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Syrie: le rôle des acteurs régionaux et transrégionaux


 

 

Soucieuses de préserver leurs intérêts géopolitiques,..

… les puissances mondiales s’empêchent, mutuellement, d’intervention, en Syrie, et personne ne peut influer trop sur la politique intérieure de la Syrie. Selon l’Agence Fars, l’éminent chercheur américain, Emmanuel Wallerstein, a décrypté, dans un article, les motivations de divers pays, dans l’interaction avec la crise syrienne.

Les fondements inhérents aux valeurs n’ont aucune place dans les programmations politiques de l’Occident

Dans son article, il précise : George Kening, ministre des Affaires étrangères de la Grande Bretagne, avait envoyé une note au Duc de Wellington, Premier ministre de l’époque de la Grande Bretagne, et lui avait expliqué, en ces termes, le principe de la politique étrangère de la Grande Bretagne : «Nous ne devons reconnaître aucune valeur aux aspirations des Etats, ni aux intérêts des autres nations, à moins que ces aspirations et intérêts soient compatibles avec les intérêts de la Grande Bretagne.  Pour l’heure, les attentions se sont focalisées, dans une grande partie, sur la Syrie. Le gouvernement syrien rejette toute ingérence étrangère, dans les tiraillements intérieurs du pays. Les Etats-Unis, ancienne superpuissance mondiale, ont invité Bachar al-Assad à partir et ils ont réclamé l’établissement d’Un Etat qui soit, du point de vue des Etats-Unis, le réel représentant du peuple syrien. De même, les Etats-Unis d’Amérique ont exigé du gouvernement syrien d’arrêter les opérations militaires contre les opposants. Dans le même temps, les Etats-Unis ont essayé de rallier à leur cause le Conseil de sécurité de l’ONU et ont imposé des sanctions unilatérales contre la Syrie. Les Etats-Unis ont prétendu avoir prévu des aides humanitaires, pour les Syriens, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Ils ont prétendu être, en permanence, en train de mener des consultations avec d’autres puissances.

Les citoyens américains en ont assez de l’aventurisme militaire américain

De toute évidence, les Etats-Unis ont attaqué, en 2003, l’Irak, sans obtenir l’aval des membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Sont nombreux ceux qui estiment que l’intervention, en Irak, n’a pas abouti aux résultats souhaités et qu’une intervention similaire, en Syrie, pourrait avoir de telles conséquences négatives. Par ailleurs, les hauts officiers de l’armée américaine estiment que les Etats-Unis se trouvent, suffisamment, dans l’embarras, au Moyen-Orient. Ils sont d’avis que l’armée syrienne possède plus que l’armée de Kadhafi, la capacité de résister à l’agression étrangère. De même, certains sont persuadés que le peuple américain en a assez de la guerre. A en juger les résultats d’un sondage, récemment, réalisés, la majorité des Américains pensent que l’intervention américaine, en Afghanistan, et en Irak, était une erreur qui ne doit pas se reproduire. Cependant,  il y  a cette possibilité que les Etats-Unis, en dépit de leur animosité envers le gouvernement baathiste syrien, aient des doutes sérieux, et peut-être même des inquiétudes sérieuses, quant aux événements futurs, en cas de chute du gouvernement, en Syrie, car il se peut qu’une organisation similaire à celle d’Al-Qaïda, prenne en mains une partie importante du future gouvernement syrien.

Les opposants syriens : « Nous avons été dupés par les Etats-Unis »

Bref, les Etats-Unis sont, pratiquement, en quête de leurs intérêts géopolitiques. Ceci dit, de vifs débats sont en cours, à  l’intérieur des Etats-Unis, au sujet de la nature de ces intérêts. Les analystes américains sont en train d’étudier ce point pour savoir si Washington dispose des capacités géopolitiques nécessaires pour influer sur la situation actuelle et si l’on peut orienter la situation vers une direction que les Etats-Unis considèrent comme la meilleure option ? La réaction du gouvernement et de l’opposition syriens est négative vis-à-vis des Etats-Unis, car d’une part, le gouvernement syrien condamne les pressions américaines  pour obtenir le départ de Bashar al-Assad et d’autre part, l’opposition dit se laisser duper par les Etats-Unis, car elle estime que les Etats-Unis n’avaient agi comme il faillait pour soutenir les groupes opposants. Partant de là, les groupes d’opposition ont annoncé qu’ils ne pouvaient compter sur une action sérieuse des Etats-Unis.

Les Etats-Unis, La France et la Grande Bretagne, déboussolés, quant à la question syrienne

Deux anciennes superpuissances du monde, à savoir, la Grande Bretagne et la France, fanfaronnent, tout comme c’est le cas des Etats-Unis. Elles ont eu des mots très durs, pour condamner Bachar Al-Assad. Mais, il semble que ces deux pays, aussi, aient de nombreux doutes, pour aller vers une intervention militaire directe, car ces pays ont bien expérimenté, dans la guerre contre la Libye,  leur faiblesse,  sans la coopération directe des Etats-Unis. Le ministre français des Affaires étrangères estime que la confiance du gouvernement Sarkozy dans le CNS, Conseil national syrien, était excessive. Il plaide pour obtenirr le soutien d’autres pays  au général Talas, ancien haut officier de confession sunnite, qui a fait défection. Mais, le problème des Etats-Unis, de la France et de la Grande Bretagne, pour soutenir un individu ou un groupe particulier n’est pas d’en définir et d’en préciser les modalités, mais de savoir si ces pays peuvent ou pas avoir une grande influence sur la situation intérieure de la Syrie.

La rivalité entre l’Arabie saoudite et le Qatar, pour les intérêts régionaux

Les pays riverains du golfe Persique ont-ils une telle influence ? Ces pays visent à réaliser leurs propres intérêts géopolitiques. Les deux pays qui sont beaucoup plus actifs que les autres, à savoir, le Qatar et l’Arabie saoudite, n’ont pas adopté une politique analogue. Le Qatar a annoncé, ouvertement, sa disponibilité, pour équiper et financer les groupes d’opposition, surtout, les groupes salafistes et jihadistes, et il veut jouer, en Syrie, le même rôle qu’il a eu en Libye. Il veut se poser, comme un acteur privilégié, au Moyen-Orient. Mais, la question qui se pose est de savoir si le Qatar ne cherche pas, en optant pour une telle politique, à empêcher l’Arabie saoudite, dans sa tentative d’avaler tous les pays du golfe Persique.

Les Frères musulmans d’Egypte et Al-Qaïda, deux problèmes essentiels, pour l’Arabie Ssoudite

Tout comme les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, aussi, semble être indécise. Ce pays se considère come le principal défenseur des Musulmans de confession sunnite, face aux Chiites, notamment, l’Iran. Mais ce leadership, dont se réclame l’Arabie saoudite, ne fait pas de l’unanimité, au sein des Sunnites, du fait de l’attachement de ce pays à l’Islam Wahhabite. En revanche, le gouvernement saoudien, aussi, n’a pas un avis favorable, à l’égard de tous les Sunnites. L’Arabie saoudite se trouve confrontée à de grandes difficultés, pour assumer ce rôle stratégique.  Ce pays est inquiet de deux autres puissances sunnites, qui sont en train de stabiliser, doucement, leur position, au Moyen-Orient, à savoir, les Frères musulmans, en Egypte, et le réseau Al-Qaïda. Le retour, sur la scène politique, des Frères musulmans, en Egypte, donnera la possibilité à ce pays de revitaliser son rôle de leadership, dans le monde arabe, au détriment de l’Arabie Saoudite.  L’autre menace à laquelle est confrontée l’Arabie saoudite, c’est le réseau Al-Qaïda, qui cherche à renverser le gouvernement saoudien, en le présentant comme un régime corrompu et non islamique. L’autre problème, c’est la Syrie, où les groupes d’opposition se trouvent, sous la couverture des Frères musulmans, d’al-Qaïda et des séculaires, ce qui n’est, absolument, pas du goût des Saoudiens. Donc, en dépit de son désir de faire face à l’Iran, il n’est pas clair si l’Arabie saoudite équipe ou non les opposants syriens ?

La Turquie manque d’une politique claire et évidente et elle s’est heurtée à la question des Kurdes

L’importance de la Turquie est en train de s’accroître, dans la région. Les Turcs souhaitent devenir le principal acteur de la région. Mais on ne peut pas définir, clairement, la politique des Turcs. Il évident que la Turquie critique, vivement, Bachar al-Assad et le gouvernement baathiste syrien, et se rapproche de plus en plus des Etats-Unis. La Turquie a accueilli, sur son territoire, les réfugiés syriens, qui ont franchi la frontière. Mais il faut indiquer ce point que la Turquie s’est heurtée au mouvement des Kurdes, à l’intérieur du pays, et en dehors de ses frontières, dont la Syrie.

L’Egypte, la Jordanie et l’Irak sont en quête de leurs propres priorités

L’objectif de l’Egypte est, en premier lieu, de retrouver sa place, en tant que pays d’avant-garde arabe. C’est pour cette raison que le nouveau gouvernement égyptien, sans se mettre, totalement, dans le front opposé aux Etats-Unis, cherche à redéfinir ses relations avec la Palestine. Donc, sa première priorité est la Palestine, et non pas la Syrie. L’Irak et la Jordanie sont inquiets de voir les troubles, en Syrie, affecter la fragile stabilité qui prévaut dans ces pays. Les Palestiniens, aussi, ont adopté cette même position rationnelle. Quant au Liban, les intérêts fondamentaux de ce pays résident dans la sauvegarde de la situation intérieure, tout à fait sensible, du pays.

Israël vise à affaiblir l’Iran et il est inquiet de l’avenir de la Syrie

Il y  a un certain temps qu’Israël s’est concentré sur un éventuel accès de l’Iran à l’arme atomique. Il n’est pas clair que les Israéliens puissent l’en empêcher, ce qui a suscité leur inquiétude. Or, la question qui se pose est de savoir quelle est la position de la Syrie, principal allié géopolitique de l’Iran ? La Syrie a été, un voisin, relativement, calme, pour Israël. Et ce, alors qu’Israël cherche à affaiblir l’Iran, et sait que le gouvernement alternatif à l’actuel gouvernement rendra moins calme la Syrie. C’est pour cette raison qu’Israël a observé le silence envers les troubles, en Syrie.

L’Iran cherche à consolider sa place, dans la résolution de la crise syrienne

En tant que l’une des grandes puissances de la région, l’Iran s’efforce de contraindre les autres pays à le reconnaître comme l’un des décideurs de l’avenir de la région, surtout, en ce qui concerne la Syrie. C’est, exactement, ce qui ne plaît, ni aux Etats-Unis, ni à Israël. Donc, l’Iran ne perd rien. Au contraire, il peut tout gagner, via ses efforts de préserver le gouvernement syrien et de se poser, en tant que principal médiateur impartial, dans la crise syrienne.

Les Etats-Unis ne sont pas prêts à reconnaître le déclin de leur puissance

La Russie et la Chine insistent sur le fait que le scénario libyen ne doit pas se reproduire. Ces deux pays estiment que la Grande Bretagne, la France et les Etats-Unis ont abusé de la résolution ambiguë du Conseil de sécurité de l’ONU, pour lancer une intervention militaire, en Libye, dont le principal objectif était de renverser le régime de ce pays et d’y assurer et consolider leurs propres intérêts géopolitiques. La Chine et la Russie estiment que les Etats-Unis, en tant que l’ancienne superpuissance du monde, ne sont pas prêts à reconnaître le déclin de leur puissance, ce qui est la question la plus dangereuse, pour la région. C’est pourquoi, la Chine et la Russie, en se servant du droit de veto, tentent d’empêcher le chaos et la tension, dans toute la région, et ces deux pays guettent une occasion, pour trouver une solution diplomatique à la crise, en Syrie.

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