Syrie : des rebelles menacent d’attaquer deux villages chrétiens
décembre 22, 2012
samedi 22 décembre 2012, par La Rédaction d’ASSAWRA
Des rebelles ont menacé samedi d’attaquer deux villages chrétiens si les habitants n’en délogeaient pas les soldats du régime du président Bachar al-Assad, le patriarche grecque-orthodoxe affirmant de son côté que les chrétiens resteraient en Syrie.
Un homme se présentant comme « Rachid Abou al-Fida, chef de la brigade al-Ansar », a mis en garde les habitants des localités de Mharda et d’Al-Sqilbiya, dans le centre de la Syrie, dans une vidéo mise en ligne par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Dans l’enregistrement, intitulé « Avertissement aux villes à majorité chrétienne de la province de Hama », il appelle les habitants à « expulser les gangs (du président Bachar al-) Assad et les chabbihas », les miliciens du régime, « sinon nous attaquerons immédiatement ».
Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a précisé à l’AFP que ces deux localités comptaient « des dizaines de milliers d’habitants », dont une partie s’était déjà réfugiée dans la région côtière de Tartous.
Cet exode est intervenu alors que les rebelles mènent depuis dimanche des attaques contre les barrages de l’armée dans la région de Hama, a-t-il précisé.
Forte de 1,8 million d’âmes, la communauté chrétienne syrienne est restée globalement à l’écart de la révolte populaire devenue conflit armé.
Sa hiérarchie et une grande partie de la communauté, par peur des islamistes, ont pris position en faveur du régime.
Samedi, le chef de l’Eglise grecque-orthodoxe de Syrie, Youhana Yazigi, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, a estimé que « ce qui arrive (aux chrétiens), arrive également aux autres », réaffirmant que « les chrétiens (resteront) en Syrie », alors que l’ONU a récemment qualifié le conflit en Syrie d’ »ouvertement intercommunautaire ».
Le patriarche, qui s’exprimait à Damas pour sa première conférence de presse depuis sa nomination la semaine dernière après la mort de son prédécesseur Ignatius IV Hazim, a également appelé les belligérants à mettre fin aux violences et à entamer un dialogue.
Sur le terrain, les violences qui ont déjà fait plus de 44.000 morts en 21 mois, se poursuivaient sans relâche, avec notamment des raids aériens sur plusieurs régions et un attentat à la voiture piégée qui a fait cinq morts à Damas, selon l’OSDH.
Dans la capitale également, un caméraman de la télévision d’Etat a été abattu vendredi soir, alors que 17 journalistes et 44 journalistes-citoyens ont déjà été tués en Syrie selon Reporters sans frontières.
Malgré ces violences, « personne n’a envie d’une intervention », a assuré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le pays est l’un des derniers soutiens de Damas.
« Il semble même parfois que (les pays impliqués dans la crise syrienne) prient pour que la Russie et la Chine continuent de bloquer toute autorisation d’une intervention, parce que dès que ce sera autorisé, ils devront agir, et personne n’est prêt à agir », a-t-il ajouté.
L’Otan a annoncé que les missiles Patriot sol-air destinés à protéger la Turquie contre d’éventuelles menaces syriennes seront déployés « au cours les prochaines semaines », rappelant que ce déploiement sera « purement défensif »???
Au total, l’Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis, seuls pays à posséder ces Patriot au sein de l’Otan, enverront six batteries et plus d’un millier de soldats.
En visite au Liban, le ministre allemand du Développement, Dirk Niebel, a de son côté affirmé que son pays allait augmenter son aide aux réfugiés syriens au Liban, la portant à 75 millions d’euros.