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Syrie : L’exaspération russe


À l’heure de la réunion du sommet de Bruxelles où François Hollande n’a de cesse de vouloir embarquer l’Europe dans une équipée néo-coloniale gazière de plus, voici un point de vue détaillé sur la colère russe face aux manoeuvres hors droit international de l’Angleterre et de la France sur la question syrienne.

Dans mes précédentes traductions et contributions, j’ai certes focalisé l’attention sur le gisement de gaz Leviathan découvert au large des cotes de Gaza, dont la poche nord-est récemment découverte, est accessible sous le sol syrien. Il y a aussi la concurrence entre pays producteurs au niveau de l’acheminement du gaz actuellement exploité en Iran qui concurrence le Qatar. Là aussi, la Syrie est au cœur du débat, et l’exécutif du Président Assad apparait bien isolé financièrement et économiquement au milieu de la diaspora occidentaliste et de sa cupidité énergétique sans bornes.

Les nuées de mercenaires jihadistes , apatrides et incontrôlables , qui se réclament de la gentille ASL toujours sans chef adoubé ni même déclaré depuis 2 ans – on se demande bien pourquoi n’est-ce-pas – n’ont pas intérêt à cesser le combat, puisqu’ils sont au cœur de l’enjeu occidentaliste, et prêts à toutes les enchères qui ne manquent pas de gonfler les poches des plus malins avec des promesses et des billets verts, quitte à déserter pour quelque chose. 

Si comme moi , vous accumulez les lectures attentives de toutes les conditions géopolitiques de ce conflit, vous ne pouvez qu’être navré de voir avec quelle précision les faits se répètent depuis l’Afghanistan (projet TAP Unocal – Delta Oil le long des bases US dans lequel le Président de la Commission du 11-9 a des parts, oléoduc TBC Tbilissi-Bakou-Ceyhan), l’Iraq (captation pure et simple de la production nationalisée), la Libye (captation pure et simple de la production et du nouveau gisement gazier du bloc NC7 dont la Qatar possède désormais des parts), et maintenant la Syrie.

Pour le journalisme d’allégeance atlantiste, il faudra repasser, une fois les écorcheurs qui noyautent le pays installés dans leurs résidences de carton-pâte. Le peuple français est à ce point drogué par les épouvantails humanitaristes de cette crise aux fondamentaux énergétiques pourtant évidents, que j’espère juste que des journalistes comme Christof Lehman feront réfléchir nos éditocrates francophones sur leur propre moralité de distillateurs de cette immonde propagande néo-religieuse aux relents néo-conservateurs.

Le sujet même de la Syrie est devenu à ce point inabordable en public (sans parler de l’Iran, 70 millions d‘humains , sous le joug de sanctions qui avant l’Iran ont ravagé l’Iraq), que c’est tout le mal que nous pouvons souhaiter à ces échotiers du « bloc identitaire atlantiste ».

Il va de soi que l’opinion publique française est largement opposée aux dérives de nos « Don Quichotte du Quai d’Orsay ». Mais dois-je rappeler ici que les affaires internationales ne sont même pas évoquées lors des débats présidentiels ? Le vote citoyen vaudrait-il désormais blanc seing pour aller « casser de l’arabe » ( ça réveille, non ?) pour notre confort énergétique et financier comme en Libye ?

Quand je vous dis qu’il y a de quoi être honteux de son pays…. Je suis sans illusions.

Que les vents de la sagesse , toute théorique dans laquelle notre civilisation gréco-romaine prétend toujours se draper , aident le peuple syrien et ses dirigeants, héritiers de tant de civilisations et d’un pays berceau du christianisme. Et tant qu’on y est… que François 1er se penche sur ce berceau et fasse pression sur nos chancelleries actuellement en roue libre, avec plus de sens pratique et l’appui du peuple sud-américain à ses côtés , plutôt que des prières vaines. Nous verrons ce qu’il fera lui aussi avec ce peuple sud-américain qui porte l’espoir de la vraie gauche mondiale.

Gel des relations ; le Ministre russe des Affaires étrangères Lavrov condamne avec force les Usa et leurs alliés pour vouloir armer l’opposition syrienne.

Le Ministre russe des Affaires étrangères Lavrov condidère le rapport de la commission d’enquête européenne de rapport biaisé, l’armement de l’opposition d’action illégale, et déclare que l’opposition doit mettre sur pied une équipe en vue de négociations.

Christof Lehmann (nsnbc, publié le 14 mars 2013) – Les relations entre la Russie et les Usa et l’Otan se sont encore détériorées lorsque le Ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov, a réaffirmé mercredi [13 mars 2013 NdT] que pour un état étranger, armer l’opposition viole le droit international. Il en a été de même lorsqu’une porte-parole du Ministère des Affaires étrangères a décrit le rapport de la Commission indépendante des Nations Unies comme biaisé et penchant d’un seul côté comme d’habitude.

Le Ministre russe des affaires étrangères a insisté sur le fait que l’opposition syrienne doit prendre des mesures en faveur de négociations pour mettre fin à la crise, alors que le gouvernement syrien et la Russie se sont préparés à les faciliter. Lavrov a aussi réitéré que le peuple syrien doit décider lui-même de sa propre destinée, et que les interférences étrangères en Syrie sont inacceptables.

Les relations entre la Russie et les membres de l’UE au sein de l’OTAN se sont détériorées de manière significative, après que les parties en présence n’aient pu trouver d’accord sur le différend Russie-Union Européenne à propos du 3ème pack energétique lors d’un sommet Russo-Européen à Bruxelles en décembre 2012. (1)

Le sommet constitue l’opportunité la plus récente de traiter des questions centrales qui sont les racines de la crise syrienne, directement liées aux questions de sécurité énergétique compte tenu de la ferme opposition américano-israélo-qatarie contre la construction du gazoduc [iranien] PARS à travers l’Iraq et la Syrie vers la Méditerranée. (2)

Les tensions sont devenues palpables lorsque l’ambassadeur russe auprès de l’OTAN, Alexander Grushko, évoquant la sécurité énergétique, a

implicitement sous-entendu que l’OTAN percevait tout problème « comme un simple clou », juste parce qu’elle se considère elle-même « comme un marteau ». Les hauts diplomates russes ont depuis donné des signes indicateurs les uns après les autres, déclarant que les Usa ne sont pas exempts de responsabilités pour des actes terroristes en Syrie, simplement parce qu’ils ont déclaré qu’ils allaient cesser de fournir toute aide létale , tout en omettant de citer leur influence sur leurs alliés qui arment les insurgés. (3)

Les relations USA-Russie se sont tendues encore un peu plus lorsque le secrétaire d’Etat John Kerry, malgré les déclarations de diplomates, a accordé une aide supplémentaire de 60 millions de dollars à la fois à « l’opposition » politique et « l’opposition » armée, tout en négligeant le dialogue national en cours en Syrie. (4)

Les contacts entre la Russie et les USA ainsi que ceux de nombreux gouvernements de pays européens ont été depuis largement rétrogradés au niveau de simples représentants des ministres des affaires étrangères, et de chefs de cabinets ministériels. Les révélations, par un membre du secrétariat général du Parti National du Koweit, Faiçal Al-Hamad, qu’un accord secret en vue de diviser la Syrie en  plusieurs petits états avait été signé par un ambassadeur US lors du rassemblement des amis de la Syrie à Doha au Qatar, ont gelé de façon permanente les relations entre la Russie et le groupe USA-UE. (5)

Hier [NdT. mardi 12mars 2013], le Ministre russe des Affaires étrangères, se référant aux conséquences de l’intervention de l’Otan en Libye, a déclaré lors d’une conférence de presse à Londres, « Dans mon esprit, armer l’opposition est interdit par le droit international, et armer l’opposition syrienne contredit les principes du droit international. »

Lavrov a exprimé son espoir de voir l’opposition syrienne former une équipe chargée de négocier avec le gouvernement syrien, et il a ajouté, « le gouvernement et l’opposition doivent nommer 2 équipes en vue de négocier. Le gouvernement l’a fait, et nous attendons que l’opposition fasse la même chose. »

Lavrov a souligné qu’il était de la responsabilité des pays occidentaux de s’assurer que l’opposition forme une équipe de négociateurs et a déclaré « si leur but était vraiment de stopper le bain de sang dans le pays, ils n’auraient pas émis de conditions préalables à la négociation. »

La Russie a aussi critiqué la Commission d’enquête sur la Syrie dans des termes cinglants, la traitant de partiale, inéquitable, et biaisée comme d’habitude. La directrice adjointe du département de l’information du ministère des affaires étrangères russes, Maria Zarkhova, fut sur le point de rompre les règles de la courtoisie diplomatique lorsqu’elle déclara que « Le Rapport n’est pas objectif et n’est pas équitable, et le dernier document en date n’est pas une exception à la règle. »

La déclaration de Mme Zarkhova s’appuie sur des déclarations antérieures d’organisations pacifistes internationales. Le Réseau pacifiste italien de Rome, critiquant la Commission et son travail en septembre 2012, a utilisé presque les mêmes mots lorsqu’il a fourni un rapport détaillé sur les manquements et les mauvaises pratiques des Commissions. (6)

La porte parole du Ministère des affaires étrangères, Maria Zakhova, a souligné que la recommandation de la Commission, de déposer un référé sur la crise syrienne devant la Cour Pénale internationale, ICC, est tout aussi vaine qu’à contretemps, « la Russie n’a pas été la plus enthousiaste à soutenir la mise sur pied de la Commission », ajoutant que « néanmoins, nous avons coopéré avec ses experts pour clarifier notre position sur les événements en cours dans ce pays. »

Mme Zarkhova s’est aussi plainte de certains membres du Conseil de Sécurité de l’UE qui ont ignoré des déclarations écrites qui condamnaient les attentats terroristes (a) en Syrie, qui ont coûté la vie à des civils innocents. Mme Zarkhova a qualifié leur position de « biaisées » et marquée du sceau du 2 poids, 2 mesures. La porte parole du Ministère des affaires étrangères se référait, de façon plus précise, aux attentats à la bombe à proximité du siège du Parti Baas et de l’ Ambassade de Russie à Damas en début d’année. (7)

Le veto US au Conseil de Sécurité de l’ONU, contre la condamnation de l’attaque et du terrorisme sous toutes ses formes, a conduit le Ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov à rendre compte de la frustration du Gouvernement russe devant l’abandon du respect des règles suivies par la Conseil de Sécurité, selon lesquelles toutes les nations, sans exclusion, s’engagent à condamner le terrorisme, quels qu’en soient l’auteur, le lieu ou les motifs. Lavrov a déclaré « La Russie voit dans la position américaine le règne du 2 poids 2 mesures, et une approche dangereuse [lorsque nous constatons que] les américains s’éloignent des principes généraux consistant à condamner le terrorisme sous toutes ses formes. » (8)

Mme Zarkhova a aussi fait allusion à la règle du 2 poids 2 mesures des USA et de l’UE, en particulier concernant la Commission d’enquête, lorsqu’elle a déclaré « Ce qui surprend Moscou c’est que le rapport ne contient aucun appel à suspendre les sanctions économiques unilatérales imposées par certains pays et des organisations régionales contre la Syrie, malgré le fait que la Commission insiste sur leur impact négatif sur les « vies » des citoyens.

Tandis que les USA et l’UE ignorent dans les faits les protestations grandissantes de la Russie et continuent dans leur idée de financer et armer l’insurrection directement, au travers de leurs alliés membres du CCG, de la Turquie, ou par l’entremise de réseaux obscurs ou d’intermédiaires fantoches comme Saad Hariri ou Walid Joumblatt, la Russie continue d’appeler à un règlement pacifique de la crise et pour la cessation immédiate du financement et de l’armement des insurgés. La Russie continue de faire pression pour que les Usa et l’UE usent de leur influence sur l’ « opposition », pour la conduire à la table des négociations et pour faire cesser les violences. Une déclaration sur le site du Ministre des affaires étrangères aujourd’hui (NdT. mercredi 13 mars 2013), mentionne « qu’il n’y a pas d’alternative au règlement diplomatique de la crise syrienne ». Dans le contexte diplomatique actuel, cette déclaration signifie que la Russie n’est ni prête ni désireuse de concéder un pouce de terrain supplémentaire au vu de la dérive amorcée par les USA-UE vers l’anarchie au niveau international et la barbarie. Avec en face les USA-UE-Israel et leurs alliés qui s’acharnent à continuer leur projet de « remodelage du Grand Moyen Orient » (b) à tout prix, la diplomatie a atteint un niveau de gel permanent digne de la période de la guerre froide.

 

(1) Russia – E.U. Meeting in Brussels : Risk of Middle East and European War increased.

(2) Syria, Turkey, Israel and a Greater Middle East Energy War

(3) Russia´s Top Diplomats signal increased assertiveness regarding Syria, Africa and NATO

(4) Kerry after Friends of Syria Meeting clarifies, US determined to initiate World War III in Syria

(5) US – Russian Relations deteriorating as Kuwaiti Whistle Blower Discloses Secret Syria War-Plan

(6) Italian Peace Movement Criticizes Report of International Commission on Syria

(7) Massive Blast Near Baath Party Headquarters kills Scores, FSA threatens Hezbollah

(8) Lavrov : US Veto of UNSC Resolution to Condemn Damascus Blasts Indicates Double Standards

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