Syrie : La guerre pour le gaz
mai 3, 2012
La Syrie fait face et résiste à deux plans machiavéliques qui se conjuguent pour détruire son État, malmener son peuple et annexer son territoire.
Imad Fawzi Shueibi
Mercredi 2 Mai 2012
Le premier plan, publiquement déclaré et maintes fois évoqué mais superbement ignoré par les prétendus humanitaires ou humanistes… correspond au plan sioniste dit d’Oded Yinon et intitulé « Stratégie pour l’entité sioniste dans les années 80 ». Plan adopté par les néoconservateurs de tout bord pour un « Nouveau Moyen-Orient » recolonisé à souhait. Plan mis en échec en 1982 par Hafez el-Assad… mais plan remis à l’ordre du jour aujourd’hui. Le deuxième plan correspond à une ambition encore plus vaste, puisqu’il ne se contente plus de fabriquer son « Grand Moyen-Orient », mais vise la « Grande Asie centrale ». Et, la Syrie n’est plus que la pièce de domino dont la déstabilisation, la dislocation, voire la disparition offrirait la victoire aux gagnants.
C’est donc au tour de la Syrie d’être outragée, brisée, martyrisée… et hélas calomniée. La très grande majorité des syriens sont meurtris par cette guerre impitoyable qui ne dit pas son nom mais qui tous les jours, depuis 13 mois, invente et met en scène des mensonges qui dépassent l’entendement et autorisent, pour ne pas dire bénissent, les crimes inouïs perpétrés sur cette terre fertilisée par des siècles de créativité, de savoir et de croyances, mais aussi par le sang de tous les syriens massacrés par toutes sortes d’envahisseurs : rois, princes, barbares… venus d’ailleurs. Puisse cette traduction d’une réflexion du Dr Imad Fawzi Shueibi, citoyen syrien, ouvrir les yeux de ceux qui ne veulent pas voir et le cœur et l’esprit de ceux qui ne veulent pas entendre. Les autres suivront parce que c’est la vérité ! [NdT].
Cibler la Syrie, n’a jamais été bien loin de la bataille pour le gaz dans le monde en général et au Moyen-Orient en particulier. À un moment où semble exister un effondrement de la zone euro accompagné d’une crise économique extrêmement grave qui a conduit les Etats-Unis à être endettés de 14,94 milliards de dollars, c’est à dire, 99,6% du PIB, et où leur influence est au plus bas face à des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde et le Brésil ; il est devenu très clair que le potentiel du pouvoir ne réside plus dans l’arsenal militaire nucléaire, mais plutôt là où se trouvent les ports d’exportation de l’énergie. Et, c’est ce qui explique le mieux la bataille russo-américaine.
Après la chute de l’Union soviétique, les Russes ont réalisé que la course à l’armement les avait épuisés surtout en l’absence de sources d’énergie nécessaires à tout pays industrialisé, alors que la présence des USA dans les zones pétrolières depuis des décades leur avait permis de se développer et de décider de la politique internationale sans trop de difficultés. Par conséquent, les Russes se tournèrent vers les sources d’énergie, aussi bien de pétrole que de gaz. Mais le secteur pétrolier, vu sa répartition internationale, n’étant plus très porteur du point de vue concurrence, Moscou décida de miser sur le gaz, sa production, son transport et sa commercialisation à grande échelle.
Le coup d’envoi fut donné en 1995, lorsque Poutine décida de la stratégie de Gazprom Co. en partant des zones gazières de la Russie vers l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Iran [pour la commercialisation], puis le Moyen-Orient. Il est certain que les projets Nord Stream et South Stream témoigneront dans l’Histoire de l’insigne mérite et des efforts de Vladimir Poutine pour ramener la Russie dans l’arène internationale et peser sur l’économie européenne qui dépendra, pendant des décennies, du gaz comme alternative au pétrole ou des deux sources à la fois, avec cependant une nette priorité pour le gaz. À ce stade, il était devenu urgent pour Washington de créer un projet équivalent, le projet Nabucco, pour rivaliser avec les projets russes et disposer des ressources qui détermineront la stratégie et la politique du siècle à venir.
Le gaz est donc la principale source d’énergie en ce XXIe siècle, que ce soit comme solution de rechange au pétrole en raison de la diminution des réserves, ou comme source d’énergie propre. Par conséquent, le contrôle des zones gazières du monde par les différentes puissances anciennes ou émergentes est à la base d’un conflit international dont la manifestation est régionale.
De toute évidence, la Russie a bien lu les cartes et a bien retenu la leçon concernant son effondrement faute de sources d’énergie qui n’étaient pas contrôlées par l’URSS, mais qui n’en demeurent pas moins indispensables pour nourrir les secteurs industriels de tous les pays.
Une première lecture indique que le gaz se trouve dans les zones suivantes :
1. Russie, à partir de Vyborg et Beregvya
2. Turkménistan
3. Azerbaïdjan et Iran
4. Géorgie
5. Syrie et Liban
6. Qatar et Egypte.
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Carte du tracé de Nabuco Moscou s’est hâtée de travailler sur deux axes stratégiques: le premier consistant en la mise en place d’un projet russo-chinois misant sur la croissance économique du Bloc Shanghai ; le deuxième visant à contrôler les ressources de gaz. C’est ainsi qu’elle jeta les bases des deux projets [South Stream et Nord Stream] dans l’intention de faire face au projet Nabucco des USA [soutenu par l’Europe] qui visait le gaz de la mer Noire et de l’Azerbaïdjan. S’ensuivit une course stratégique entre les deux pour le contrôle de l’Europe et des ressources de gaz :
Le projet de gazoduc Nabucco [2] se concentre en Asie centrale, en mer Noire et ses environs. Ses lieux de stockage sont en Turquie, alors que son trajet commence en Bulgarie, traverse Roumanie, Hongrie, République Tchèque, Croatie, Slovénie et Italie. Il devait passer à travers la Grèce, mais cette idée a été abandonnée au profit de la Turquie.
Carte du tracé du North Stream. Le projet Nord Stream [3] relie directement la Russie à l’Allemagne à travers la mer Baltique vers Weinberg et Sassnitz, sans passer par la Bielorussie.
Le projet South Stream [4] commence en Russie et se dirige vers la mer Noire et la Bulgarie, passe ensuite par la Grèce, puis par le sud de l’Italie, la Hongrie et l’Autriche.
Le projet Nabucco était censé concurrencer les deux projets russes, mais en raison de problèmes techniques, il a été repoussé à 2017, alors qu’il était programmé pour 2014. Actuellement, l’avantage de la bataille du gaz est donc en faveur de la Russie, d’où pour les USA la nécessité de s’assurer des zones gazières supplémentaires :
Le gaz iranien pour alimenter le gazoduc Nabucco qui passerait en Géorgie [et en Azerbaïdjan, si possible] pour atteindre le point de rencontre à Erzurum, en Turquie.
Le gaz de la Méditerranée orientale: Syrie, Liban, entité sioniste [5].
Or, l’Iran a signé des accords en Juillet 2011 concernant le transport du gaz à travers l’Irak et la Syrie, accords qui font de la Syrie le point de rencontre et de production en liaison avec les réserves du Liban. C’est donc un espace géographique, stratégique et énergétique, qui s’ouvre et qui comprend l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Les entraves que ce projet subit depuis plus d’un an laissent entrevoir le degré de la bataille autour de la Syrie et du Liban, et éclairent du même coup sur le rôle joué par la France qui considère qu’historiquement la Méditerranée orientale est sa zone d’influence, qu’elle devrait éternellement servir ses intérêts, et qu’il lui faut compenser son absence dans la région depuis la 2nde Guerre Mondiale. En d’autres termes, la France veut jouer un rôle dans le monde [du gaz] maintenant qu’elle a gagné une sorte d’assurance maladie en Libye qu’elle voudrait étendre à la Syrie et au Liban.
Quant à la Turquie, elle a compris qu’elle se retrouvera perdante, le projet Nabucco étant retardé et étant elle-même exclue des deux projets South Stream et Nord Stream ; le gaz de la Méditerranée orientale lui échappe.
Historique du jeu :
Pour ses deux projets, Moscou a créé la société Gazprom dans les années 1990. L’Allemagne qui voulait se libérer, une fois pour toutes, des répercussions de la Seconde Guerre mondiale, se prépara à en être partenaire ; que ce soit en matière d’installations, de révision du pipeline Nord, ou de lieux de stockage proches de la ligne South Stream, l’Autriche en particulier.
Gazprom :
La société Gazprom a été fondée avec la collaboration de Hans-Joachim Gornig, un allemand proche de Moscou, ancien vice-président de la compagnie allemande de pétrole et de gaz industriels qui a supervisé la construction du réseau de gazoducs de la RDA. Elle a été dirigée jusqu’en Octobre 2011 par Vladimir Kotenev, ancien ambassadeur de Russie en Allemagne.
Gazprom a signé nombre de transactions avec des entreprises allemandes, au premier rang desquelles celles coopérant avec Nord Stream, tels les géants E.ON pour l’énergie et BASF pour les produits chimiques, avec pour E.ON des tarifs préférentiels en cas de hausse des prix, ce que l’on peut considérer comme une sorte de soutien [politique] des entreprises allemandes par la Russie.
Moscou a bénéficié de la libéralisation des marchés européens du gaz et a monopolisé ces marchés en les déconnectant d’autres réseaux de distribution. La page des affrontements et des hostilités entre la Russie et Berlin étant tournée, elle a poursuivi une phase de coopération économique et d’allégement du poids de l’énorme dette de l’Europe pesant sur les épaules de l’Allemagne qui considère que le groupe germanique [Allemagne, Autriche, République Tchèque, Suisse] n’a pas à supporter les conséquences du vieillissement de tout un continent, ni de la chute d’un géant.
Gazprom s’est associée avec des entreprises allemandes telle que Wingas détenue par ailleurs par BASF [via sa filiale Wintershall], le plus grand producteur allemand de pétrole et de gaz contrôlant 18% du marché du gaz, et a offert à ses principaux partenaires des avantages inégalés dans les actifs russes. Ainsi BASF et E.ON contrôlent chacune près d’un quart des champs de gaz Loujno-Rousskoïé qui alimenteront en grande partie Nord Stream à un moment donné ; ce n’est donc pas un simple hasard si l’homologue allemand de Gazprom appelé « le Gazprom Germania » ira jusqu’à posséder 40% de la compagnie autrichienne Austrian Centrex Co, spécialisée dans le stockage du gaz et destinée à s’étendre vers Chypre.
Une expansion qui ne plait certainement pas à la Turquie qui a cruellement besoin de sa participation au projet Nabucco. Elle consisterait à stocker, commercialiser, puis transférer 31 puis 40 milliards de m³ de gaz par an ; un projet qui fait qu’elle est de plus en plus inféodée aux décisions de Washington et de l’OTAN, d’autant plus que son adhésion à l’Union européenne a été rejetée à plusieurs reprises.
Par conséquent, les liens stratégiques liés au gaz sont devenus déterminants en matière de politique internationale, Moscou pouvant faire pression sur le Parti social-démocrate allemand en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, base industrielle majeure et centre du conglomérat allemand RWE œuvrant dans le secteur de l’électricité à travers sa filiale E.ON.
Une telle influence a été reconnue par Hans-Joseph Fell, responsable des politiques énergétiques[ du Parti les Verts, selon lequel quatre sociétés allemandes liées à la Russie jouent un rôle dans la définition de la politique énergétique allemande à travers un réseau très complexe qui fait pression sur les ministres et manipule l’opinion publique, via le Comité des relations économiques de l’Europe de l’Est qui représente ces entreprises et entretient d’étroites relations d’affaires avec la Russie et certains pays de l’ex Bloc soviétique. Mais l’Allemagne s’oblige à la discrétion quant à l’influence grandissante de la Russie, discrétion fondée sur la soi-disant nécessité d’améliorer la «sécurité énergétique» de l’Europe.
Actuellement, l’Allemagne considère que la politique de l’Union européenne pour résoudre la crise de l’Euro, pourrait gêner les investissements russo – allemands sur une longue période. Cette raison, parmi d’autres, explique pourquoi elle traine pour sauver l’euro plombé par les dettes européennes, bien que le bloc germanique pourraient, à lui seul, supporter ces dettes. De plus à chaque fois que les Européens s’opposent à sa politique concernant la Russie, elle affirme que les plans utopiques de l’Europe ne sont pas réalisables et peuvent pousser la Russie à vendre son gaz en Asie.
Ces fiançailles russo-allemandes ne datent pas seulement du temps où Poutine pouvait bénéficier de l’héritage de la guerre froide faisant que trois millions de russophones vivent en Allemagne et forment la deuxième importante communauté après les Turcs. Depuis, il aurait utilisé un réseau d’anciens responsables de la RDA pour étudier les intérêts des compagnies russes en Allemagne, sans parler du recrutement d’ex-agents de la Stasi, y compris les directeurs du personnel et des finances de Gazprom Germania et le directeur des finances de la Nord Stream Consortium, Warnig Matthias qui, selon le Wall Street Journal, aurait aidé Poutine à recruter des espions à Dresde lorsqu’il n’était qu’un jeune cadre du KGB. Mais, pour être clair, l’utilisation par la Russie de ses anciennes relations n’a pas été préjudiciable à l’Allemagne, les intérêts des deux parties ont été servis sans que l’une ne domine l’autre.
Le projet Nord Stream, le lien principal entre la Russie et l’Allemagne, a été inauguré récemment par un pipeline qui a coûté 4,7 milliards d’euros. Bien que ce pipeline relie la Russie et l’Allemagne, il a été reconnu comme faisant partie de la sécurité énergétique européenne, et la France et la Hollande se sont hâtées de déclarer qu’il s’agissait d’un projet européen. À cet égard, il faudrait rappeler que Mr Lindner, Directeur exécutif du Comité allemand pour les relations économiques avec les pays de l’Europe de l’Est a déclaré, sans hésitation aucune, que c’était un projet européen et non un projet allemand et qu’il ne saurait verrouiller l’Allemagne par une plus grande dépendance vis-à-vis de la Russie. Une telle déclaration indique la crainte d’une influence russe de plus en plus importante sur l’Allemagne ; il n’en demeure pas moins que le projet Nord Stream est structurellement un plan moscovite et non un plan européen.
Les dirigeants russes auraient donc les moyens de paralyser la distribution de l’’énergie dans plusieurs pays au moment où ils le souhaiteraient, et de vendre le gaz au plus offrant. Toutefois, l’importance pratique de l’Allemagne réside dans le fait qu’elle est une plate-forme à partir de laquelle la Russie peut lancer sa stratégie continentale ; Gazprom Germania détenant quand même des participations dans 25 projets croisés, notamment avec la Grande-Bretagne, l’Italie, la Turquie, la Hongrie … Ce qui laisse penser que Gazprom pourrait devenir l’une des plus grandes entreprises du monde, sinon la plus grande.
Les dirigeants de Gazprom ont non seulement construit leurs projets, ils ont aussi essayé de relever le sérieux défi représenté par le projet Nabucco. Par conséquent, Gazprom qui détient 30% d’un projet conçu pour la construction d’un deuxième pipeline vers l’Europe et qui suivrait à peu près le trajet de Nabucco est aussi, de l’avis même de ses partisans, un projet « politique » destiné à surenchérir de façon musclée pour freiner, voire bloquer le projet Nabucco. D’ailleurs Moscou n’a pas tardé à acheter du gaz en Asie centrale et en mer Caspienne dans le but de le tarir au moment même où elle devait se confronter à Washington politiquement, économiquement et stratégiquement.
Lecture russe de la carte l’Europe et de carte du Monde à venir
Gazprom exploite des installations gazières en Autriche et loue des installations en Grande-Bretagne et en France. Toutefois, le nombre croissant d’installations de stockage en Autriche sera à la base de l’élaboration de la carte énergétique de l’Europe, puisqu’elles serviront à fournir la Slovénie, la Slovaquie, la Croatie, la Hongrie, l’Italie avec un bénéfice certain pour l’Allemagne qui coopérera pour l’export du gaz jusqu’aux carrefours de l’Europe occidentale.
Gazprom a aussi facilité un stockage commun avec la Serbie en direction de la Bosnie-Herzégovine. Des études de faisabilité ont été menées pour un mode de stockage similaire en République Tchèque, Roumanie, Belgique, Grande-Bretagne, Slovaquie, Turquie, Grèce et même en France. Gazprom renforce ainsi la position de Moscou, en tant que fournisseur de 41% des approvisionnements gaziers nécessaires à l’Europe. Ceci signifie un changement substantiel dans les relations entre l’Orient et l’Occident à court terme et souligne le recul de l’influence américaine, par boucliers antimissiles interposés, pour établir un Nouvel Ordre Mondial dont le gaz serait l’un des piliers ; et ceci donne les raisons de l’escalade dans la bataille pour le gaz du Moyen-Orient et pour la côte orientale de la Méditerranée.
Nabucco en difficulté
Nabucco a été conçu pour canaliser le gaz sur 3.900 kilomètres en partant de la Turquie vers l’Autriche et pour transporter 31 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, à partir du Moyen-Orient et de la région Caspienne vers les marchés européens. La coalition Otano-américano-française a tenté hâtivement de mettre fin aux problèmes du Moyen-Orient [Syrie et Liban en particulier] qui ne coïncideraient pas avec ses intérêts gaziers. La Syrie a répondu par la signature d’un contrat visant à recevoir le gaz de l’Iran passant par l’Irak. La réalité des faits est donc que c’est sur le gaz syrien et libanais que se focalise la bataille, ce gaz alimentera t-il Nabucco ou Gazprom, autrement dit South Stream ?
Le consortium Nabucco est constitué de plusieurs sociétés : allemande [REW], autrichienne [OML], turque [Botas], bulgare [Energy Company Holding], et roumaine [Transgaz]. Il ya cinq ans, les coûts initiaux du projet ont été estimées à 11,2 milliards de dollars, mais ces coûts pourraient atteindre 21,4 milliards de dollars d’ici 2017. Ceci soulève de nombreuses questions quant à sa viabilité économique étant donné que Gazprom a pu conclure suffisamment de contrats avec différentes pays qui devaient nourrir Nabucco, lequel ne pourrait plus compter que sur les excédents du Turkménistan, surtout depuis les tentatives infructueuses de mainmise sur le pétrole iranien. C’est l’un des secrets inconnus de la bataille pour l’Iran qui est allé trop loin dans son défi aux USA et à l’Europe, en choisissant l’Irak et la Syrie pour trajets de transport d’une partie de son gaz.
Ainsi, le meilleur espoir de Nabucco se trouve en Azerbaïdjan, devenu presque la seule source d’un projet qui semble trébucher avant même de commencer. D’où les offres accélérées à Moscou pour l’achat de sources initialement prévues pour Nabucco, et les difficultés rencontrées pour imposer des changements géopolitiques en Iran, en Syrie et au Liban. Ceci au moment où la Turquie s’empresse de réclamer sa part du projet Nabucco, soit par la signature d’un contrat avec l’Azerbaïdjan pour l’achat de 6 milliards de mètres cubes de gaz en 2017, soit par l’annexion de la Syrie et du Liban avec l’espoir de faire obstacle au transit du pétrole iranien ou de recevoir une part de la richesse en gaz du Liban et/ou de la Syrie ; sa course pour occuper une place dans le Nouvel Ordre Mondial allant des petits services aux plus grands : le stockage du gaz, l’action militaire, et le bouclier antimissiles !
Mais la menace la plus sérieuse pour le projet Nabucco serait que la Russie ne tente de le faire échouer en négociant des contrats plus avantageux que les siens en faveur de Gazprom Nord ou South Stream ; ce qui invaliderait les efforts des États-Unis et de l’Europe, diminuerait leur influence, et bousculerait leur politique énergétique en Iran et/ou en Méditerranée. En effet, Gazprom pourrait devenir un investisseur ou un exploitant majeur des nouveaux gisements de gaz en Syrie ou au Liban. La date du 16 Août 2011 n’a pas été choisie au hasard par le ministère syrien du Pétrole pour annoncer la découverte d’un puits de gaz à Qara, près de Homs. Sa capacité de production serait de 400.000 mètres cubes par jour [146 millions de mètres cubes par an]. Toutefois, le ministère n’a rien déclaré à propos du gaz en Méditerranée.
Nord Stream et South Stream ont donc affecté la politique des USA qui semblent à la traîne. Les signes d’hostilité entre les États de l’Europe centrale et la Russie se sont atténués ; mais la Pologne et les États-Unis ne semblent pas disposés à quitter le jeu. En effet, fin Octobre 2011, ils ont annoncé le changement de leur politique énergétique suite à la découverte de gisements de charbon européens qui devraient diminuer la dépendance vis à vis de la Russie … et du Moyen-Orient. Cela semble être un objectif ambitieux mais à long terme, en raison des nombreuses procédures nécessaires avant commercialisation ; ce charbon correspondant à des roches sédimentaires trouvées à des milliers de mètres sous terre et nécessitant des techniques de fracturation hydraulique sous haute pression pour libérer le gaz, sans oublier les risques environnementaux.
Participation de la Chine
La coopération sino-russe dans le domaine de l’énergie est le moteur qui oriente et accélère le partenariat stratégique entre ces deux géants et serait à la base du leur double véto réitéré en faveur de la Syrie. Cette coopération ne concerne pas la seule question de l’approvisionnement de la Chine à des conditions préférentielles. C’est un processus qui engage la Chine à participer à la distribution du gaz par la vente de produits et d’installations, en plus d’un projet de contrôle conjoint des réseaux de distribution du gaz. Les experts des deux pays ont convenu qu’ils pourraient travailler ensemble dans les domaines suivants: « La coordination des stratégies énergétiques, la prévision et la prospection, le développement des marchés, l’efficacité énergétique, et les sources d’énergie alternative ».
D’autres intérêts stratégiques concernent les risques mutuels encourus face au projet des « boucliers antimissiles » US. Non seulement Washington a impliqué le Japon et la Corée du Sud mais, début Septembre 2011, mais a aussi invité l’Inde à en devenir partenaire. En conséquence, les préoccupations des deux pays se croisent au moment où Washington relance sa stratégie en Asie centrale, c’est à dire, sur la Route de la Soie. Cette stratégie est la même que celle lancée par George Bush [le projet de la Grande Asie centrale] pour y faire reculer l’influence de la Russie et de la Chine en collaboration avec la Turquie, résoudre la situation en Afghanistan d’ici 2014, et s’imposer par la force militaire de l’OTAN dans toute la région. L’Ouzbékistan a déjà laissé filtrer qu’il pourrait accueillir l’OTAN, et Vladimir Poutine a estimé que ce qui pourrait déjouer l’invasion occidentale et empêcher les USA de porter atteinte à la Russie serait l’expansion de l’espace Russie-kazakhtan-Biélorussie en coopération avec Pékin !
Cet aperçu des mécanismes de la bataille internationale permet d’accéder à l’un des versants du processus de formation d’un Nouvel Ordre Mondial fondé sur la suprématie militaire et les énergies fossiles, au premier rang desquelles : le gaz !
Le gaz de la Syrie
A partir du moment où l’entité sioniste a entrepris l’extraction de pétrole et de gaz, il est devenu clair que le bassin Méditerranéen était entré en jeu et que, soit la Syrie serait attaquée, soit toute la région pourrait profiter de la paix puisque le XXIe siècle est supposé être celui de l’énergie propre.
En effet, selon le Washington Institute, le bassin méditerranéen est riche en gaz et la Syrie en serait l’état le plus riche. Ce même institut a aussi spéculé que la bataille entre la Turquie et Chypre allait s’intensifier du fait de son incapacité à assumer sa perte du projet Nabucco, malgré le contrat signé avec Moscou en décembre 2011 pour le transport d’une partie du gaz de South Stream via la Turquie.
Maintenant que le secret du gaz syrien est levé, tout un chacun pourrait comprendre les raisons et le degré des mensonges sur la Syrie. Qui contrôle la Syrie pourrait contrôler le Moyen-Orient. Et à partir de la Syrie, passerelle vers l’Asie, il pourra « posséder la clé de la Maison Russie » comme l’affirmait la Tsarine Catherine II, tout comme il pourrait disposer de la Route de la Soie vers la Chine. Plus encore, ceux qui réussiraient à envahir la Syrie seront en capacité de dominer le monde, puisque ce siècle est le « siècle du gaz ». Mais suite au contrat signé par Damas pour transporter le gaz iranien après sa traversée de l’Irak vers la Méditerranée, l’espace géopolitique de la Syrie s’ouvrirait, tandis que l’espace du gaz se fermerait aux acteurs du projet Nabucco, bouée de sauvetage de l’Europe et de la Turquie. Par conséquent, la Syrie est la clé de l’époque à venir.
Carte du plan Oded Ynon
Article original en anglais :
Gas Ranks First in Middle East Struggles
http://dissidentvoice.org/2012/04/gas-ranks-first-in-middle-east-struggles/
Article proposé et traduit de l’anglais par Mouna Alno-Nakhal (biologiste) 02/05/2012
Trés bon article qui résume et explique le pourqoi de ce soit-disant « printemps arabe », qui ne fait pas l’impasse d´un complot des pays impérialistes autour les richesses minérales du gaz et du pétrole. Les sionistes euro-américains ils sont derrière tous ces plans machiavéliques de l ´west, comme dans tout le Nord ´Afrique, acec les renversements des gouvernements contraires a ses interets, et dans le Moyen Orient, qu’ils sont encore en train de renverser.
Cet article devrair être passé pour toutes les Universités du Monde, pour que tous puissent entendre, ce quíl se passe vraiment.