Syrie: Washington pourrait déclencher un nouveau type de guerre totalement inédit
juillet 26, 2012
Lassé par l’inefficacité de tous les plans visant à faire aboutir la “révolution syrienne” dans l’acception néo-orientaliste des arabisants de Washington, le président Obama a fini par donner carte blanche à la CIA et le commandement des opérations spéciales sur le terrain. En parallèle, le Pentagone vient de se manifester au sujet de la crise syrienne en affirmant que toutes les options sont étudiés pour intervenir en Syrie conformément aux déclarations de Susan Rice, la représentante permanente des Etats-Unis d’Amérique aux Nations Unis. En d’autres termes en contournant le circuit légaliste des Nations Unis et agir en solo, comme au bon vieux temps du Far-West.
Cette campagne est relayée par Hillary Clinton, secrétaire d’Etat US, qui a évoqué à l’occasion d’une visite dans un musée de l’holocauste à Washington, le “devoir moral” des Etats-Unis d’Amérique d’intervenir dans des pays où les gouvernements ont failli à protéger leurs propres populations ou pour éviter des “génocides” et de citer ouvertement l’interventionnisme US en Libye et en Côte d’Ivoire.
Certains observateurs ont voulu voir dans cette nouvelle montée au créneau des ténors de l’administration Obama moins une réponse à l’affirmation par la Syrie de posséder des armes chimiques qu’une exploitation assez pernicieuse d’une thématique usée de la contre-prolifération des armes de destruction massive (ADM)
Toutefois, on oublie un peu vite que c’est Israël qui détient le plus grand stock d’armes chimiques et bactériologiques au monde. A côté des ses armes, Tel-Aviv entretient de manière délibérée depuis des années l’ambiguïté nucléaire sur son arsenal d’ogives atomiques: Si en 1987, l’expert Mordechai Vanunu annonçait au monde, à ses risques et périls, l’existence de 200 ogives nucléaires israéliennes, on peut supposer que ce chiffre a connu une nette hausse 25 ans après.
Depuis des mois, le Pentagone et la CIA (Central Intellignece Agency) travaillent sur des plans fort élaborés visant en premier lieu à empêcher par tous les moyens possibles et imaginables un débordement de la crise en Israël. C’est la ligne rouge absolue. Jusqu’ici, cet Etat est resté en retrait du tumulte en cours au Proche et au Moyen-Orient bien qu’il soit au centre et -si l’on croit les tenants de la théorie des complots- la cause de cette tempête. A cet effet, les forces armées américaines ont mobilisé l’ensemble de leur ressources technologiques pour pouvoir mener un nouveau type de guerre totalement inédit.
A Damas, on se fait plus d’illusion sur les intentions réelles des pays “amis de la Syrie”. On se prépare en conséquences. Le style du nouveau ministre de la défense, le général Fahd Jassem Al-Freij semble irrésistible. Sur le plan interne, les forces armées se battent avec acharnement sur tous les fronts contre l’armée syrienne libre (ASL) mais également ses alliés d’Al-Qaida fi bilad Shâm (Al-Qaida au pays du Shâm), Al-Qaida en Mésopotamie, une armée de volontaires salafistes de diverses nationalités et des militaires turcs déguisés en combattants de l’ASL leur infligeant des pertes élevées.
Près de 2800 combattants syriens et étrangers de l’ASL tués dans la contre-offensive de l’armée syrienne à Damas en moins d’une semaine, mettant en échec une répétition de la chute médiatique de Baghdad et de Tripoli. L’offensive de l’armée syrienne au sud-ouest a été telle que les combattants de l’ASL et les légions salafistes n’ont eu d’autres recours que de fuir et de se réfugier auprès des unités Golani d’Israël, poursuivis par les meilleures unités de l’armée syrienne, lesquelles n’ont pas hésité à tirer des obus en direction du territoire israélien.
A Alep où les turcs tentent de créer une zone libre avec l’aide d’agents de plus de 14 pays, l’ASL et les légions salafistes ont les plus grandes peines du monde à faire face au déluge de feu de l’armée syrienne dont les chefs sont profondément convaincus qu’ils sont en guerre avec Israël et son allié la Turquie et que les phases du conflit interne face à Al-Qaida et l’ASL ne sont que le prélude à une confrontation plus grande.
Sur le front externe, soutien accru et substantiel du front kurde contre Ankara malgré les rodomontades du premier ministre turc Tayip Reçep Erdögan de poursuivre les combattants du PKK en Syrie; restructuration des services de renseignement en unifiant sous une seule autorités les 39 agences de renseignement du pays; mise en alerte des unités stationnées au Golan; renforcement des unités déployées face à la Turquie, activation de la force de frappe balistique et mise à niveau de la défense aérienne.
La nomination du général Ali Mamlouk à la tête de la Sécurité nationale syrienne consacre un changement radical d’approche des questions liées à la sécurité nationale de ce pays puisque c’est lui qui supervise désormais avec rang de ministre l’ensemble des appareils sécuritaires syriens (renseignements de l’armée de l’air, la sûreté de l’Etat, la police politique, les cyber-unités, etc.). Il est secondé par le général Abdel Fateh Qodsya, le chef du renseignement militaire syrien. Cette démarche intervient moins d’une semaine après l’attentat terroriste ayant visé le 18 juillet quatre hauts responsables sécuritaires syriens et démontre la détermination du pouvoir syrien à se battre.
Mais la détérioration de l’économie syrienne, aggravée par l’adoption d’un nouveau train de sanctions par l’Union européenne limite la marge de manœuvre de Damas. Les syriens ont d’immenses difficultés à faire face à des mouvements de spéculation monétaire offensifs visant à provoquer une implosion de l’économie syrienne. C’est la raison pour laquelle les nouveaux chefs militaires veulent en finir au plus vite avec la rébellion tout en envisageant une guerre régionale avec au moins trois pays du voisinage immédiat. Ce que les Etats-Unis refusent absolument s’agissant d’Israël.
Pour Washington, cette nouvelle phase du Printemps arabe doit impérativement se terminer comme les autres phases avec les mêmes images, les mêmes icônes et le même cheminement médiatique. Pas question d’y inclure Israël. D’où la menace d’y intervenir directement en utilisant de nouvelles armes, de nouvelles tactiques et de nouvelles technologiques inédites. Car en cas d’intervention militaire contre la Syrie, le Hezbollah libanais sera certainement de la partie en lançant ses 45 000 missiles et roquettes sur le Nord d’Israël tandis que les unités militaires syriennes tenteront de forcer un passage en force dans le plateau du Golan en usant d’armes chimiques entraînant une riposte non conventionnelle israélienne. Un scénario inacceptable pour Obama.
La République islamique d’Iran qui se prépare intensivement à la guerre “ultime” depuis quelques mois, au point de distribuer à l’ensemble des soldats et officiers des différents corps des forces armées, des Gardiens de la révolution et des milices populaires une brochure intitulée “les Six derniers mois” dans laquelle elle exhorte les iraniens à se préparer à la guerre de la “fin des Temps” et la venue du Mahdi, restera t-elle à l’écart d’une attaque étrangère dirigée par les Etats-Unis, l’OTAN, Israël, la Turquie, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, Al-Qaida et les légions salafistes? C’est la grande inconnue. L’Iran est actuellement totalement encerclé par les armadas américaines dans le golfe arabo-persique, en Mer Rouge, En mer d’Oman, en Méditerranée orientale, en Mer noire, en Afghanistan et même en Asie centrale. De plus les installations sensibles iraniennes sont menacées avec le transfert en Israël de bombes spéciales US de type MOP GBU 57 A et la mise en place d’éléments du bouclier antimissile US en Turquie, en Jordanie et en Pologne.
Indubitablement, l’entrée en guerre de l’Iran en cas de guerre contre la Syrie sera le détonateur d’une conflagration généralisée, voire d’un nouveau conflit mondial. Or, des rumeurs persistantes et tenaces émanant de l’intérieur du Pentagone font allusion à une attaque contre l’Iran dans le chaos immédiat qui suivrait la chute de Damas. On en est pas encore là mais le monde a toutes ses raisons de retenir son souffle. L’année 2012 s’annonce fatidique au sens étymologique du terme.