoir occidental.
Le «Monde Libre» devait gagner sur toute la ligne. Premiers doutes, pas un mort pour un gigantesque séisme politique, mais Boris Eltsine l’ivrogne offrait le plus beau des tableaux. C’était bien là la fin et de l’URSS et de la Russie. Bientôt, rien ne devait plus s’opposer à l’épopée du marché.  Las ! C’était aller trop vite en conjectures. L’URSS ce n’était pas qu’une bureaucratie, une dictature, le stalinisme, c’était aussi et surtout une société avec d’énormes ressorts, éduquée, cultivée, sans analphabètes et très jalouse de son histoire et fière de ses victoires scientifiques et technologiques. Son fondement, la Russie, l’était encore plus et on allait très vite s’en rendre compte.
C’est ce qui s’est produit quand la boulimie criminelle de l’argent a dépassé le seuil du tolérable en Libye et qu’elle voulut engloutir la Syrie. Vladimir Poutine n’y est pour rien et ne serait rien sans le formidable potentiel que l’URSS a légué aux générations d’aujourd’hui. Il n’y est pour rien, mais il concentre toute la haine dirigée contre son pays et le pire des cauchemars vient de se réaliser, il vient d’être élu à la tête de l’Etat russe.
A l’unisson, le comité international de rédaction unifié tire à boulets rouges. France 24 ouvre avec «Poutine : le début de la fin !» Les autres ne sont pas plus sobres, on y va de tous les dénigrements : «Présidentielle en Russie : scrutin ouvert, fraudes déjà dénoncées», «Poutine, d’espion sans renom à président», «Russie : des anomalies et des soupçons de fraudes signalés», «Le retour de Vladimir Poutine au Kremlin entaché de fraudes», «Russie : Poutine va gagner la présidentielle, mais il perdra la guerre», «Les webcams de Poutine assurent mal le contrôle», «L’économie russe : pétrole, croissance et corruption», «12 ans de Poutine : un bilan accablant» et la litanie se déroule à l’infini dans une tentative désespérée d’exorciser la déception.
On a invoqué Mikhaïl Gorbatchev, le symbole du triomphe sur le «communisme», qui a demandé à Poutine de se retirer. Les jours qui viennent seront consacrés aux moindres frémissements de l’opposition éconduite, sans plus. Cela s’explique, la Russie n’est pas un pays que l’on peut aller «démocratiser» sans coup férir.
Pourtant Poutine n’est pas communiste, ni même socialiste «modéré». Il représente, juste, un pays qui a les moyens de jouer dans la cour des grands et au-delà, si l’on considère les satellites européens des Etats-Unis. Il représente une réaction de puissance à la volonté de puissance d’en face, qui ne se préoccupe pas de détails tant que le terrain se prête à ses appétits. Il représente le produit en retour, d’un monde bâti sur le droit de la force, qui va réarmer pour protéger son espace vital. Poutine est une conséquence du terrorisme de l’OTAN. 
 

 

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