Syrie: que se passe-t-il à Yarmouk?
février 5, 2014
Syrie: que se passe-t-il à Yarmouk?
Interview de Mohammad Jalbout de la fondation NOUR
Tous les jours, les medias nous diffusent des images d’un camp de Yarmouk décimé par la famine. Il s’agit d’un camp palestinien de réfugiés à Damas. Nous avons contacté Mohammad Jalbout, un Syrien palestinien actif à Damas par le biais de la fondation NOUR, qui essaie d’apporter une aide humanitaire à Yarmouk et qui est en contact quotidiennement avec le camp.
Qui est responsable de ce terrible drame ?
Mohammad Jalbout: « La responsabilité est partagée. Il est vrai que l’armée syrienne encercle Yarmouk mais il ne faut pas sous-estimer le rôle des rebelles armées dans et aux alentours du camp ».
« Plusieurs fois, il a été tenté de parvenir à un accord avec les troupes armées retranchées dans le camp. L’initiative est venue de plusieurs mouvements palestiniens représentés dans le camp. Les autorités palestiniennes ont essayé de jouer un rôle médiateur. »
« Un accord écrit a été conclu par lequel les rebelles promettaient soit de quitter le camp, soit de laisser partir les habitants. Cependant, les rebelles n’ont pas respecté leur engagement. »
Pourquoi ne l’ont-ils pas respecté ?
« C’est tout à leur avantage d’empêcher ce genre d’initiatives car ils retirent des avantages politico-économiques de cette crise humanitaire ; des avantages économiques car ils peuvent établir des prix abusifs pour les biens alimentaires qu’ils vendent à la population du camp. Par exemple, un kilo de riz coûte, à l’heure actuelle, 50 euro. Ce marché lucratif est devenu un facteur important dans toutes les zones contrôlées par les groupes armés. »
« Parallèlement, les rebelles ont un avantage politique puisqu’ils peuvent imputer la responsabilité morale de cette catastrophe humanitaire au gouvernement qui devrait, en théorie, se charger des habitants du camps. »
« Plusieurs entrées et sorties du camp avoisinent d’ailleurs des régions contrôlées par l’opposition armée. Toutefois, celle-ci refuse de ravitailler le camp. »
Yarmouk est-il un sujet aux négociations de Genève II ?
« La coalition nationale syrienne, qui soutient représenter l’opposition à Genève, à demander de l’aide humanitaire pour Homs et certains quartiers de Damas, mais s’est tue quant au camp palestinien de Yarmouk. »
« Si je peux ajouter quelque chose, la situation à Yarmouk est terrible. Mais qu’en est-il des plus de 20 millions de Syriens, tous victimes des sanctions occidentales, d’une forme de blocus économique ? Ces sanctions ont été prises par l’Union européenne et d’autres puissances occidentales à l’encontre de toute la population syrienne car ces pays ne soutiennent pas le gouvernement syrien. Ils ont rendu l’accès à l’alimentation et aux médicaments de plus en plus compliqué et sont responsables de l’immense souffrance humaine en Syrie. »