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Syrie : les ridicules rodomontades de la France


syrie

 

Le 6 juin 2013

« La France a la certitude que du gaz sarin a été utilisé… et elle en tirera toutes les conséquences… Toutes les options sont sur la table. » C’est ce que déclarait Laurent Fabius mardi dernier. Et son supérieur hiérarchique d’en rajouter dès le lendemain : « Ces faits mettent la communauté internationale dans l’obligation d’intervenir. » Ainsi parlait François Hollande.

Les hautes autorités françaises, morales (Bernard-Henri Lévy) et politiques (le ministre des Affaires étrangères, le chef de l’État) qui, jour après jour, prêchent au nom de l’humanité pour une nouvelle croisade daigneront-elles nous expliquer un jour en vertu de quels principes et au nom de quels intérêts il est urgent et nécessaire d’aligner notre politique extérieure sur celle de la Turquie, du Qatar et d’Al-Qaida, et nous dire une bonne fois pour toutes pourquoi le régime syrien et le régime iranien doivent être rayés de la carte par la force tandis que nous déploierions des tapis rouges sous les pas de la théocratie saoudienne et des satrapes du Qatar ? Quoi qu’il en soit, leur langage est clair. La guerre est à l’ordre du jour. Nos socialistes ne reculent devant rien. Auraient-ils mangé du lion ? À y regarder de plus près, ce lion pourrait bien être en peau de lapin.

En effet, concluant son réquisitoire, M. Fabius précise que rien ne se fera qu’ « en liaison avec nos partenaires ». Quant à M. Hollande, il n’entend pas sortir du « cadre de la légalité internationale ». C’est dire que nos foudres de guère font des moulinets avec un sabre de bois. Leurs velléités belliqueuses ne sont que de ridicules rodomontades.

Nul, de fait, ne peut ignorer que, « dans le cadre de la légalité internationale », la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, opposeraient leur veto à toute motion autorisant une intervention militaire dans les affaires intérieures de l’État souverain qu’est la Syrie. Or, cette fois, il n’est pas question que « nos partenaires », entendez les États-Unis, seuls capables de soutenir un conflit d’envergure, entraînent et moins encore bravent la communauté internationale. Nous ne sommes plus en 2003. George Bush a pris sa retraite. Non seulement l’actuel président américain est résolu à ne pas engager son pays dans une nouvelle aventure sur la base de « preuves » forgées par ses services, mais il semble même qu’en accord avec une opinion publique échaudée par l’Irak, l’Afghanistan et lasse de ces guerres sans victoire et sans fin, il soit déterminé à ignorer autant qu’il lui sera possible les indices qui lui sont si obligeamment fournis par Londres et Paris.

La « ligne rouge » est comme celle de l’horizon qui s’éloigne à mesure qu’on s’en rapproche. Au demeurant, une guerre avec la Syrie, à supposer qu’elle reste limitée à la Syrie, serait d’autant moins une partie de plaisir que l’armée syrienne est un plus gros morceau que les milices de Kadhafi et que les bandes djihadistes du Mali, et que Poutine, rappelons-le, s’est engagé dans cette hypothèse à doter son allié des moyens de défense qui lui permettraient sinon de contrer, au moins de faire payer très cher à l’Occident une offensive aérienne.

Donc, comme disait le regretté Claude Cheysson, « nous ne ferons rien, comme d’habitude », et c’est la sagesse même.

N’oublions pas pour finir que, lorsqu’on entre dans le détail des choses, les présomptions avancées par les gouvernements français et britannique sont loin d’être aussi assurées que le donneraient à croire certains excès de langage. Si vraiment le recours à des armes chimiques s’est limité à des cas isolés, dans des zones localisées, dans des circonstances indéterminées, il n’est pas approprié d’évoquer le spectre épouvantable des « gaz » tels que, lors de la Première Guerre mondiale, ils firent des centaines de milliers de morts et de blessés à vie. Et s’il faut, pour respecter les prétendues lois de la guerre, bannir de tout conflit les armes des lâches qui tuent sans distinction les hommes, les femmes et les enfants, les militaires et les civils, les combattants et les innocents, le recours aux voitures piégées et aux attentats aveugles n’est pas moins condamnable que celui aux armes chimiques. Quant aux tortionnaires, ils ne sont pas plus infréquentables que les cannibales.

Dominique Jamet

Dominique Jamet

Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d’une vingtaine de romans et d’essais.
sur Boulevard Voltaire
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1 Commentaire
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cromagnon
cromagnon
10 années il y a

fabius et hollande joue la carte securitée comme tous bon toutous il jette un oeil a leurs patrons » usa-quatar-israel »
car tous seuls ils sont juste bon a tenir le cadre et a essayer de comprendre le mot LEGALITE??????
que dire a un roquet????? SILENCE……….

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